Des rues de Kinshasa au triomphe international
En salles le 8 septembre 2010, 'Benda Bilili' raconte la découverte par deux journalistes d'un groupe de musiciens paraplégiques et sans abri à Kinshasa. Ce film hallucinant sur des outsiders qui défient un système qui les définit comme tel est réalisé par Renaud Barret et Florent de La Tullaye, en partenariat avec Handicap International. Il a été sélectionné dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs lors du festival de Cannes 2010.
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Synopsis
Ricky avait un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo.
Roger, enfant des rues, désirait plus que tout rejoindre ces stars du ghetto kinois qui écument la ville sur des fauteuils roulants customisés façon Mad Max. Mais avant tout il faut survivre, déjouer les pièges de la rue de Kinshasa, chanter et danser pour s'évader. Pendant cinq ans, des premières chansons à leur triomphe dans les festivals du monde entier, BENDA BILILI nous raconte ce rêve devenu réalité.
Bande annonce
Intentions des réalisateurs
Quand le disque “Très très fort” sort en mars 2009, la rumeur démarre très
vite. Celle d'un groupe de musiciens composé de 5 paraplégiques et de 3
“valides”, qui vivent dans les rues de Kinshasa et créent, sur des instruments
de récupération, une musique à nulle
autre pareille. Des reporters font le déplacement
pour enquêter sur place et interviewer
le groupe. Ce qu'ils voient et entendent les
bouleverse et le buzz prend de l'ampleur. Puis, en 2009, vient la tournée en
Europe qui donne corps à la légende des Staff Benda Bilili.
L'histoire commence en 2004
L'histoire commence en 2004, dans les rues dévastées de Kinshasa. Dès le
départ, Coco Yakala, chanteur et guitariste de l'orchestre, juché sur son tricycle
customisé, annonce la couleur :
“Un jour nous serons les handicapés
les plus connus d'Afrique”. 5 ans
plus tard, c'est le même Coco
Yakala, arc-bouté sur sa guitare qui
chante “Il n'est jamais trop tard
dans la vie...”, devant le public
ébahi d'un célèbre festival français.
Le miracle a eu lieu, des outsiders
absolus ont forcé le destin.
Les origines d'une légende ont toujours
une part d'ombre. Notre
chance, en tant que réalisateurs, est
d'avoir pu filmer de l'intérieur, l'épopée
chaotique d'un orchestre de la
rue à la poursuite de son rêve, dans
une des villes les plus meurtrie
d'Afrique. Le film brosse par touches
impressionnistes les portraits
d'artistes hors du commun se
débattant dans des conditions inimaginables.
Ricky, Coco, Roger et
Théo sont de véritables “forces de la nature” mues par une volonté sans
faille. Cette volonté forcenée de réussir, ce refus d'abdiquer va permettre au
groupe de garder le cap et de rester uni, au milieu de l'indescriptible chaos
urbain. La narration s'appuie aussi sur la relation fusionnelle qui unit le leader
Ricky à un enfant des rues, Roger, véritable génie de la musique, qu'il
recueille et forme pour la scène.
La rue, c'est le monde très darwinien du Staff Benda Bilili. C'est là qu'ils travaillent,
qu'ils dorment, qu'ils mangent, qu'ils élèvent leurs enfants, qu'ils
créent leurs chansons et qu'ils répètent des nuits entières sous l'oeil admiratif
des enfants abandonnés dont ils sont devenus les “papas” officieux.
C'est le coeur battant du film. Les Staff Benda Bilili, crooners aux voix de
velours usé, ne peuvent être dissociés de cet univers, ni de la situation du
pays. Leur combat, leur fol espoir, c'est celui de toute la population qui dort
avec eux, sur des cartons: enfants des rues, voleurs au grand coeur, putes à 1$,
réfugiés fuyant la guerre, handicapés
réduits à la mendicité... Une humanité
oubliée, mais pleine de ressources
et d'humour, qui est prise en
otage par le pouvoir politique et pour
qui la musique du Staff Benda Bilili
agit comme un baume merveilleux.
