Andromaque à la Comédie Française

Murielle Mayette donne par sa mise en scène épurée d'Andromaque, tout son sens aux mots 'Comédie Française'. Les comédiens français sont parfaits, d'Eric Ruff, majestueux roi Pyrrhus et aussi homme perdu à Hermione, Léonie Simaga, fière, amoureuse et vengeresse.

Quand le rideau de la Comédie-Française se lève, paraît un grand palais figuré par d'immenses colonnes grecques dans les tons sable. L'harmonie est de façade, tant sur les costumes aux couleurs neutres qu'aux voilages ivoire en passant par les lumières plutôt douces qui inondent la scène et structurent les jours.

Pyrrhus et Andromaque
La confusion, la violence des sentiments, le dilemme cornélien entre l'amour et le devoir sont intérieurs. Rien ne parait ou presque sur les visages des personnages. Tout, c'est à dire les sentiments, les émotions, les hésitations, passent par les mots, la prononciation, la diction, les liaisons et même la ponctuation et surtout par les silences et même LE silence. Des temps suspendus habités par la fureur, le doute, la passion, la résignation.

Les personnages ne se regardent que très rarement sinon pour un ultime affrontement. Si cela bride un peu l'émotion, ce parti pris de mise en scène renforce l'écoute et l'attention des alexandrins de Racine qui ne sont qu'harmonie et équilibre. Des mots si poétiques et si forts qui résonnent avec profondeur à nos oreilles d'aujourd'hui.

Une merveilleuse réalisation à tout point de vue qu'il ne faut pas manquer pour comprendre ce qu'est un 'classique'. Classique rime avec 'éternel «et 'intemporel'.

Une requête à Muriel Mayette: s'il vous plait, ôtez cette musique qui siffle sur nos têtes, en permanence, qui n'apporte rien,ni à l'ambiance, ni à l'œ,uvre et même qui la saboterait plutôt!

Par Veronique Guichard