ONU Femmes : Mettre fin à la violence à l’égard des femmes

Message de Michelle Bachelet, Directrice exécutive d'ONU Femmes

A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la Directrice exécutive d'ONU Femmes, Michelle Bachelet, a présenté le 23 novembre 2011 son programme politique pour mettre un terme définitif à la violence à l'égard des femmes. Il est axé sur trois piliers essentiels : la prévention, la protection et la fourniture de services clés.




La violence contre les femmes est pandémique mais des progrès énormes ont été réalisés. Aujourd'hui, 125 pays sont dotés de lois spécifiques qui sanctionnent la violence domestique, un acquis remarquable par rapport à la situation d'il y a à peine dix ans et l'égalité entre les femmes et les hommes est garantie dans les Constitutions de 139 pays et territoires.

Cependant, les femmes continuent à être victimes de violence. Des estimations révèlent que jusqu'à six femmes sur dix ont souffert de violence physique et/ou sexuelle au cours de leur vie, infligée dans la majorité des cas par leur maris ou partenaires.

Axé sur trois piliers essentiels — la prévention, la protection et la fourniture de services-clés — l'appel lancé par Michelle Bachelet exhorte les dirigeants mondiaux à mobiliser la volonté politique et l'investissement afin d'assurer aux femmes une vie sans violence.

Pour commémorer la campagne des 16 Jours d'activisme, qui débute mondialement durant la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, à laquelle des milliers d'activistes de communautés locales participeront, Michelle Bachelet présente les lignes directrices de 16 mesures d'actions concrètes pour mettre fin à la violence contre les femmes.

Parmi ces mesures figurent les points suivants:

-ratifier les traités et réviser les législations,

-fournir aux survivantes de violence un accès universel aux services d'urgence,

-mobiliser les communautés à travers l'éducation publique et les plaidoyers,

-engager les hommes, les garçons et les jeunes

-traduire les coupables en justice.

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Message de la Directrice exécutive d'ONU Femmes à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, 23 novembre 2011.


Quand j'étais jeune fille au Chili, un dicton populaire disait quien te quiere te aporrea : « Qui t'aime te bat ». Je me souviens avoir entendu une femme dire « C'est comme ça ». Aujourd'hui, à mesure que les sociétés deviennent plus justes, démocratiques et égalitaires, on assiste à une prise de conscience croissante sur le fait que la violence à l'égard des femmes n'est ni inévitable, ni acceptable. Une telle violence est de plus en plus reconnue et condamnée pour ce qu'elle est : une violation des droits de l'homme, une menace à la démocratie, à la paix et à la sécurité, et un lourd fardeau qui pèse sur les économies nationales.

Nous commémorons aujourd'hui la Journée internationale pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes. Nous pouvons être fiers des progrès réalisés au cours de ces dernières décennies. Aujourd'hui, 125 pays sont dotés de lois spécifiques qui sanctionnent la violence domestique, un acquis remarquable par rapport la situation d'il y a à peine dix ans. Le Conseil de sécurité des Nations Unies reconnaît désormais la violence sexuelle comme tactique de guerre délibérée. Et les avancées significatives qui se sont produites au niveau du droit international ont, pour la première fois, donné la possibilité de poursuivre les actes criminels de violence sexuelle pendant et après les conflits.

Mais n'oublions pas qu'il reste encore beaucoup à faire pour que l'espoir d'une vie sans discrimination ni violence devienne réalité. Au niveau mondial, 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n'est pas encore considérée comme un crime. Le niveau de la violence sexuelle demeure élevé en temps de paix comme de conflit. Le fémicide coûte la vie à beaucoup trop de femmes. Jusqu'à six femmes sur dix dans le monde sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles au cours de leur existence. Plus de 60 millions de filles sont des enfants mariées, et de 100 à 140 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales féminines. Plus de 100 millions de filles ont « disparu » en raison de la sélection prénatale en fonction du sexe du fœ,tus et de la préférence donnée aux garçons. Plus de 600.000 millions de femmes et de filles font l'objet d'une traite transfrontière chaque année, dont une grande majorité à des fins d'exploitation sexuelle.

Si la violence contre les femmes demeure l'une des violations des droits de l'homme les plus répandues dans le monde, elle demeure également l'un des crimes les moins poursuivis.

Bien que l'égalité entre les femmes et les hommes soit garantie dans les Constitutions de 139 pays et territoires, les femmes se voient trop souvent refusées toute justice et protection contre la violence. Cet échec n'est pas dû à une absence de connaissances mais plutôt à un manque d'investissement et de volonté politique pour ce qui est de répondre aux besoins des femmes et de protéger leurs droits fondamentaux. Il est temps que les gouvernements prennent leurs responsabilités à cet égard.

Avançons. Je propose un programme politique composé de 16 mesures concrètes, afin que des actions décisives soient prises en vue de prévenir, protéger et fournir des services essentiels pour mettre fin à la violence contre les femmes. La protection de nos mères, de nos sœ,urs et de nos filles exige un leadership et des ressources suffisantes, des lois efficaces et la poursuite des auteurs afin de mettre fin à l'impunité. L'engagement ferme des hommes et des garçons en tant que partenaires sur un pied d'égalité, prenant fait et cause en faveur de la tolérance zéro par rapport à la violence contre les femmes, est crucial pour assurer le succès. Il est possible de prévenir la violence en changeant les normes par le biais de l'éducation et des campagnes de sensibilisation publiques, en obtenant l'engagement des adolescents et des jeunes gens en tant qu'agents du changement, et en favorisant l'autonomisation et le leadership des femmes et des filles. Il est également urgent d'apporter aux femmes et aux filles victimes l'appui et les services qu'elles méritent et exigent.

ONU Femmes est le fer de lance d'une initiative mondiale visant à assurer aux femmes et aux filles un accès universel à un appui crucial dans les situations de violence. Au minimum, leurs besoins d'urgence et immédiats doivent être satisfaits par le biais de numéros d'urgence 24h/24, d'interventions rapides visant à assurer leur sûreté et protection, d'un logement sûr pour elles et leurs enfants, d'un soutien psychosocial, de soins après viol et d'une aide juridique gratuite leur permettant de bien comprendre leurs droits, leurs options et la manière d'accéder à la justice.

Avec ses partenaires à travers le monde, ONU Femmes œ,uvre à appliquer les promesses de la Charte des Nations Unies au niveau de l'égalité des droits des hommes et des femmes. Rassemblant tout le système des Nations Unies, la campagne du Secrétaire général des Nations Unies Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes permet de sensibiliser et de mobiliser les pays, les communautés et les individus, afin que des actions soient prises en vue de mettre fin à cette violation massive et systématique des droits de l'homme. Le Fonds des Nations Unies pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes appuie les groupes locaux et les stratégies novatrices, sauvant des vies et contribuant à mettre fin à l'indifférence, à l'inégalité et à l'impunité qui permettent à une telle violence de perdurer. Pour célébrer le 15ème anniversaire du Fonds d'affection spéciale, cette année, j'invite nos partenaires à contribuer à ce Fonds en vue de répondre à nos importants besoins non satisfaits à travers le monde.

La violence contre les femmes n'est pas uniquement une question de femmes. Elle a des effets négatifs pour chacun d'entre nous. Nous devons nous rassembler pour y mettre fin. En unissant nos forces, en prenant position contre la violence à l'égard des femmes, nous nous rapprochons peu à peu de la paix, de la justice et de l'égalité.


Par Nicole Salez
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