Pour son cinquantième anniversaire, Amnesty International publie « Droits de regards », ainsi que «Amnesty International a 50 ans» et «Les enfants du monde racontent...»
Un avocat anglais, Peter Benenson, très impliqué dans la lutte pour les droits humains et le suivi des procès politiques, s'indigne et prend fait et cause pour deux étudiants portugais, incarcérés pour avoir trinqué dans un restaurant à la liberté. Il sont condamnés à 7 ans de prison par la dictature de Salazar. C'est en 1960.
Il réunit l'Irlandais Sean Mac Bride (prix Nobel de la Paix en 1974) et l'Anglais Eric Baker pour fonder un mouvement international de défense du droit à la liberté d'expression. Il signe une tribune, le 28 mai 61, dans le journal « The Observer », intitulé « Les Prisonniers Oubliés », appelant l'opinion publique mondiale à se mobiliser pour obtenir la libération de ceux qui sont détenus, torturés et exécutés pour leurs idées. Amnesty International est née. La section française voit le jour dix ans après, en 1971.
C'est donc un double anniversaire que fête cette année Amnesty International, les cinquante ans de l'association « mère » et les quarante ans de la section française. En 50 ans, l'association a fait du chemin. En 1977, elle reçoit le Prix Nobel de la Paix. Aujourd'hui, elle compte dans le monde 3 000 000 d'adhérents et sympathisants, est présente dans 150 pays. L'association publie , chaque année, un rapport qui est un état des lieux des droits de l'homme dans le monde. Mais en cinquante ans, la mission d'Amnesty International a évolué. Son champ d'intervention, initialement limité aux prisonniers d'opinion, s'est étendu à l'ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Pour fêter son demi-siècle, Amnesty France publie avec le concours d'Actes Sud un « Droits de regards » qui pointe tous les grands événements des dernières décennies, les heurs et les malheurs du genre humain en quelque sorte. Michel Christolhomme y rappelle opportunément les objectifs de l'association et commente les photos symboliques de l'état du monde, offertes par les grands noms du photojournalisme qui ont porté à la connaissance du monde les guerres oubliées, les injustices du quotidien, la misère, mais aussi les belles réussites à mettre au crédit des hommes.
La couverture est consacrée à l'une des plus belles victoires des hommes sur la barbarie et à à un héros des temps modernes, Nelson Mandela, qui, du fond de sa prison, a vaincu l'apartheid. Cette photo montre une affiche de Mandela à l'entrée de son township et des hommes juchés sur elle afin d'apercevoir en chair et en os leur héros. Mais l'envers de la médaille est sombre, prostitution enfantine en Thaïlande, génocide au Rwanda, enfants soldats ou encore enfants esclaves, guerres un peu partout sur le globe, exclus de nos civilisations opulentes, migrants de la misère, clandestins, peine de mort, rien n'est laissé dans l'ombre. En tout, cinquante neuf photos. L'ultime montre avec pudeur les violences faites aux femmes. Cela se passe à Toulouse, mais peu importe la latitude, les violences sont le lot commun des femmes partout dans le monde. C'est une manière de dire que Amnesty International a encore de longs jours devant elle.
Des lueurs d'espoir parsèment le recueil : Gandhi, théoricien de la non-violence, venu à bout de la colonisation britannique, Solidarnosc en Pologne, la chute du mur de Berlin en 1989, la révolte des athlètes noirs américains aux jeux de Mexico en 1968, autant d'événements positifs qui font avancer les droits fondamentaux.
Un regard par-dessus l'épaule pour se donner du courage. Car la tâche est immense. Que le monde serait vivable, si nous n'avions pas à dire « Longue vie à Amnesty ! »
- Droits de regards 1961-2011 : Amnesty International et les photographes
de Michel Christolhomme
Photopoche. Actes Sud. 12,80 €
- Les enfants du monde racontent... —, La Martinière - Prix : 15,90 euros - Un euro reversé à Amnesty International
- Amnesty International a 50 ans —, Le Cherche Midi - Co-écrit par Aurine Crémieu, journaliste et documentariste,
et Philippe Lefait, journaliste et producteur « Des mots de minuit » sur France 2 - Prix : 29 euros
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