En bordure de l'océan atlantique, à 25 kilomètres de Lisbonne, la Côte d'Estoril est au Portugal ce que la région de Cannes est à la France : une riviera chic et ensoleillée, riche d'histoire et pleine de ressources. si près et si loin de Lisbonne, juste une vingtaine de kilomètres de frange littorale entre Carcavelos et la plage de Guincho, tandis que plus au nord s'étend le parc naturel de Sintra —, Cascais... La côte du soleil est une région où il fait bon venir passer des week end ou des vacances.
Une balade à Sintra
Dans l'arrière pays, séparé de l'océan par le parc naturel, le village de Sintra est lumineux et chargé d'histoire. Au cours d'une balade au fil de ses ruelles escarpées, on découvre des églises, des maisons bourgeoises, des fontaines. Promenade d'une fontaine mauresque à un atelier d'artiste, d'une église gothique à une placette ombragée, d'un belvédère à une autre fontaine, romantique celle là, et couverte d'azulejos.
Le Palácio Nacional de Sintra est l'orgueil de la petite ville. Ce palais royal médiéval, le mieux conservé du Portugal, est reconnaissable de loin à ses deux cheminées coniques jumelles. Bâti sur les fondations d'un palais arabe, il fut construit en deux phases, au début du 15ème siècle puis au 16ème. Splendides plafonds peints, pièces de mobilier d'époque peintures et objets précieux méritent la visite, mais le point d'orgue reste sans conteste la superbe collection d'azulejos mudéjar, qui est la plus importante au monde.
Le Palais de Pena vous en met plein les yeux !
De loin, les tours crénelées rouge et jaunes du Palais de Pena émergent de l'océan de verdure d'un parc de quelque 200 hectares planté d'essences venues du monde entier. Monument emblématique de la période romantique du XIX au Portugal, le château est un fantaisiste délire d'architecte, un composite des plus beaux monuments portugais, ce qui donne un résultat pour le moins ...surprenant.
Prenez tous les néo, néogothique, néomudejar, néobaroque, néo Manuélin (aux motifs marins en hommage aux grandes découvertes maritimes du XVI), saupoudrez d'une touche d'art déco, rajouter une palette de couleurs vives, et vous obtenez l'improbable Palais de Pena, une prouesse architecturale qui a valu au monument d'être classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Bâtie sur plusieurs niveaux autour d'un ancien monastère de moines hiéronymites du XVI, la résidence des derniers rois du Portugal, offre dès le féroce triton allégorique du portique d'entrée, une réjouissante visite.
Diplomé de Cabo da Roca, le point le plus occidental de l'Europe
La somptueuse côte rocheuse est ponctuée de forts à la façon de Vauban construits en étoile.
À l'extrémité occidentale d'une frange de falaises escarpées se dessine le Cabo da Roca, au cœ,ur de la serra de Sintra. Depuis 1772, le phare chapeauté de rouge domine l'océan à 140 mètres d'altitude.
Autrefois, les marins venaient au Cruzeiro, au calvaire, chercher la bénédiction du ciel avant d'entreprendre les difficiles traversées transatlantiques. Aujourd'hui ce sont les touristes qui viennent s'y faire photographier en foule. Le vent balaie avec conviction le cap chargé de brumes marines, la mer s'écrase en vagues vigoureuses au pied de la falaise dans un bruit permanent de ressac.
Vous êtes ici à l'endroit « où finit la terre et où commence la mer », au point le plus occidental du vieux continent. Pour faire immortaliser votre passage, vous pouvez obtenir un certificat dument scellé au bureau du tourisme local en bas du phare. En fin de journée, rien de tel que de déboucher une bonne bouteille de vin cuit local pour célébrer un apéritif face à la mer, dans un des points emblématiques du Portugal.
Estoril et Cascais, terre d'exil des têtes couronnées
Sa neutralité durant la seconde guerre mondiale valut au Portugal d'être un refuge pour les têtes couronnées bannies de leur pays tels Umberto II d'Italie ou le comte de Barcelone. C'est ainsi que la riviera portugaise se forgea une solide réputation dans les milieux de la jet set.
