L’Âge d’or fait la fête en Hollande

Deux grandes expositions sont à voir en ce moment à Utrecht et à Haarlem, une bonne raison pour aller faire un tour aux Pays-Bas tout proches.

Vermeer à Delft, Rembrandt à Amsterdam, Jan Steen à Leyde, chacun des grands peintres hollandais est attaché à une ville. Souvent surnommé le Rubens du Nord, Bloemaert est moins connu mais tout aussi impressionnant. On peut le redécouvrir cet hiver à Utrecht, sa ville, dans une magnifique exposition au Central Museum. Un bon prétexte pour une plongée dans cette ville calme et charmante.

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Utrecht célèbre son peintre



Sûreté du dessin, couleurs vives et pastels, profondeur de l'espace, énergie des figures, les tableaux d' Abraham Bloemaert ont une identité distincte de celle des autres artistes de l'Age d'or.


C'est la première fois qu'une grande exposition est consacrée à Abraham Bloemaert.

L'un des attraits de l'exposition du Central Museum est la possibilité, en voyant ses dessins préalables et ses gravures en contrepoint aux tableaux, de comprendre la façon dont travaillait le peintre et de suivre la genèse et l'évolution de l'œ,uvre.

Bloemaert a surtout peint de grandes fresques religieuses, mythiques ou historiques, des scènes de genre, des paysages, des natures mortes. Influencé par la France, il séjourne de cinq ans à Paris, il est d'abord maniériste. Il allonge les personnages qu'il place dans des poses artificielles et il idéalise la nature. Il passe ensuite par une période dans le style du Caravage, influencé par certains de ses élèves qui revenaient d'un voyage en Italie, et il finit dans le plus pur classicisme.

Utrecht - Bloemaert : Joseph est ses frères


Sa palette originale rassemble de très belles couleurs vives et aussi pastels qui se complémentent l'une l'autre, jaune citron et mauve lilas, bleu pâle et rose. C'est peut-être ce qui frappe le plus lorsqu'on entre dans l'exposition.

Durant sa longue vie, il mourut en 1651 à 84 ans, il a eu plus de cent élèves dont trente trois sont encore connus. Il laisse plus de 1700 dessins, un record pour l'époque, 600 gravures et au moins deux cent tableaux, mais aucun portrait, genre qu'il considérait comme mineur.


Le musée de Sainte Catherine

Utrecht - Bloemaert : Les quatre pères de l’église


C'est au Musée de Sainte Catherine, à côté de l'église où Bloemaert est enterré, que se trouve un de ses plus beaux grands tableaux, Les quatre pères de l'église , qui a été acquis l'année dernière chez Sotheby's par le musée. Plus que tout autre, il expose la doctrine catholique, à une époque où la Hollande était officiellement protestante.

Alors que le ciel s'ouvre pour laisser descendre le Saint Esprit accompagné de « putti » qui volètent en présentant l'Évangile, les quatre ecclésiastes discutent sur le thème de l'Eucharistie. Devant St. Augustin habillé en évêque, St. Jérôme à demi nu parle à Ambroise, un autre évêque et au pape Grégoire. En arrière plan la Cène, mais Jésus est symboliquement caché par l'ostensoir et l'hostie. La petite histoire raconte qu'au dix-huitième siècle, ce tableau fut la propriété d'un évêque anglican qui fit disparaître l'ostensoir et les deux cierges, contraires à la doctrine anglicane.
Le tableau ne fut nettoyé et rendu à son sens d'origine qu'en 1983 !

L'effet Bloemaert, couleurs et composition à l'époque de l'âge d'or

À voir jusqu'au 5 février 2012 au Central Museum d'Utrecht


Les plaisirs d'Utrecht



Utrecht, au bord de l'eau


Avec ses belles maisons nobles dont les façades se reflètent dans l'eau immobile des canaux, la ville tranquille et harmonieuse,semble une belle endormie.

À l'écart du flot touristique, la ville n'en est que plus séduisante. C'est sur les canaux qui ont fait la richesse de son passé qu'il faut l'aborder en montant sur un des bateaux promenade qui en font le tour. Le vieux canal, artère principale de la ville depuis neuf siècles, a la particularité d'être très bas sous le niveau des rues qui le bordent et sous lesquelles sont construits les entrepôts par lesquels transitaient les marchandises. En bas, les berges plantées de beaux arbres certains très vieux, sont tranquilles et isolées des bruits au-dessus.

On peut y passer la journée en louant un pédalo ou une barque, sur un bateau mouche, ou sur un charmant bateau salon, avant de louer un vélo pour continuer la visite de la ville au son des cloches des nombreuses églises et de la cathédrale. Le clocher gothique de l'ancienne cathédrale détruite au XVII ème siècle par un ouragan, est le plus haut des Pays-Bas.

