Rencontre Viviane Reding, vice‑présidente de la Commission européenne
L'Europe des entreprises reste un univers masculin : dans les conseils d'administration des grandes entreprises européennes, à peine un membre sur dix est une femme, et dans 97 % des cas, le PDG est un homme. Le 1 mars 2011, Viviane Reding, vice‑présidente de la Commission européenne, commissaire chargée de la justice, a rencontré des dirigeants d'entreprises européennes et des partenaires sociaux pour accroître la présence des femmes dans les conseils d'administration. Par ailleurs, la Commission européenne a pris différentes initiatives pour réduire les inégalités femmes-hommes en Europe.

Le 1 mars 2011, la commissaire européenne en charge de la justice, Viviane Reding, a rencontré des dirigeants d'entreprises européennes et des partenaires sociaux afin de discuter des moyens d'accroître la présence des femmes aux postes de direction et de déterminer si l'autorégulation ou la réglementation sont la voie à suivre pour obtenir rapidement des changements.
La vice-présidente Reding appelle toutes les entreprises cotées en bourse à signer une charte européenne visant à augmenter la présence des femmes dans les conseils d'administration d'ici à mars 2012.
De nouveaux chiffres publiés par la Commission indiquent une progression très lente vers un équilibre entre les femmes et les hommes. Les femmes ne représentent que 12 % des membres des conseils d'administration des plus grandes entreprises cotées en bourse en Europe. Par conséquent, les entreprises ne mettent pas à profit les compétences féminines et l'Europe perd une source potentielle de croissance économique durable. «Je vais donner une dernière chance à l'autorégulation pendant les douze mois à venir. J'aimerais que les entreprises soient créatives de sorte que les régulateurs n'aient pas à le devenir», a déclaré Viviane Reding. La charte sera disponible sur le site web de la vice-présidente pendant un an jusqu'à la Journée internationale de la femme (8 mars 2012), après quoi la Commission évaluera les progrès réalisés et prendra une décision sur la meilleure manière de procéder.

Des études révèlent que les entreprises comptant davantage de femmes aux postes de direction obtiennent de meilleurs résultats que celles qui réservent ces fonctions aux hommes. Leur bénéfice d'exploitation est plus élevé et elles parviennent mieux à attirer les talents et à comprendre leurs clients. L'utilisation optimale des compétences féminines au sein de la main‑d'œ,uvre européenne est non seulement profitable aux entreprises, mais a des répercussions favorables sur l'économie et la société dans son ensemble. Si 60 % des diplômés de l'université sont des femmes, celles‑ci demeurent sous‑représentées aux postes de décision économique.
Lors d'un sommet spécialement consacré à cette question à Bruxelles, le 1 mars 2011, la commissaire européenne Viviane Reding a rencontré des PDG et des membres de conseils d'administration d'entreprises cotées en bourse de dix pays européens. La vice‑présidente de la Commission a présidé ce rassemblement de dirigeants d'entreprises, aux côtés de Gertrude Tumpel-Gugerell, membre du directoire de la Banque centrale européenne. Elles ont examiné, avec les participants, les moyens d'accroître la présence des femmes dans les fonctions de direction et ont cherché à déterminer si l'autorégulation ou la réglementation sont la voie à suivre pour obtenir rapidement des changements significatifs. Au cours de l'après‑midi, les services de la DG Justice ont entendu brièvement les partenaires sociaux sur cette même question.
La rencontre du 1 mars 2011 entre la Commission, les dirigeants d'entreprises et les partenaires sociaux est un premier pas sur la voie de la parité hommes‑femmes dans les conseils d'administration et aux postes de direction des grandes entreprises européennes. À l'origine, cette question a été soulevée en septembre 2010, lorsque la Commission européenne a, sur proposition de la vice‑présidente Reding, déclaré dans sa stratégie pour l'égalité entre les femmes et les hommes (voir IP/10/1149) qu'elle entendait «réfléchir à des initiatives ciblées visant à améliorer l'équilibre entre les femmes et les hommes dans la prise de décision». Sur la base de nouveaux chiffres publiés aujourd'hui, la Commission aura un échange de vues avec les entreprises et les partenaires sociaux pour examiner les mesures qu'ils ont prises et entendent prendre dans un proche avenir pour tendre vers la parité hommes‑femmes dans les conseils d'administration. La Commission suivra de près les progrès accomplis au cours des douze prochains mois, au terme desquels elle évaluera la nécessité d'éventuelles mesures complémentaires.
