Quand l'énergique présidente d'Amnesty International France vous dit très naturellement qu'elle travaille aux 4/5èmes de temps comme directrice des ressources humaines et de la communication dans une société spécialisée en ophtalmologie, elle ajoute « et les trois autres jours chez Amnesty ». Ce constat qui semble impliquer le regret qu'une semaine ne compte que 7 jours, omet de souligner le grand nombre de soirées de la semaine passées au service d'Amnesty , les échanges de mails, d'appels téléphoniques et les rendez-vous quotidiens.
Geneviève Garrigos l'admet, présider Amnesty, c'est mettre sa vie privée entre parenthèses pendant tout le temps du mandat de 6 ans maximum renouvelable trois fois. Elle en est a sa troisième année, satisfaite de savoir qu'il y aura un terme à cette prenante activité mais comblée de pouvoir agir plutôt que juste s'indigner. Heureuse aussi de mener à bien les innombrables initiatives en cours cette année pour fêter les 50 ans de l'association. Après, elle redeviendra simple militante comme c'est son cas depuis 2002. Ces 3 années de présidence, elle les vit comme sa contribution à la société.
Pourquoi avoir choisi de militer chez Amnesty, plutôt qu'ailleurs ?
GG : parce qu'il ne s'agit pas d'humanitaire mais de principes fondamentaux, de lutte contre l'impunité. Et parce que l'indépendance et l'impartialité d'Amnesty m'ont convaincue depuis longtemps. Chez Amnesty, sur les droits humains, il n'y a pas de favoritisme. De l'extérieur on ne sait pas à quel point cette règle est respectée, elle correspond à une exigence très forte des membres. Au moindre écart on est pointé du doigt. Et la force d'Amnesty, ce sont ses bénévoles. En France où notre structure est importante nous avons, selon les nécessités ponctuelles entre 60 et 70 salariés et 300 bénévoles au siège auxquels il faut en ajouter 3 500 sur toute la France et quelque 200 000 donateurs réguliers
Quel est le profil des bénévoles et donateurs d'Amnesty ?
GG : Le profil qui se détache de plus en plus partout dans le monde est celui d'une population plutôt intellectuelle (BAC + 3) et plutôt féminine en France. Beaucoup de quinquagénaires mais aussi de plus en plus de jeunes. Enseignants, juristes forment la base d'Amnesty depuis sa création en 1961 avec pour ligne directrice : ne vous indignez pas seul dans votre coin, agissez. Et notre grille de lecture de tout événement, de tout combat, c'est le droit.
Qu'est-ce qui mène à la présidence d'une structure comme Amnesty et de quoi êtes-vous la plus satisfaite ou la plus déçue ?
GG : à vrai dire je ne sais pas trop comment je suis arrivée à cette présidence. D'abord je me suis occupée d'un nouveau secteur pendant près de trois ans, celui des défenseurs des droits humains. Après quoi j'ai pris en charge au niveau lobbying et relations presse de la région des Amériques et particulièrement des dossiers « guerre contre le terrorisme » et « Guantanamo ». J'ai aussi participé à de nombreuses assemblées générales au Mali, en Irlande, en Tunisie parmi d'autres, faisant progressivement partie du comité directeur qui réunit les présidents du mouvement.
Depuis 2008 j'ai été élue présidente au congrès d'Amnesty puis par le bureau. En tout cas ce qui me porte le plus c'est de savoir qu'on peut agir. Je suis donc surtout heureuse de ce que nous arrivons à faire collégialement. A titre personnel je peux revendiquer peut-être d'avoir su créer un lien entre le national et le local —,je me déplace beaucoup au niveau local- et cela dynamise beaucoup nos actions. Je suis également très impliquée au niveau international et j'apprécie de pouvoir porter les idées françaises à l'étranger car nous avons des singularités. Par exemple nous sommes le rare pays où il n'y a pas de statistiques ethniques et pourtant nous parvenons à travailler à la défense de certaines ethnies lorsque c'est nécessaire. Ce qui marche moins bien à mon avis, c'est le développement numérique. Tous nos projets prennent du retard et nous ne pouvons pas tout développer en même temps.
Y a-t-il des causes qui vous touchent plus que d'autres ?
GG : évidemment la campagne pour la défense des femmes qui se déroule au niveau mondial depuis 6 ans, les viols, les situations dramatiques pendant les conflits, les discriminations par la pauvreté. Je trouve aussi très intéressante la prise de conscience croissante, partout dans le monde, d'avoir des droits et de pouvoir prendre en mains sa destinée. Vous savez, avant, j'étais en colère tous les jours en prenant connaissance des informations. Aujourd'hui je me dis que je peux apporter une aide et transformer la colère en action. C'est beaucoup !
Par
Amnesty en chiffres
Créé en 1961 par l'avocat britannique Peter Benenson, Amnesty International, Prix Nobel de la paix en 1977, c'est :
. 72 sections et structures nationales dans le monde
. 3 millions de membres et sympathisants dans 150 pays
. 200 000 donateurs actifs en France
. Près de 20 000 membres et 400 groupes de militants locaux et Antennes Jeunes en France
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Actions en cours en faveur des femmes
Les Egyptiens éliront leur nouveau Parlement en septembre 2011. Si les femmes ont joué un rôle crucial dans le mouvement de protestation appelant à des réformes en Égypte, elles ont depuis été repoussées dans l'ombre. Pourtant, elles ont tout autant qu'eux le droit de participer à la construction de l'avenir de leur pays. Exhortez le Premier ministre à veiller à ce que les droits des femmes soient respectés et à ce que les femmes ne soient pas écartées du processus de réforme.
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