Entrez dans la bande, le Carnaval de Dunkerque bat son plein du 12 février au 26 mars 2011. Ne manquez pas ce spectacle étonnant, riche en couleurs, auquel chacun participe avec bonhommie. Hors du commun, le Carnaval de Dunkerque daterait de l'époque où les marins avaient pour tradition de faire une grande fête avant leur départ pour l'Islande en se déguisant en femmes. Les femmes, les vraies, ne sont pas les dernières à participer à cette joyeuse fête aujourd'hui !

On n'est pas spectateur au carnaval de Dunkerque puisqu'il n'est pas un « spectacle ».
On devient très vite acteur parmi des milliers d'autres acteurs : par un air de musique reconnu, par des amis rencontrés, par l'interpellation anonyme de carnavaleux chaleureux ou par l'intrigue personnalisée d'une relation déguisée et donc momentanément inconnue...
Chacun choisit sa voie pour accéder à la joie collective.
Michel Delebarre Ancien ministre d'État Député-maire de Dunkerque
Pendant deux mois et demi, les carnavaleux se retrouvent, se « reconnaissent »... L'âge, le travail, la classe sociale n'ont pas d'importance dans la Bande. On peut être des proches au carnaval et ne pas se fréquenter dans la vie, se faire des zôt'ches et ne pas se reconnaître dans le civil. Le carnaval est une grande famille et il n'est pas question de manquer ce rendez-vous. Il est néanmoins important de savoir où l'on met les pieds : respect de la tradition, connaissance des chansons, des « règles » pour trouver progressivement son costume, sa place dans la bande.
Un peu d'histoire
Difficile d'expliquer pourquoi cette tradition ancienne a survécu, ni le succès sans cesse renouvelé de ce grand rassemblement populaire. Si les origines se perdent dans la nuit des temps, certaines affirment que les premières « bandes des pêcheurs » seraient liées aux fêtes données par les armateurs avant leur départ pour l'Islande. Toutefois, vers la fin du XVIIIe siècle, les armateurs commencent à se désengager vis-à-vis de cette coutume et les marins profitent alors de l'aubaine que représente le temps du carnaval pour anticiper leurs journées récréatives. Dès le début du XIXe siècle, le port de Dunkerque affiche déjà l'un des carnavals les plus originaux de France.
La cohue des masques ! Pendant que les tambours battent le rappel, l'énorme pagaille s'organise. Les mas-
quelours, méconnaissables sous leurs maquillages bariolés, se prennent bras dessus, bras dessous pour former des lignes. Les places du premier rang sont très convoitées car c'est là que l'engagement physique va être le plus complet , c'est aux premiers rangs qu'appartient le privilège de protéger les musiciens de la foule qui les suit. Au signal du tambour-major situé à l'avant-poste, fifres et tambours entament le rigodon d'honneur qui servait de rassemblement aux soldats de l'Empire. La foule compacte saute en cadence, on pousse déjà pour mettre les premières lignes à l'épreuve.
Le tambour-major, à la tête d'une soixantaine de musiciens vêtus du ciré et du suroît jaune des pêcheurs, ordonne que cesse le rigodon afin que les fifres reprennent des airs traditionnels de marche connus de tous. Le cortège s'ébranle. Déformée par les poussées soudaines, la cohue des masques avance en chantant, en hurlant plutôt dans les premiers rangs ! Durant quatre heures, la visscherbende déferle sur la ville comme une vague de fond au rythme des chahuts, des arrêts obligés des musiciens et des rendez-vous incontournables.
Des harengs et des homards
Au passage devant l'Hôtel de Ville, cette masse compacte et colorée réclame son dû : une volée de 450 kilos de harengs saurs emballés sous cellophane (appelés aussi kippers). Du haut du balcon central, le maire brandit un homard qu'il présente à la foule qui scande « Delebarre, des homards ». Celui qui a la chance de s'emparer d'un homard (en plastique) peut le rapporter à la mairie où il lui sera remis en échange, un bon pour en obtenir un vrai dans une poissonnerie. En réalité bien peu le font car les carnavaleux préfèrent garder ce trophée pour le montrer à leurs amis....
