La danse japonaise Jiuta-mai, traditionnellement pratiquée dans des maisons privées, chez les courtisanes et les bourgeois, se caractérise par un rythme lent et une gestuelle sobre.
Le Maitre de danse 'En Kanzaki' interprètera à Paris deux œ,uvres représentatives de cet art, «Yashima » et « Yuki », les 3 et 4 juin 2011. Ce sera sa première représentation en dehors du Japon.
Le Jiuta-mai s'est principalement développé à Kyoto et à Osaka. L'école Kanzaki est originaire d'Osaka mais dès la deuxième génération, elle fut transférée à Tokyo.
Aujourd'hui, il ne reste à Tokyo que cette unique école de Jiuta-Mai, dont En Kanzaki incarne la 4e génération.
Pour mieux comprendre la danse traditionnelle
JIUTA (musique japonaise)
Au XVIe siècle s'est développée au Japon une musique interprétée au shamisen (luth à trois cordes). Cette musique se divise en deux genres : l'un est interprété dans les grands théâtres, l'autre dans le petit salon de la demeure de particuliers. Le Jiuta appartient au second genre. Ce style de chant s'interprète dans le calme, le soir, à la lueur de chandelles, dans une pièce au sol recouvert de tatamis. L'interprète chante seul, tout en jouant du shamisen. Il est parfois accompagné d'un koto (cithare japonaise à treize cordes) et d'un kokyu (sorte de violon japonais). Le Jiuta s'est principalement développé à Kyoto.
MAI (danse japonaise)
Il existe deux formes de danse traditionnelle au Japon : le Mai et l'Odori. Le Mai est la danse du théâtre No qui est apparu au XIVe siècle. Il est en général une danse tournée vers l'intérieur, le danseur effectuant des mouvements de rotation sur scène. Plus enjouée et aérienne, l'Odori est une danse issue du Kabuki, théâtre populaire dès le XVIIe siècle.
Le Jiuta-Mai désigne une danse Mai accompagnée de musique Jiuta, interprétée dans une petite pièce : contrairement aux autres danses traditionnelles japonaises comme le Kabuki ou le No, le Jiuta-mai était donc traditionnellement pratiqué dans des maisons privées, chez les courtisanes et les bourgeois.
Elle emploie un langage chorégraphique plus abstrait.
Depuis la fin des années 1940, le Jiuta-mai s'est popularisé dans tout le Japon, même si le Kansai - l'ouest du Japon où se situe Kyoto, l'ancienne capitale - demeure le centre de cet art.
Les interprètes et intervenant
Danse : En Kanzaki
Maître de la 4e génération, elle a été formée par le maître de la 3e génération, Shuju, et celui de la 2e génération, Hide Kanzaki. A partir de 1983, elle reçoit également l'enseignement de Maître Han Takehara. Elle consacre toute sa vie à la danse. Sous la direction de son père, elle obtient le prix Osaka Green Ribbon en 1977. En 1999, elle gagne le Prix du nouveau talent décerné par l'Association des critiques de danse pour sa 30e édition. La même année, elle hérite de son père le titre de maître. Depuis 1981, elle présente chaque année une manifestation intitulée « En No Kai » (La Compagnie de En). Elle organise aussi une représentation de Jiuta-Mai de son école Kanzaki tous les ans, et contribue ainsi à la transmission et au développement de cet art traditionnel japonais.
Chant : Seikin Tomiyama
Il est l'un des meilleurs joueurs de sangen (luth à trois cordes), de koto (cithare japonaise à treize cordes) et de kokyû (sorte de violon japonais). Depuis son plus jeune âge, il a été formé aux techniques traditionnelles du chant par son père Seio Tomiyama (Trésor National Vivant, cité à l'Ordre du Mérite Culturel, Membre de l'Académie des beaux-arts du Japon). Diplômé de l'Université des beaux-arts de Tôkyô, il a remporté le Prix du Festival artistique de l'Agence nationale japonaise de la Culture (1985, 1989, 1991), le Prix d'encouragement de Shoeikai (1997), le Prix de l'Académie des beaux-arts (2004), le Grand prix de l'art de la Fondation Matsuo (2006). Il hérite du nom de Seikin en 2000 et devient Trésor National Vivant en 2009.
