Aujourd'hui, neuf femmes sur dix qui s'expatrient le font en tant que... conjointes. Une sur dix seulement s'expatrie en tant que collaboratrice. Pour la majorité des femmes du premier groupe, il s'agit d'une expérience très enrichissante sur le plan personnel mais qui reste beaucoup plus problématique sur un plan professionnel. En effet, pour partir à l'étranger, une femme sur deux cesse son activité. C'est ce qui ressort de l'étude sur l'expatriation féminine, menée par le cabinet de formation-coaching Expat Communication en 2010.
Des femmes jeunes et instruites
Les femmes qui s'expatrient sont jeunes pour la plupart (les tranches d'âges les plus représentées sont celles des 25-45 ans) et ont des niveaux d'études élevés. Les conjointes expatriées sont même davantage diplômées que les collaboratrices expatriées elles-mêmes !
La répartition des métiers est assez équilibrée avec des métiers exportables (commercial, technique, ressources humaines, marketing, finances), d'autres qui demandent des structures francophones (éducation, défense, comptabilité) et des métiers peu exportables (santé, juridique). Plus de la moitié de ces femmes ont déjà vécu une expatriation.
Un fort investissement affectif et personnel
Les conjointes d'expatriés, qui souvent mettent entre parenthèse leur propre carrière professionnelle, investissent fortement leur projet sur les plans affectif et personnel : attentes fortes face au couple, enrichissement personnel avec la découverte d'une nouvelle culture, meilleur niveau de vie, renforcement de la cellule familiale...
Elles expriment des inquiétudes concernant la santé (conditions de prise en charge dans le pays d'accueil), la perte d'emploi, de points retraite, de statut et aussi d'image de soi, notamment vis-à-vis de leur conjoint. Beaucoup redoutent en effet d'être une «femme au foyer», ce qui témoigne de la mauvaise image que peut avoir la femme inactive aujourd'hui, y compris au cœ,ur de la cellule familiale. La séparation des proches, famille et amis, est également redoutée.
L'expatriation vécue en majorité comme une réussite
Sur place, les réponses au questionnaire témoignent d'acquis positifs sur le plan personnel avec la découverte de soi, d'une autre culture, de nouvelles activités et la redéfinition d'objectifs personnels. Mais 62 % ressentent l'éloignement de leur famille et amis, qu'elles compensent par le développement d'une vie sociale intense entre expatriées. Attention : la vie de couple peut être enrichie ou mise en danger lors d'une expérience de vie à l'étranger , mais 85 % des réponses témoignent que l'expatriation a été une réussite sur ce plan. Globalement, 86% de ces femmes voient leur expatriation comme une réussite pour leur enrichissement personnel.
Mais les constats d'échecs, peu nombreux, existent, comme un retour imprévu avec divorce à la clé et obligation de repartir à zéro professionnellement...
Une rupture professionnelle
Sur le plan professionnel, ces femmes démarrent leur aventure par une rupture, puisque 67 % travaillent au moment de leur départ : 48 % démissionnent, 22 % posent un congé sans solde. Les premiers temps de l'expatriation sont donc consacrés à la recherche d'un nouvel équilibre personnel et d'une nouvelle place, familiale et sociale. Le conjoint suiveur étant le plus dépourvu de cadre, il doit reconstruire une légitimité en dehors du travail et utiliser ses ressources internes pour restructurer son cadre de vie. Il ressort des témoignages qu'une préparation de cette période est profitable.
Sur place : des expériences professionnelles très diverses
Concernant la reprise d'une activité professionnelle, 41 % des conjointes expatriées déclarent ne pas pouvoir travailler, en raison notamment du type de visa obtenu en tant que conjoint. Mais il semble que beaucoup de femmes partent sans information précise à ce sujet. 22 % ont répondu qu'elles ne souhaitent pas travailler, et 38 % cherchent un travail sur place. Elles se heurtent dans ce cas aux réalités du terrain.
Ainsi, 9 % seulement trouvent un travail en adéquation avec leur carrière, 35 % s'adaptent au marché local avec beaucoup de postes dans l'enseignement, et 39 % travaillent en libéral, en indépendantes ou en créant leur entreprise. Elles poursuivent leur précédente activité (graphiste free-lance...) ou s'adaptent aux besoins locaux (coach, soutien scolaire, cours de langue, de sport, traduction...). Enfin, 9 % se forment à un nouveau métier et le pratiquent.
63 % considèrent que l'expatriation n'est pas une réussite sur le plan professionnel, et beaucoup s'investissent dans la vie associative (74 %) et le bénévolat (44 %).
Le retour est une grande source d'inquiétude souvent exprimée car associé à un fort niveau de stress : 43 % ne souhaitent pas rentrer en France. Là encore, la préparation est essentielle, or 40 % seulement ont gardé contact avec leur entreprise et leurs réseaux en France.
10 % d'expatriées «professionnelles»
Les collaboratrices expatriées, encore très minoritaires (10 %), sont jeunes pour la plupart, et pas encore stabilisées sur le plan affectif, donc plus fragiles. Elles ont en majorité entre 25 et 35 ans, dont 65 % de célibataires. Dans ce dernier cas, elles peuvent connaître un fort sentiment de solitude au début de leur expatriation, surtout si elles ont omis de préparer les conditions de leur séjour. Il est également intéressant de remarquer que pour 73 % de ces femmes, le réseau social qu'elles développent sur place est surtout composé de locaux, notamment par le biais de connaissances formées sur leur lieu de travail.
Les mentalités autour des dynamiques d'expatriation au féminin doivent être transformées afin que la société puisse intégrer ces nouvelles donnes et s'y adapter. Une meilleure évaluation et préparation d'une expatriation peut permettre une réduction des coûts tant matériels que psychiques parfois payés par la conjointe accompagnatrice, la collaboratrice ou encore l'entreprise.
• Formations pour les conjoints
• Ateliers pour les enfants et adolescents
• Coaching pour les conjoints et les collaborateurs
• Formations pour les gestionnaires de la mobilité
-Site internet : expatcommunication.com/CorpoServices.php
-Le site www.permitsfoundation.com favorise l'accès à l'emploi des conjoints d'expatriés. On trouve sur ce site les accords entre les pays et les modalités d'obtention du visa de travail.
Les accords CINDEX du centre interentreprises de l'expatriation permettent aux salariés d'entreprises signataires de bénéficier de congés sans solde destinés à lui permettre de quitter son pays d'origine sans obligation de rompre son contrat de travail. 25 grandes entreprises ont signé cet accord pour faciliter la mobilité internationale de leurs collaborateurs.
-site internet www.cindex.asso.fr
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