Agatha Ruiz de la Prada, la plus populaire des stylistes espagnoles met couleur et joie de vivre dans toutes ses créations. Agatha Ruiz de la Prada, la créatrice qui réenchante le quotidien !
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Le Marché des Soies de Lyon ne pouvait trouver meilleure ambassadrice que la pétillante Agatha Ruiz de la Prada qui a découvert Lyon avec la Biennale de la danse, le village des créateurs et ses différents concours de mode.
« Toute ma vie j'ai été amoureuse de la soie, je l'ai utilisée dès mes premiers défilés », explique-t-elle. « Depuis longtemps je fais mes imprimés moi-même et j'observe en voyageant dans le monde un intérêt croissant du grand public pour l'artisanat et le travail de qualité, par opposition aux produits industriels chinois de médiocre qualité. D'ailleurs, la soie est un produit bio par essence. Il demande de l'eau chaude et un traitement chimique uniquement pour la teinture, c'est tout. Toute ma vie a été très liée au monde de l'art, maintenant je m'intéresse de plus en plus à l'écologie.» (portrait de Javier Salas)
Géniale touche à tout, la plus populaire des créatrices espagnoles est connue dans le monde pour son expression très personnelle, faite d'optimisme, de couleur, de vitalité. A contre courant du noir et de la non couleur qui dominent les univers de la mode et de la décoration.
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Styliste prodige de la Movida
Toujours habillée de couleurs vives, de pois, de cœ,urs, drôle, éclectique, gourmande, tendre et gentiment loufoque, Agatha Ruiz de la Prada porte l'extravagance avec une rare élégance. Sans jamais se prendre au sérieux. Styliste prodige de la Movida espagnole, elle fait partie de cette génération de créateurs qui, comme le cinéaste Pedro Almodovar ou la comédienne Victoria Abril, ont conquis la liberté de s'exprimer. Amie des artistes et des cinéastes, elle est née, comme eux, avec le Pop Art et une folle envie de joie de vivre. Elle a connu Andy Warhol et Picasso. Enfant, elle jouait avec Tapies qu'elle adore. Elle vivait entourée de toiles de Miro collectionnées par son père, grand amateur d'art moderne. Plus tard, elle s'agenouille un jour devant un Rothko sous les yeux médusés de ses enfants qui sont de tous ses émerveillements. « Je déteste le noir », a toujours martelé la créatrice madrilène. Dans l'histoire de l'Espagne, c'est la couleur du deuil, de la tristesse des villages pauvres et des pages les plus noires de son histoire.
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Avec sa gaité contagieuse, et des créations abordables, Agatha Ruiz de la Prada va conquérir l'Espagne et entrer dans tous les foyers. Avant de séduire le reste du monde.
A la conquête du monde
En 1999, elle fait une entrée remarquée à Paris. Elle ouvre sa boutique haute en couleurs, rue Guénégaud, qu'elle vient tout juste de rénover dans un bleu aquarium très joyeux. Après avoir créé une installation itinérante « robe de mariée en carrelage » à Bilbao Arte, elle fait défiler ses robes fleurs éphémères habillées par Christian Tortu au Carrousel du Louvre, crée des modèles originaux pour Swatch...
Dans le même temps, elle part à la conquête du monde. Très vite, elle entre dans les musées en collaborant à de nombreux événements artistiques. Deux fois par an elle reçoit des artistes espagnols autour de projets communs dans sa boutique. Elle crée les costumes des ouvreuses du Théâtre Athénée Louis Jouvet. Elle va défiler à Paris, à Milan, ouvre une boutique à New York. « Je suis la seule styliste de mode au monde à réaliser des choses aussi différentes que des collections de portes blindées vendues jusqu' en Russie et en Roumanie, des pinces à épiler, des casques de moto, des tapis, des robes, parfums, bijoux, des jouets, du mobilier... », lance-t-elle dans un éclat de rire. Sans compter ses réalisations pour l'opéra et le théâtre et ses nombreuses actions caritatives.
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Créer c'est merveilleux
« Je vis des moments de folie », avoue-t-elle. « Je réalise beaucoup de produits, je voyage tout le temps : le salon du carrelage à Bologne, l'ouverture d'une boutique de portes à Moscou, mes activités à Lyon, la clôture de la saison à Ibiza... Je commence une relation avec une ville, avec un pays et nous construisons une histoire. Les stylistes de mode aujourd'hui multiplient les collections, elles font deux ou trois fois par semaine des choses nouvelles, certaines prennent beaucoup de temps. Mais cela convient bien à ma personnalité. Je suis parfois fatiguée mais cela m'empêche d'être déprimée. J'avais une mère dépressive et le meilleur anti dépresseur que j'ai trouvé c'est le travail, l'adrénaline de l'action, un peu comme une drogue peut être ! Mais créer c'est merveilleux. »
2009, a été pour Agatha Ruiz de la Prada, une des années les plus créatives de sa vie. Avec, en particulier, une grande exposition à la Piscine de Roubaix, musée d'Art et d'Industrie, sur son univers et son processus de création qui lie les arts appliqués aux beaux —,arts. L'exposition « Agatha Ruiz de la Prada : un jardin de corazones » a accueilli 80 000 visiteurs.
Elle crée une banderole pour le Secours Populaire et la convention internationale des droits de l'enfant, une nouvelle poupée, comme chaque année maintenant, pour les « Frimousses des créateurs » de l'Unicef. Elle imagine une collection de pochettes de préservatifs dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre le sida... Elle habille une poupée Barbie pour le 50e anniversaire de Barbie. Imagine des collections de briquets Bic, des boites collector pour Nana. Rien n'arrête sa créativité débridée qui met de la poésie dans les objets les plus banals de la vie quotidienne.
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Murs peints
Aujourd'hui, elle réalise des murs peints à Madrid, à Buenos Aires, à Santiago du Chili, au Pérou. Elle prépare pour janvier prochain les costumes de la pièce de théâtre 'les Fleurs Gelées', une tragicomédie qui sera mise en scène au Théâtre 13 à Paris par Léonard Matton (d'après Ibsen et Strindberg). Une douzaine de petites expositions en France, huit défilés depuis un an (Mexique, Ouzbékistan, Vienne, Ibiza, Séville...). Plus des conférences : à l'université de Rimini, à Turin.
Deux régions du monde font de plus en plus appel à elle : l'Amérique du Sud (Chili, Mexique, Colombie). Elle prépare une collection de 250 produits pour Exito, une filiale de Casino en Colombie, « un pays qui a souffert et mérite qu'on s'y intéresse ». Et l'Europe de l'Est : « tous les anciens pays communistes m'appellent beaucoup (Albanie, Roumanie, Pologne, Géorgie, Ouzbékistan) pour travailler sur des objets et en mode. Sa petite musique joyeuse et colorée apporte une légèreté qui a sans doute longtemps manqué à ces contrées.
Notre entretien se termine. Agatha Ruiz de la Prada, repart, une grosse valise à roulettes à la main, vers de nouvelles aventures. Laissant derrière elle comme un rayon de soleil dans la grisaille de l'automne parisien.
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