« Asie-Europe », Art textile contemporain, à Angers.

Jusqu'au 13 novembre 2011, le musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine présente « Asie-Europe », une exposition d'art textile contemporain, qui rassemble et croise une trentaine d'œ,uvres de 21 artistes européens et asiatiques provenant de plusieurs pays : Japon, Corée-du-Sud, Allemagne, France, Luxembourg, Belgique et Italie.



L'exposition, créée en 2009 à l'initiative des artistes Erny Piret et Kakuko Ishii, est présentée pour la première fois à la Biennale de Kaunas en Lituanie. Elle a ensuite été accueillie au musée du textile de Krefeld en Allemagne, avant de s'installer à Angers cet été.

Erny Piret et Kakuko Ishii se sont rencontré lors de concours internationaux et ont réuni chacune autour d'elle un collectif d'artistes dynamiques qui expose dans des galeries et des musées d'Europe et d'Asie.

L'exposition crée un espace favorisant les échanges artistiques entre deux civilisations. Elle a aussi pour but de donner une tribune à des artistes talentueux, issus de générations différentes, et de présenter leurs travaux récents (2006-2011). Leur environnement social et naturel, leur mode de vie, leurs rencontres, leur formation, leur personnalité sont multiples et constituent autant de facteurs qui conditionnent leur création.

Par héritage traditionnel et culturel, la tapisserie a une place dominante dans la formation et le travail des créateurs européens, contrairement aux asiatiques, qui ont développé des formes variées et très riches d'art textile. Depuis les années 1960, les expositions internationales ont favorisé la rencontre entre les artistes issus du mouvement «Fiber Art»

*Mouvement international né dans les années 60, qui voit l'émergence d'artistes dont la pratique artistique met en avant les matériaux utilisés, les installations, une expression abstraite et conceptuelle.
, et la découverte de techniques et matériaux. Par exemple, Marika Szaraz, d'origine hongroise, s'inspire de la philosophie zen en inventant un tissage original, alors que les japonaises Haruko Honma et Koko Shimomura empruntent des techniques européennes dans leurs créations.

A Angers, un parcours thématique met en exergue, à la fois la créativité de chacun et aussi les rapprochements et emprunts d'un continent à l'autre. Le visiteur pourra découvrir de véritables sculptures tissées et textiles, monochromes et abstraites.

En écho à l'exposition, une vingtaine d'œ,uvres d'artistes du mouvement Fiber Art , issues des collections du musée de la tapisserie contemporaine, sont présentées au public.



De Fuoka à Angers, tapisserie et art textile d'aujourd'hui à Angers

(Extraits)
Par Françoise de Loisy


Angers et le Japon


Le « Chant du monde » de Jean Lurçat

La présence de la monumentale tenture du « Chant du monde » de Jean Lurçat à Angers avec, en particulier, la tapisserie de « L'homme d'Hiroshima », participe à créer un climat de relations continues avec le Japon. C'est ainsi qu'à la fin des années 90, Miho Cibo-Shimma, guide interprète japonaise, se passionne pour la tenture. Elle devient le porte-parole et l'une des organisatrices de l'exposition du « Chant du monde » au Japon au musée d'Hiroshima et au musée d'art contemporain de Gunma en 1999. Des contacts très fructueux s'engagent alors entre les équipes municipales japonaises et angevines.

Le festival d'Anjou de 1976

Aux musées d'Angers, les contacts avec le Japon existent depuis le deuxième festival d'Anjou en 1976. Deux expositions, l'une de kimonos, « Kimonos japonais/Japon tradition vivante » est présentée au musée des Beaux-Arts, l'autre de textiles japonais contemporains « textiles japonais d'aujourd'hui » au musée Pincé.

C'est à cette époque, qu'entre dans les collections du musée l'œ,uvre de Toshiko Horiuchi « Arcades » que cette dernière a réalisée lors des ateliers de création textile à l'abbaye du Ronceray. Cet atelier est dirigé par les artistes Pierre Daquin, Daniel Chompré et François Garotte. Toshiko Horiuchi fait partie des dix artistes invités par le festival pour cet atelier et dans lequel chaque artiste crée une œ,uvre.