Le petit village de Cascais, avec son port, ses plages et ses rues étroites bordées de boutiques et de restaurants n'a rien à envier aux meilleures stations balnéaires touristiques.
Un arrêt chez Santini, le glacier incontournable, une véritable institution fréquentée par les têtes couronnées et la jet set dès les années 1940. Si le décor comme la carte des glaces et sorbets s'est modernisée, la qualité est toujours au rendez-vous, comme en témoigne la file d'attente des amateurs.
La promenade de bord de mer longe le port où se balancent barques de pêche et voiliers de plaisance et les plages de Cascais, et rejoint Estoril. Tout au long se succèdent des terrasses de bars et de restaurants, autant de tentations pour faire une pause au soleil.
Séparé de l'océan par la ligne du chemin de fer, l'Hôtel Atlantico dresse son austère façade typique des années 40. Et pour cause, les espions allemands sans doute séduits par son architecture quasi mussolinienne, l'avaient choisi comme QG. Mais ses heures de gloire sont derrière lui, l'hôtel Atlantico a fermé depuis 5 ans et l'édifice n'abrite plus désormais que des bureaux.
Juste derrière, le restaurant Cimas s'abrite dans une très vielle demeure bourgeoise dont il a conservé tout le cachet. Là aussi l'histoire a laissé son empreinte : dans les années 40, c'était l'English Bar, une taverne tenue par l'espion britannique Bass, et les rencontres interlopes y allaient bon train.
Plus tard, ce fut la table de prédilection des nobles exilés. On y déguste une roborative cuisine de gibier à plumes, bécasses et perdrix, ou de poissons et fruits de mer, par exemple une « cataplana », typique ragout de poissons et de fruits de mer, dans un élégant décor qui ne semble pas avoir bougé d'un iota depuis des lustres.
L'hôtel Palácio, un joyau de la Riviera d'Estoril
Pour se replonger dans l'atmosphère de l'époque, direction le bar de l'hôtel aux allures de club british pour siroter un dry martini, l'emblématique cocktail de 007. Le concierge se souvient avec nostalgie de l'époque où le comte de Barcelone investissait chaque dimanche soir une table au coin du bar pour échanger avec des opposants au régime de Franco. Dans un long couloir devenu le Hall of Fame de l'hôtel, des photographies anciennes en noir et blanc immortalisent les fêtes et réceptions des têtes couronnées. Les temps ont changé mais le Palácio reste le Palácio...
Le plus grand casino d'Europe
Plus tard, c'est vers le Casino d'Estoril qui scintille de tous ses feux, qu'il convient de se diriger. Le vieux casino qui inspira le roman Casino Royale à Ian Flemming a cédé la place à un complexe high tech. Point phare de la vie nocturne, racheté par le Chinois Stanley Ho qui règne sur l'enfer du jeu de Macao, c'est le plus grand casino d'Europe. C'est le lieu où vous initier à la banque française, un jeu de dés typiquement portugais. Machines à sous, tables de jeux, salles réservées aux gros joueurs, restaurants, bars et orchestre... mieux vaut venir avec un porte monnaie bien rempli !
La Casa das historias Paula Rego, un voyage pictural au pays des fantasmes
La maison des histoires de Paula Rego découpe les arêtes aigues de ses deux pyramides étêtées dans le bleu du ciel de Cascais, entre les pins. Signé par l'architecte portugais Eduardo Souto de Moura qui vient de recevoir le prix Pritzker, le 'Nobel de l'architecture', l'édifice de béton brut couleur terracotta affirme d'emblée son caractère et celui de cette peintre majeure du Portugal, plutôt méconnue en France.
La verve narratrice de la peintre, qui est une dessinatrice et une coloriste exceptionnelle, est truculente jusqu'à la provocation, déconcertante jusqu'à en être dérangeante, mais jamais exempte de talent.
10h - 22h00 / Entrée Gratuite
Av. da República, 300, Cascais
www.casadashistoriaspaularego.com
Par Catherine Bardon
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