«Je tiens à adresser un message clair à l'Europe des entreprises: les femmes en affaires, c'est du sérieux!», a déclaré Viviane Reding, vice‑présidente de la Commission, chargée de la justice. «L'ensemble des talents de notre société doivent être exploités pour permettre à l'économie européenne de décoller. C'est pourquoi le dialogue entre la Commission et les partenaires sociaux revêt tant d'importance. Je suis persuadée que l'autorégulation peut faire la différence, pour autant qu'elle soit crédible et effective dans toute l'Europe. Je reviendrai toutefois à cette question l'an prochain. Si l'autorégulation échoue, je suis disposée à prendre d'autres mesures au niveau de l'Union européenne».
Le nouveau rapport sur la parité hommes‑femmes aux postes de direction des entreprises indique qu'en moyenne, les femmes représentent 12 % des membres des conseils d'administration des plus grandes entreprises cotées en bourse dans l'Union européenne, mais qu'elles sont 3 % seulement à être PDG. Les chiffres varient d'un pays à l'autre: en Suède et en Finlande, les conseils d'administration comptent 26 % de femmes, contre 2 % à Malte.
Si la progression vers un équilibre raisonnable (au moins 40 % de chaque sexe) est lente en Europe, certains pays connaissent de réelles avancées. La Finlande, la Suède, les Pays‑Bas et le Danemark ont adopté des codes de gouvernance d'entreprise et/ou des chartes reposant sur une adhésion volontaire, qui ont eu pour effet de renforcer la présence des femmes dans les conseils d'administration. Une législation instaurant des quotas est déjà en vigueur en Norvège et est en voie de mise en œ,uvre en France et en Espagne, tandis que les Pays‑Bas, l'Italie et la Belgique en débattent actuellement.
Contexte
Une plus grande égalité dans la prise de décision est l'un des objectifs de la Charte des femmes (voir IP/10/237) que le président José Manuel Barroso et la vice‑présidente Viviane Reding ont lancée en mars 2010. La Commission a donné suite à ces engagements en adoptant, en septembre 2010, la stratégie pour l'égalité entre les femmes et les hommes pour les cinq prochaines années (voir IP/10/1149) et MEMO/10/430), qui envisage des initiatives ciblées pour renforcer la participation des femmes au plus haut niveau du processus décisionnel économique.
L'intérêt d'atteindre la parité hommes‑femmes dans les conseils d'administration et les fonctions de direction est bien réel, au niveau tant de l'économie et que des entreprises. Si, à l'heure actuelle, davantage de femmes que d'hommes décrochent un diplôme universitaire (59 % contre 41 %), elles restent à la traîne dans leur carrière par rapport aux hommes. Ce réservoir insuffisamment utilisé de travailleurs qualifiés représente un potentiel sous‑exploité pour l'économie. Par ailleurs, les entreprises peuvent tirer profit d'une présence plus importante de femmes à leur plus haut niveau. En effet, des études révèlent l'existence de plusieurs liens étroits entre la parité hommes‑femmes et les résultats obtenus dans les domaines de la créativité, de l'innovation, de l'information financière, de l'audit et du contrôle interne. Les entreprises comptant beaucoup de femmes peuvent également attirer davantage de clientes et de talents féminins.
Le rapport sur l'égalité entre les hommes et les femmes en 2010 souligne que si les tendances sont globalement positives, les progrès restent lents. L'écart entre les taux d'emploi des femmes et des hommes dans l'Union s'est réduit en 2009-2010, passant de 13,3 à 12,9 points de pourcentage, le taux féminin étant actuellement de 62,5 %. Cependant, le taux de chômage a augmenté en raison de la crise, tant chez les hommes que chez les femmes, lesquelles sont toujours beaucoup plus susceptibles de travailler à temps partiel.
En dehors du marché du travail, les femmes assument toujours l'essentiel des responsabilités familiales. La présence des mères sur ce marché est inférieure, de 11,5 points de pourcentage, à celles des femmes sans enfants, tandis que la proportion de pères y est supérieure, de 8,5 points de pourcentage, à celle des hommes sans enfants. Le défi qui consiste à concilier travail, famille et vie privée est l'une des nombreuses causes des écarts salariaux entre les hommes et les femmes: dans l'Union, les rémunérations des femmes sont inférieures de 17,5 % en moyenne à celles des hommes, et cet écart ne s'est aucunement réduit ces dernières années.
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