Les Triennales Internationales de mini-textiles

Il faut attendre 1994 pour revoir des créations textiles d'artistes japonais à Angers, grâce aux triennales internationales de mini-textiles. Leur présence y est toujours forte et régulière. En 2005, parallèlement à l'exposition « Jardins réduits », le musée présente une exposition de mini-textiles japonais « Art Shibori/Formes en expansion », proposée par l'association de textile contemporain du Japon, qui s'inscrit dans le programme d'un colloque international, à Tokyo, sur l'art Shibori.

Une collection suisse à Angers

En 2003, la présentation d'une sélection d'œ,uvres de la collection suisse Toms/Pauli permet de présenter un des chefs de file de la « Nouvelle tapisserie » japonaise : Naomi Kobayashi. Les œ,uvres données par les artistes, suite à leur participation à la Biennale Internationale de la tapisserie à
Lausanne ont permis de constituer cette collection de tapisseries et d'art textile contemporain exceptionnelle. Machiko Agano et Kiyomi Iwata, artistes japonais, étaient également dans cette sélection d'œ,uvres pour Angers.


La 12ème Biennale Internationale de la Dentelle/Art contemporain de Bruxelles


En 2007 le musée de la tapisserie contemporaine d'Angers participe et accueille une exposition organisée par une association belge à Bruxelles. Trois artistes d'Extrême-Orient ont été sélectionnés : Yoko Kataoka, Tomyo Hiraiwa du Japon et Nithikul Nimkulrat de la Thaïlande. Cette exposition comme les précédentes à Angers, permettent de faire comprendre combien les artistes japonais sont liés à l'histoire de la tapisserie et de l'art textile contemporain.


Petit historique de la tapisserie et de l'art textile japonais contemporain

En effet, dès la première Biennale Internationale de la tapisserie à Lausanne en 1962, les artistes japonais sont présents avec des tapisseries tissées d'après les cartons des artistes. Ils le sont également lorsque se révèle le mouvement de la « Nouvelle tapisserie » dans les années 70.

Leur place devient incontournable et reconnue en 1977 lors de la 8ème Biennale de Lausanne lorsque 12 artistes japonais sont sélectionnés... Les œ,uvres japonaises (tapisseries murales, œ,uvres spatiales ou posées à même le sol, monumentales ou miniatures) frappent par leur rigueur, leur puissance architecturale, leur fraîcheur, leur raffinement et leur poésie. A la grande diversité du vocabulaire formel s'ajoute le respect profond du matériau, l'utilisation des techniques les plus diverses, un travail très soigné. S'il est évident que le Japon n'échappe pas aux influences internationales, il est aussi vrai que les artistes japonais ont su trouver très rapidement un langage qui leur est propre. Les musées japonais montrent leur intérêt pour l'art textile. Le musée d'art moderne de Kyoto présente deux expositions qui font date en 1976 et 1977 : « Fiber Works Europe and Japan » et « Fiber Works American and Japan ». Elles font connaître sur le continent nippon le mouvement international de la « Nouvelle tapisserie » sans a priori sur cet univers textile, qui sort de son ghetto d'art décoratif et entre de plain-pied dans le domaine prestigieux des arts plastiques. Les contacts entre les artistes se multiplient, certains d'entre eux s'installent longuement sur le continent européen ou américain...


L'exposition « Asie-Europe/art textile contemporain » à Angers

C'est la suite de cette aventure qui se déploie à nouveau sous nos yeux, cet été, au musée de la tapisserie contemporaine d'Angers. Les artistes se rencontrent, voient leurs œ,uvres mises en espace dans les différents lieux (Kaunas, Krefeld, Angers). Ces échanges sont riches et fructueux et les artistes savent s'en nourrir. On a vu, que, très tôt, dès les années 60, les artistes japonais adoptent la tapisserie murale et figurative d'origine européenne. Bien sûr, ces œ,uvres sont nourries par les religions et l'imaginaire japonais.

L'abstraction

L'abstraction qui arrive petit à petit dans l'art des années 70, est toujours d'actualité en 2011 en Orient comme en Occident. En fait, les deux courants, figuratif et « abstrait », se côtoient aujourd'hui dans l'art. Pour « Asie-Europe », c'est la tendance abstraite qui est mise en avant. Cela constitue un ensemble visuel très cohérent et esthétique.