Commentaires : Tamotsu Watanabe
Critique de théâtre, il est diplômé du département d'économie de l'Université de Keiô. Il fait ses débuts de critique avec « Actrices pour le kabuki » en 1965. Il enseigne dans plusieurs universités. Il obtient la médaille avec ruban violet en 2000. Il a reçu de nombreux prix : le Prix d'encouragement des nouveaux artistes du ministère de l'Education avec « Le destin des Onnagata », le prix Kawatake pour « Le destin des acteurs », le prix Taiko Hirabayashi et le prix Kawatake pour « Chushingura, une autre vision de l'Histoire », le Prix littéraire du journal Yomiuri pour « Musume Dojoji », le Prix artistique du ministère de l'Education pour « Danjuro Ichikawa IV », et le Prix littéraire du Yomiuri avec « Meijiishin de Mokuami ».
Les pièces
Yashima
En 1185, une grande guerre divisa en deux le Japon. Une bataille décisive eut lieu à Yashima, sur l'ile de Shikoku. La guerre terminée, un moine se rendit à Yashima où il vit en rêve le terrible combat. Au printemps, en bord de mer, résonne l'écho de cette guerre infernale.
Yuki (neige)
Une nuit d'hiver, une femme s'apprête à dormir. Mais le souvenir de son amant qui l'a quittée la hante, l'empêchant de trouver le sommeil. Au loin tinte une cloche. Puis le silence est rompu par le bruit de la grêle sur le toit. La femme espère en vain le retour de l'être aimé. La nuit se fait plus profonde.
Et aussi.... - deux conférences de Tamotsu Watanabe
A l'occasion des représentations de Jiuta-mai, le grand critique de kabuki Tamotsu Watanabe donnera deux conférences.
Qu'est-ce que le kabuki ?
Vendredi 3 juin à 17h
Le théâtre kabuki est né au Japon au XVIIe siècle. Tamotsu Watanabe présentera en détails les cinq caractéristiques essentielles de cet art.
Tout d'abord, les spécificités de la structure de la scène (hanamichi, scène tournante, trappes, rideau...) qui entrainent une relation entre le public et la scène différente de celle des théâtres habituels. Le kabuki raconte avec lyrisme des histoires du passé, tout comme les théâtres classiques du monde entier, du Mahabharata aux tragédies grecques. Il est un théâtre masqué, à l'instar d'autres théâtres traditionnels japonais (nô, kyôgen, bunraku). Bien sûr, les acteurs ne portent pas de véritables masques mais un épais maquillage qui accentue exagérément les expressions. Autre particularité du kabuki, que l'on retrouve dans les théâtres pré-modernes du monde entier, les rôles féminins sont interprétés par des hommes, les onnagata. Enfin, les techniques de jeu sont propres à cet art.
Connaître ces cinq caractéristiques vous permettra de bien comprendre ce qu'est le kabuki, et même le théâtre contemporain.
Musique de shamisen et danse traditionnelle japonaise
Samedi 4 juin à 17h
Le shamisen est un instrument à cordes introduit au Japon via la Chine et l'île d'Okinawa au XVIe siècle. Cependant, une fois arrivé dans l'Archipel, il a été complètement transformé. Cette transformation est une particularité bien connue de la culture japonaise.
La musique de shamisen s'est développée d'une part dans les théâtres, d'autre part dans les restaurants des quartiers de plaisir où, associée à la danse, elle a donné naissance au Jiuta-mai. Cette danse reprend certaines histoires du théâtre nô et des chansons en vogue à l'époque. Dans les restaurants d'Osaka et de Kyôto, à la lumière de bougies, la danse traditionnelle japonaise s'est ainsi épanouie devant quelques clients soigneusement choisis... Le Jiuta-mai et les danses exécutées dans les théâtres sont les deux courants essentiels de la danse traditionnelle japonaise. Comme pour le shamisen, leur évolution a connu des transformations radicales.
Danse traditionnelle
- Vendredi 3 et samedi 4 juin à 20h
- Danse : En Kanzaki (Maître de la 4ème génération de l'école Kanzaki)
- Chant : Seikin Tomiyama (Trésor National Vivant), Kiyohito Tomiyama
- Commentaires : Tamotsu Watanabe
- Maison de la culture du Japon à Paris
101 bis, quai Branly 75015 Paris
- Métro Bir-Hakeim (ligne 6) / RER Champ de Mars (RER C)
- www.mcjp.fr
- Tarif 15 € / Réduit 12 €
- Réservation 01 44 37 95 95
- Organisation : Comité exécutif de la présentation d'En no Kai de Jiuta-mai à Paris
- Sous le haut patronage de l'Ambassade du Japon en France, l'Ambassade de France au Japon, la Chambre de Commerce et d'Industrie Française au Japon
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