Le goût, cela s'éduque. Et on peut commencer très tôt...Un colloque sur l'éducation au goût des jeunes, sous l'égide des pouvoirs publics, s'est déroulé récemment à Paris.
Je vous livre quelques points qui ont été abordés concernant le comportement alimentaire des enfants, dont certains vous paraitront peut-être évidents si vous avez des enfants dans votre entourage.

Le bébé est naturellement régulé dans ses sensations de faim et de rassasiement. Il adapte spontanément ses prises alimentaires en fonction de la densité calorique des aliments. Cette régulation peut diminuer quand il grandit mais il est souhaitable de la préserver le mieux possible et donc éviter des attitudes qui pourraient éloigner l'enfant de cette régulation, par exemple :
- si on lui sert des portions inadaptées, trop importantes pour son âge,
- si on l'incite fortement à finir son assiette,
- si on positionne certains aliments comme des récompenses, par exemple : 'si tu manges tes légumes, tu auras du dessert',
- si un parent est lui-même en restriction, au régime et contrôle ce que mange son enfant,
- si on lui interdit certains aliments, ce qui en renforce l'envie et pourra le faire 'se lâcher' quand il en aura devant lui.
Les bébés ont dès le départ une attirance naturelle pour les aliments gras et sucrés (dont le lait maternel) car ce sont les plus riches en énergie, les plus nourrissants. L'enfant qui grandit continue le plus souvent à préférer les aliments doux et denses (les féculents par exemple). Mais on peut quand même développer peu à peu son goût d'autres aliments, pour qu'il ait une alimentation variée. On a observé ainsi qu'il y avait plusieurs facteurs favorables pour que les enfants aient progressivement du plaisir à manger des légumes par exemple :
- d'abord, cela peut paraître une évidence, qu'il y en ait dans la maison, qu'ils soient disponibles. Cela signifie aussi que les parents mangent des légumes avec plaisir et pas par contrainte, montrent l'exemple ! Encore mieux, faire le marché avec les enfants. - qu'il y ait des consommations répétées : il ne faut pas se décourager ! L'enfant va souvent rejeter un aliment à la première ou deuxième proposition. Beaucoup de parents arrêtent au bout de 3 ou 4 essais mais plusieurs études ont montré qu'il fallait environ 7 à 8 présentations d'un même aliment pour qu'il soit accepté. C'est ainsi que l'enfant se familiarise peu à peu avec lui et finit souvent par l'aimer vraiment. Et l'aliment doit être présenté de façon identique, sinon il est à chaque fois perçu comme nouveau.
- que cela se passe de façon à la fois cadrée et chaleureuse : ni un comportement autoritaire ni un comportement laxiste qui laisse l'enfant décider de ce qu'il mange ne donnent de résultats satisfaisants. Les parents devraient inciter sans forcer, développer la curiosité, ... Et aussi l' associer à la cuisine. Avec des tâches adaptées à chaque âge : un petit enfant peut ainsi commencer à touiller la pâte à gâteau ou à crêpe, ...
Chaque enfant peut bien sûr avoir ses préférences mais il ne faut pas les confondre avec le refus d'un aliment. Une préférence éventuelle ne peut s'exprimer qu'une fois l'aliment goûté. Il est donc essentiel d'inciter l'enfant à être curieux, à ne pas dire 'j'aime pas' s'il n'a pas goûté.
Ce colloque visait à lancer un réseau de professionnels qui pourront mettre en place des actions d'éveil du goût à l'école. Toutefois, c'est en premier lieu aux parents de réaliser l'éducation des enfants dans le domaine alimentaire, comme dans les autres domaines de la vie courante, et notamment de jouer un rôle dans le choix des aliments, la façon dont on mange, ...
Pour ma part, je suis persuadée qu'une éducation au goût et aux aliments est plus utile pour développer une relation sereine et plaisante à l'alimentation qu'une éducation nutritionnelle orientée santé.
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