L'idée de nature


La présence très forte de l'idée de la nature est exprimée par la majorité des artistes. Nature végétale, animale et minérale. Ce sont des bouleaux, du gui (Marie-Noëlle Fontan), de la nacre des coquillages (Nobuko Hiroi), des coques ou des carapaces (Federica Luzzi), des paysages réels ou idéalisés (Yoshio Ikezaki, Kakuko Ishii, Mitsue Ito, Marialuisa Sponga, Marika Szaraz, Jo Young- Hee)... Les quatre éléments soufflent à travers cet univers pour exprimer ce difficile équilibre (Yasuko Iyanaga, Erny Piret, Rieko Yashiro). Cette idée de nature est renforcée par l'utilisation de matériaux naturels dans la création de la plupart des artistes de l'exposition. Ainsi, le papier, inhérent à la culture japonaise est présent dans les œ,uvres de Yoshio Ikezaki, Kakuko Ishii, Kim Jung-Ju, Kumiko Kuroda, Hidemasa Sakihama, Marialuisa Sponga ou Rieko Yashiro. Le lin, le coton, le chanvre, la laine, la soie, le sisal, le crin sont des alliés précieux pour exprimer cette idée de nature, matériaux « anthropologiques » dont les mouvements d'avant-garde textiles se sont emparés depuis les années 70. De même les techniques de fabrication des œ,uvres concourent à renforcer ce lien nature/homme. [...]


Le rôle de l'homme dans son environnement


Comment l'homme trouve t-il sa place dans cet univers ? Est-il un prédateur, est-il un allié ? L'homme peut détruire et reconstruire « Reconstruction » (Kim Jung-Ju). Il peut intervenir sur notre mental par des manipulations dangereuses « Manipulation du cerveau » de Ken Kagajo ou « Archetype » de Wang Kyung-Ae qui montre une vision de notre mental selon le psychanalyste Jung. Il peut envahir notre environnement comme les souris inquiétantes de Kumiko Kuroda , ces souris ambiguës sont porteuses d'espoir, de rencontres et de contacts entre les hommes, elles « polluent » néanmoins notre univers. Il y a ce même message positif et conflictuel dans les œ,uvres d'Erny Piret (« Connexions », « Piquant », « Plié ») qui évoquent les relations entre les humains ouvertes, fermées, agressives ou en réelles connections. [...]


Un singulier parcours dans l'ombre de la création textile

(extraits)
Par Erny Piret

Née le 11 septembre 1940, je suis issue d'une famille au sein de laquelle une grande curiosité pour les arts plastiques était partagée par tous. Une formation de pastelliste à l'académie de St. Gilles (Bruxelles) dans l'atelier de Marcel Verhofstadt s'imposait donc tout naturellement. Je me suis épanouie dans cette voie.

La visite de la « Biennale internationale de la dentelle art contemporain » de Bruxelles a été un tournant important dans ma vie artistique. J'ai découvert un art peu connu mais magnifique et je voulais, par voie de conséquence, absolument me familiariser avec cette discipline riche et créative. Croiser des fils, les torsader, les tresser, les mélanger, les passer dans le chas d'une aiguille sont des passions inégalables. Le toucher et la transformation des matières sont des moments de bonheur. [...]
Ma volonté d'aider spontanément les artistes m'a rapprochée des organisateurs de manifestations et des conservateurs de musées ce qui m'a permis d'organiser à mon tour une exposition internationale. J'ai appris ainsi les desiderata des artistes et les impératifs des institutions qui accueillent leurs œ,uvres. [...]


Si loin et si semblable


Kakuko Ishii et moi appartenons à des générations différentes, nos cultures sont différentes, nous avons un style de vie et des formations différents, nous habitons des continents différents. [...]

Ceci est le récit d'une amitié naissante, qui s'est affirmée et qui dure depuis sept ans. Kakuko et moi, nous avions toutes deux besoin de poursuivre nos contacts au-delà de la triennale. Il s'en suivit des échanges sur l'art textile avec des photos d'œ,uvres d'artistes japonais, coréens et européens. Aujourd'hui, nous partageons nos peines et nos joies avec attention et discrétion.

«Fiber Work» International Exchange

Kakuko Ishii décida de fonder un groupe d'artistes amis, dispersés dans l'archipel nippon. Pour les réunir, elle projeta une exposition à Fukuoka, la ville où elle réside. Kakuko Ishii m'invita à y participer et me demanda si je connaissais des artistes européens qui pouvaient également y prendre part. De ce fait, je décidais à mon tour de fonder un groupe d'artistes européens.