Utrecht possède aussi deux musées très originaux. Le Musée des Horloges musicales où l'on peut entendre une multitude d'instruments de musique mécaniques, carillons, orchestrions et autres boîtes à musique, automates, limonaires et orgues de Barbarie. Il y a même une page avec des vidéos pour les entendre.
On pourra aussi emmener ses enfants au Musée de l'argent où, avec son billet d'entrée qui comporte un code-barre, le visiteur peut jouer à des jeux permettant de gagner —, ou de perdre —, de l'argent.


L'âge d'or en fête à Haarlem



En ces temps de rigueur et de marasme en Europe, il fait bon se souvenir de l'âge d'or hollandais. Au dix-septième siècle, la Hollande est le berceau de ce qu'on appellera plus tard le capitalisme. La morale protestante prônait une vie sobre et simple, et promettait une récompense dans l'au-delà à ceux qui suivait ses préceptes et travaillaient dur. Il fallait faire des bénéfices non pas pour en profiter soi-même mais pour le remettre dans l'entreprise qui elle devait prospérer.

Comment interpréter alors, tous ces tableaux de banquets et de fêtes ? On a longtemps pensé qu'il s'agissait d'avertissements contre les effets de l'alcool, ou le relâchement des mœ,urs. Description ou prescription, la question n'est pas entièrement résolue. Et on peut trouver dans les sujets de ces tableaux, notamment les nourritures des métaphores édifiantes , le fromage par exemple , consommé par toutes les strates de la société, représenterait le thème de l'égalité.

La Hollande, grâce à sa position centrale dans le commerce des céréales était un pays où la vie était plus facile à l'époque que dans le reste de l'Europe et le Hollandais étaient connus, même avant l'âge d'or, pour leur amour des fêtes.

L'un des premiers peintres à traiter le sujet d'une façon très réaliste est Pieter Brueghel l'ancien dont deux tableaux dans l'exposition représentent des fêtes de village. On y voit des paysans qui dansent avec abandon, une liberté qui se retrouve dans d'autres tableaux comme ceux de David Vinckbooms qui représente, lui, les nobles élégants. Un très beau tableau aussi sur la danse est celui de Jan Steen le Couple qui danse . La danse est l'une des activités importante de l'époque et l'exposition permet de découvrir aussi l'Orchesographie, traité sur les danses, écrit en 1589 par un Français, Jehan Tabourot surnommé Thoinot Arbeau.

H aarlem - Frans Hals : le banquet des Gardes civiques


La nourriture était aussi un élément de solennité comme on le voit dans les grands portraits festifs de Frans Hals ou Cornelis van Haarlem, qui représentent de façon très réaliste les banquets des Gardes civiques.

L'exposition se termine par un éloge des « rhétoriciens » . Ces tribuns inspirés par la boisson, dont les processions et lectures de poésie étaient très appréciées, révèlent la tolérance de cette société qui savait travailler sans oublier son plaisir.

Celebrating in the Golden Age, au Musée Frans Hals, jusqu'au 6 Mai 2012.

Haarlem est aujourd'hui une sorte de faubourg chic d'Amsterdam, avec de jolies rues, des boutiques élégantes et quelques antiquaires intéressants. Il faut prendre le temps de s'y promener sans oublier d'entrer dans la cathédrale Saint bavon et de visiter, juste à côté, le récent musée d'art contemporain Den Hallen www.dehallen.nl/home/index/?language=en

Voir aussi l'éclectique Musée Teyler, avec ses cabinets de curiosités et de beaux dessins de Rembrandt, Ruysdael, Michel Ange, Raphaël ou Watteau...


Y aller avec le Thalys

Le Thalys ne va pas encore jusqu'à Utrecht ou Haarlem mais le changement à Amsterdam est facile et rapide.

Aller simple Paris-Amsterdam à partir de 35 euros en « Comfort 2 et 79 euros en Comfort 1 avec, pour cette dernière, un personnel de bord très attentionné, repas servi à la place, choix de journaux gratuits et accès Internet WiFi gratuit- Informations et Réservations : 08 92 35 35 36 (0,34€ la minute), boutiques SNCF et agences de voyages agréées.

Du 23 novembre au 18 décembre 2011 pour des voyages entre le 2 janvier et le 10 mars 2012, le billet aller simple en Comfort 2 est à partir de 29 Euros Tarifs . Disponibles sous conditions en gares comme en agences de voyages agrées, par téléphone au 3635 (dites « Thalys ») ou sur le site.

Dormir à Utrecht
Ancien monastère médiéval entouré de jardins, le Grand Hotel Karel V est le plus bel hôtel de la ville, à deux pas du centre.

Dormir à Haarlem
Hôtel Golden Tulip Lion d'Or
Un hôtel confortable à deux pas de la superbe gare de style Art déco, et à cinq minutes à pied du centre historique intact et magnifique.



Par Élisabeth Schneiter

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