Après quatre heures de fête, les carnavaleux se retrouvent au pied de la statue de Jean Bart pour offrir à genoux un vibrant hommage au héros de la Cité. Le sentiment d'appartenance à une histoire, à une terre et à une population est très fort. Le carnaval possède ses temps forts et ses «figures» mais chacun vit la fête à sa façon dans les chahuts, dans la rue, dans les chapelles.
Un parcours jalonné de « chapelles » Pour la plupart des masques, la bande est prétexte à d'innombrables pélerinages, appelés pour la circonstance « chapelles », qui jalonnent le parcours. On fait une halte dans ces «maisons amies» avant, pendant ou après la bande juste avant de se rendre au bal : histoire de se désaltérer et de se ravitailler. Le plus souvent, les masques se déplacent en petits groupes pour mettre à profit les bonnes adresses.
Les intrigueurs sont de sortie
Autres figures emblématiques du carnaval, les intrigueurs et les figuemen agissent en marge de la bande. Ils ne dansent pas mais sont quand même masqués au point d'être méconnaissables. Ils interpellent tout le monde, y compris les badauds, pour leur tendre une canne à pêche au bout de laquelle est accroché un poisson sec au fumet très particulier ou parfois même un fromage assez odorant. Pour l'intrigue, ils vont généralement deux par deux, un homme et une femme qui inversent leurs rôles. Véritable manifestation de virilité, le carnaval est dès le début une affaire d'hommes. Difficile en effet de tenir le coup dans les chahuts alors les femmes préfèrent souvent faire la bande sur le côté. Mais si on ne les trouve jamais dans les premières lignes, en revanche, dans les chapelles, les bals ou les cafés, elles sont bien présentes. Certaines n'hésitent pas d'ailleurs à se travestir en homme pour jouer l'intrigue.
...La femme au carnaval
Une réputation qui laisse à désirer C'est par de multiples aspects que la femme est évoquée dans le carnaval. Les déguisements des hommes qui se travestissent ne la représentent pas sous ses plus beaux atours. De la prostituée à la mamie décrépie avec d'affreuses perruques, un maquillage exagéré et une lingerie exhibée, la femme est sans cesse tournée en dérision. Omniprésente dans les chansons, elle est crainte, désirée mais bien sou- vent objet de moquerie. Qu'elle soit « Marie patate », « commère de la rue de Saint-Gilles », ou encore la belle-mère qui « a fait voir son cul », elle en prend pour son grade ! Mais elle sait aussi y répondre : « Ah c'qu 'il est mou ton macaroni », « tous les hommes i putent »... Il existe néanmoins un personnage féminin important et respecté, c'est la cantinière. Elle donne à boire aux musiciens et accompagne le tambour-major. Plus disponible que lui, elle est un relais indispensable à la bonne organisation du défilé. La cantinière Claude II, en demandant a être intronisée tambour-major, a contribué à la valorisation du rôle de la femme dans le carnaval. Sa nomination n'a rencon- tré aucun obstacle.
Carnavaleuses de demain
À l'aube du XXIe siècle, un militantisme féminin est né dans le carnaval. En affichant sur leur déguisement les lettres du mot « parité », une bande de courageuses tentè- rent de constituer une première ligne. Elles connurent un premier succès en 2001 à la Citadelle mais leur gloire fut de courte durée. Les carnavaleux ne sont pas prêts à céder aussi facilement leur place !
- Des week-ends festifs.
Pour participer à cette fête unique, l'Office de Tourisme de Dunkerque Dunes de Flandre propose des week-ends « Clés en main » selon vos souhaits pour vivre au cœ,ur du carnaval. Ce week-end comprend la nuit et le petit-déjeuner (base d'une chambre double), le repas du samedi soir (boisson comprise), l'entrée au bal, le repas du dimanche midi (boisson comprise) les frais de gestion et les taxes de séjour. Pour plus d'information , contactez l'Office de Tourisme au 03 28 26 27 83 (89)
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