L'exposition « Fiber Work International Exchange » dont Kakuko Ishii fut le commissaire eut lieu du 27 septembre au 5 octobre 2008 au Fukuoka Asian Art Museum. Simultanément fut présentée l'exposition d'artistes plasticiens japonais et américains « Japan - U.S. Artist international Exchange ». Cette exposition fut également dirigée par Kakuko Ishii. [...]

ASIA-EUROPE - Evénement satellite de la Biennale de Kaunas

Un grand défi s'offrait à moi. Organiser seule une exposition avec 21 participants en provenance d'Europe et d'Asie, sans soutien financier, logistique et administratif. J'ai envoyé une documentation très fournie avec des explications précises concernant le concept de l'exposition à plusieurs musées. La direction de la Biennale de Kaunas fut tout de suite enchantée. Les négociations se déroulèrent sans le moindre problème. On nous proposa une exposition satellite lors de la Biennale 2009 dans la galerie Balta, le siège de la guilde des artistes du textile, un des centres culturels le plus dynamique de Kaunas, situé au cœ,ur de la ville historique. Le succès fut au rendez-vous, il y eut plus de 10.000 visiteurs !

Seulement 6 des 29 œ,uvres présentées au Asian Art Museum furent exposées à Kaunas et à Krefeld. Les raisons de cette nouvelle sélection pour les expositions en Europe furent multiples. Il fallut tenir compte des possibilités offertes par le lieu de notre première exposition, en l'occurrence la galerie Balta, et une harmonie dans le choix des œ,uvres s'imposait.

Il fallut exposer une œ,uvre de tous les artistes participants à l'exposition de Fukuoka. Pour certaines de celles-ci, présentées au Japon, le transport et la présentation dans la galerie Balta étaient problématiques. De plus, certains artistes exprimaient le désir d'exposer une œ,uvre plus importante, tandis que d'autres désiraient présenter une de plus petites dimensions suite au coût de transport. Pour terminer, certains artistes, n'ayant pas participé à l'exposition de Fukuoka, rejoignirent la Biennale de Kaunas.
tout ceci justifia une nouvelle sélection des œ,uvres. [...]

Les artistes japonais

Je suis en admiration devant leur enthousiasme, leur détermination et leur courage. Ils s'investissent à cent pour cent dans ce qu'ils réalisent et sont avides d'apprendre. Ceux qui n'étaient pas retenus au Japon par d'impératives raisons sont venus à Krefeld... Volontaires tout en sachant trouver un compromis au moment voulu, les artistes japonais ont le sens du respect du groupe, des décisions prises et de la reconnaissance. Ainsi, Keiko Kawashima, la célèbre galeriste de Kyoto, eut l'élégance de se déplacer jusqu'à Krefeld à l'occasion du vernissage en souvenir de notre collaboration lors de la triennale de tournai...

Les artistes européens

Les artistes européens ont énormément de talent, mais l'absence de moyens financiers et de lieux d'exposition adaptés ne leur permettent pas toujours de mettre leurs qualités artistiques en avant... Ces artistes sont souvent méconnus du grand public. Ils ont des difficultés pour s'approvisionner en matières premières.

La majorité des artistes européens expose dans le monde entier. Leur talent est indéniable. Leurs connaissances techniques et leur créativité ne seront en aucun cas occultés par les réalisations asiatiques de cette exposition. Nous pouvons ainsi être fiers de l'art européen.



- D'un continent à l'autre : Influences ?
- Questions à Marika Szaraz et Wang Kyung-Ae

Les rencontres entre artistes textiles européens et asiatiques se sont renforcées à partir des années 1960 et ont
favorisé, de part et d'autre, la découverte de techniques, matériaux, philosophie et esthétique différents.

Marika Szaraz

Le parcours artistique de Marika Szaraz témoigne de ces échanges entre Europe et Asie. Originaire de Hongrie, l'artiste a choisi de s'installer en Belgique où elle développe sa propre technique de tissage qui lui permet de créer une variété infinie de formes, rondes et angulaires. L'influence de l'Asie se ressent dans le choix des matériaux utilisés ainsi que dans l'emploi de monochromes noir et blanc, dans un équilibre propre à la philosophie zen.

Les angevins ont eu l'occasion de découvrir son travail au musée de la tapisserie contemporaine lors des expositions « ARtAPEStRY 2 » en 2008 et « Art textile Contemporain, Collection de la Fondation Mary toms - Pierre Pauli » en 2003 ainsi qu'en 2005 pour la « 8ème triennale Internationale des Mini-textiles ».