Un film sur les outsiders
Benda Bilili ! n'est pas un film musical,
c'est un film sur des outsiders
qui défient un système qui les définit
comme tel. Les chansons ne sont utilisées
que comme des compléments
narratifs. En effet, chaque problème
rencontré par le Staff Benda Bilili
donne naissance à une chanson
qu'ils peuvent tester, en temps réel,
sur les gens de la rue. Le film s'axe
autour de lieux emblématiques. Le
rond-point Sonas dans le centre-ville
de Kinshasa. Une véritable “cours
des miracles” comme une verrue au
beau milieu du quartier des affaires.
C'est le QG du Staff Benda Bilili, la boutique de Ricky, le leader de l'orchestre,
y est ment plantée. Ce coin de trottoir est un véritable carrefour
des destins brisés. Un parlement des crève-la-faim. Le zoo de Kinshasa, jardin en friche, planté de cages en ruine hantées par quelques animaux
faméliques. C'est un monde en soi. Peuplé de shégés (enfants des rues) de
militaires-dealers, de voyous de tout poil. Dans cette ville assourdissante et
asphyxiante, c'est le seul lieu de calme relatif. C'est un lieu de trêve qui agit
comme un sédatif sur les plus violents et parle aussi du paradis perdu des
congolais.
Staff Benda Bilili y répète et décide même d'y enregistrer une partie de leur
album. Il y a aussi les rues de la ville, lieu de la transition, de l'errance du Staff,
de sa “transhumance”. Un environnement physique mouvant, dangereux,
hérissé de piques et de chausse-trappes. Visuellement, c'est l'expression
ultime de la corruption des élites. Trous vertigineux en plein milieu de la
chaussée, lacs d'eaux usées, crevasses générant des embouteillages monstres.
La calme détermination de nos héros et le cliquetis hypnotique de leurs
tricycles s'opposent au fracas de la mégalopole chauffée à blanc qui, elle, ne
sait plus du tout où elle va. A mesure que le succès de l'orchestre se précise,
le peuple de la rue s'échauffe, se mobilise et reprend espoir. Les Benda Bilili
acquièrent des statures de porte-parole de tous les laissés pour compte.
Des trottoirs pouilleux de Kinshasa jusqu'aux clubs branchés de
Copenhague, l'odyssée bancale des Benda Bilili, renverse tous les clichés
sur le handicap et la misère et nous questionne en permanence sur nos propres
limites et notre capacité à rebondir. Renaud Barret & Florent de la Tullaye
Kinshasa
Ancienne Léopoldville jusqu'en 1966, est la capitale et la plus grande ville de la République
démocratique du Congo (RDC). Située sur la rive sud du fleuve Congo, elle fait face à la capitale
de la République du Congo, Brazzaville. C'est la ville la plus peuplée du pays. Elle est également
la plus grande ville d'Afrique subsaharienne. C'est une ville multiethnique.
La République Démocratique du Congo a connu toutes les avanies depuis quarante ans, une
dictature (Mobutu Sese Seko) aux allures de révolution culturelle, une guerre civile, le virus de
la polio. Avec une pauvreté endémique : 95% de la population kinoise survit grâce à une économie
parallèle basée sur l'entraide et la débrouillardise, Kinshasa est le royaume des shégués,
des dizaines de milliers de mômes des rues regroupés en bandes et inlassablement chassés
par la police, parfois tués ou déportés. Ces enfants forment la plus importante communauté
d'exclus de la ville, protégée par les handicapés. Les musiciens de Staff Benda Bilili sont les
consciences toujours en éveil de Kin la Belle, devenue selon un adage locale Kin la poubelle.
- Benda Bilili
- Réalisé par Renaud Barret, Florent de La Tullaye
Avec Cubain Kabeya, Paulin Kiara-Maigi, Roger Landu
- Long-métrage français , congolais
- Genre : Documentaire
- Durée : 01h25min
- Distributeur : Sophie Dulac Distribution
- Date de sortie cinéma : 8 septembre 2010
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