Les marchés financiers ont connu une embellie en 2010. La reprise est-elle durable ? Quelle stratégie adopter aujourd'hui lorsque l'on gère un portefeuille boursier ? L'analyse de Patrick de Fraguier, Directeur de la Stratégie Amundi.

(Novembre 2010)
Quel bilan tirez-vous de l'année écoulée sur les marchés financiers ?
« Sur les 10 premiers mois de l'année 2010, la situation s'est stabilisée.
On constate une normalisation des marchés monétaires. Il n'y a plus de tension sur les liquidités, la confiance est restaurée au sein du système bancaire. Grâce à la politique de « reflation » qui stimule l'activité économique par l'injection de monnaie et de crédits, les liquidités sont abondantes et les banques centrales se montrent accommodantes.
Résultat : fin octobre le Dow Jones est au plus haut depuis 2 ans, les obligations affichent un taux historiquement bas, les prix des matières premières sont à la hausse. Et les entreprises annoncent des résultats de bonne facture (tant sur les bénéfices que sur les chiffres d'affaires), au‑dessus des attentes du marché.
Nous constatons donc une croissance positive (au dessus de 4 % au niveau mondial), même si elle reste peu dynamique dans les pays développés. Nous sommes sur la bonne voie : 2010 sera une année de normalisation, même si cette dernière est heurtée et irrégulière. »
Au cours des 12 derniers mois, le CAC 40 est passé au-dessus du seuil des 4 000 points et sous le plancher des 3 300 points : comment expliquer de telles variations ?
« Des fluctuations importantes ont en effet été constatées sur l'année écoulée. On a enregistré jusqu'à 20 % d'écart entre les niveaux les plus hauts et les plus bas, avec des mouvements mensuels de hausse ou de baisse parfois supérieurs à 10 %.
La volatilité des marchés s'explique par une volatilité macro-économique accrue. Les prévisions économiques sont en effet restées longtemps incertaines, en raison d'incertitudes sur la déflation et d'un retour possible de la récession.
Ces fluctuations fortes ont aussi été amplifiées par un changement de perception : la dette souveraine n'est plus considérée comme un refuge et certains Etats sont vus comme potentiellement défaillants. »
La remontée des marchés financiers est-elle homogène ?
« Les marchés d'actions développés ont finalement été décevants malgré l'amélioration significative de la profitabilité des entreprises. La remontée des indices diffère selon les zones géographiques et entre les pays, car elle dépend du rythme de la reprise économique et de la capacité des pays à poursuivre cette reprise.
La croissance a ainsi été plus affirmée là où la demande interne est plus forte et le facteur démographie plus important : au Brésil ou en Chine par exemple. »
La crise a fortement marqué les investisseurs : ont-ils, depuis, modifié leur comportement et adopté de nouvelles stratégies ?
« Oui, les comportements ont changé. Du côté des institutionnels, le renforcement de la régulation et de la réglementation incite à plus de prudence. La pondération des actifs risqués est réduite car contrainte par de nouvelles normes prudentielles.
Du côté des particuliers, les comportements ont peu changé. Les investisseurs restent friands de rendements fixes et présentent encore une certaine aversion au risque. Ils recherchent en priorité des placements simples comportant un certain niveau de garantie. »
Comment s'annonce 2011 ?
« 2011 devrait voir la fin des mesures de stimulation. Toutefois, il faudra prendre garde de ne pas casser la croissance potentiellement retrouvée. Les politiques monétaires seront donc toujours accommodantes : on ne devrait pas voir de hausse des taux directeurs des banques centrales, les taux longs devraient rester bas au moins dans un 1er temps...
Tout cela devrait permettre d'empêcher la spirale néfaste de la déflation et d'anticiper une reprise de l'inflation dans un cercle vertueux. On peut ainsi attendre une croissance molle mais positive, un désendettement des ménages, et un soutien à la consommation. En clair, une reprise des marchés plus franche grâce aux pays émergents qui tirent le reste du monde. »
(Source : LCL particuliers)
Amundi est née du rapprochement des expertises de gestion d'actifs des groupes bancaires Crédit Agricole et Société Générale.
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