Wang Kyung Ae

Professeure à l'université de Busan en Corée-du-Sud, Wang Kyung Ae s'intéresse au concept occidental de « l'Archétype » dans sa définition d'image psychologique. L'artiste a inventé une technique de couture pour travailler des matériaux fragiles comme la gaze et le tulle, deux tissus largement employés en Europe et fabriqués à partir de fibres naturelles : lin, coton, soie, laine.

Les œ,uvres de l'artiste sont régulièrement présentées en Corée-du-Sud lors d'expositions personnelles.

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Quelle est votre démarche de travail ? Tout commence-t-il par la matière ? Par la réflexion ?


Marika Szaraz
. La réalisation d'une nouvelle pièce commence par l'envie de découvrir une nouvelle chose, une envie d'évoluer, d'étendre les possibilités encore plus loin que la précédente œ,uvre. Les réflexions arrivent en vagues, l'impulsion est de plus en plus pressante, jusqu'à l'éclosion. Je ne peux plus résister au besoin de réaliser l'œ,uvre, pour la voir, l'expérimenter, la découvrir..matériaux, philosophie et esthétique différents.
Je m'intéresse beaucoup au rapport entre la structure et la lumière, au point que le support en devient le sujet même. Je teins en noir une viscose japonaise, matière brillante qui reflète la lumière de la meilleure façon, mettant en valeur des lignes parallèles et changeantes, qui sont le résultat de mes recherches et que j'appelle technique « szama ».

Wang Kyung Ae. La variété et la singularité des matériaux textiles me permettent de m'exprimer dans une technique particulière, qu'il ne serait pas possible de développer avec d'autres matériaux.
Par effet de superposition, à l'aide de gaze et de tulle froissés et tendus, mon travail symbolise un archétype de la nature humaine épousant la forme d'une graine, d'un fruit, d'un utérus.




Expliquez l'influence de la culture asiatique/européenne dans votre travail.


Marika Szaraz.
La culture asiatique me touche surtout au travers de leur philosophie. J'ai une affinité pour les jardins secs au Japon, qui évoquent une sensation de calme, une harmonie et la pureté d'un monde auquel l'homme appartient mais qu'il ne domine pas. La technique de tissage que j'utilise crée une écriture rectiligne de lignes parallèles et provoque en même temps les changements de sens qui sont le sujet de mes recherches. Je n'ai pas créé ces lignes parallèles pour une ressemblance extérieure à quoique ce soit.

Wang Kyung Ae.
La lecture des ouvrages de psychologie de Carl Jung et Jacques Lacan m'ont permis de me rendre compte que les théories qu'ils développent, s'appuient sur les bases de la philosophie orientale. Ça me permet de réfléchir aux différences et similitudes entre l'Est et l'Ouest. Je m'inspire d'ailleurs de la théorie de l'archétype de Jung dans mon processus de création.


En quoi est-il intéressant de vous « confronter » aux travaux d'artistes de cultures différentes ?


Marika Szaraz.
L'intérêt de cette confrontation pour moi n'est pas de comparer ou séparer, mais montrer ce qui nous unit. On ne peut pas séparer des mondes et avoir une image complète de l'ensemble.
En représentant conjointement des différentes cultures, je vois l'unité, la richesse. Une union pour moi est comme un diamant bien taillé. Plus il y a des facettes,
plus le diamant est magnifique et plus il reflète la lumière. Chaque culture, chaque personne sont des facettes du diamant et donnent sa richesse et sa beauté à l'ensemble.

Wang Kyung Ae.
L'exposition, qui croise des œ,uvres d'une grande variété, toutes réalisées à partir de la matière textile, est une belle opportunité de croiser nos expériences et de satisfaire notre œ,il averti.


Vidéo de l'exposition

Asie-Europe from mathieu delalle on Vimeo.




- Asie
Europe, Art textile contemporain
- Du 18 juin au 13 novembre 2011
- Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine,
4, boulevard Arago - 49100 Angers - tél. : 02 41 24 18 48 /www.musees.angers.fr
- Horaires :
Jusqu'au 2 octobre : tous les jours de 10h à 18h30 /À partir du 4 octobre : du mardi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h
- Tarifs
4€/3€



Par Nicole Salez

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