Rodi Kratsa-Tsagaropoulou : Femmes aux postes de direction des entreprises

Rodi Kratsa-Tsagaropoulou est vice-présidente du Parlement européen et membre de la commission des droits des femmes. A l'occasion de la 100 ème Journée Internationale de la Femme célébrée le 8 mars 2011, l'eurodéputée grecque revient sur son rapport portant sur le rôle des femmes aux postes de direction des entreprises.



« 100 ans de combats, 100 ans de rêves et de revendications... Nous devons nous féliciter des résultats obtenus et continuer vers la réalisation de nos objectifs d'égalité des chances et de parité », explique la vice-présidente du Parlement européen Rodi Kratsa-Tsagaropoulou (Parti populaire européen). L'eurodéputé grecque revient sur son rapport portant sur le rôle des femmes aux postes de direction des entreprises.

- Qu'est-ce qui empêche les femmes de devenir chefs d'entreprises?

Rodi Kratsa-Tsagaropoulou : Le parcours professionnel d'un cadre au sein d'une entreprise exige de la part de celui-ci qu'il se soumette à de sérieuses exigences. Or, les femmes, connaissent traditionnellement des obstacles tels que le manque de temps ou l'absence de motivation nécessaires pour s'investir dans la vie de l'entreprise et s'adapter au climat compétitif qui y règne, particulièrement en raison de la difficile conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle. Toutefois, nous constatons peu à peu l'arrivée de femmes ambitieuses et déterminées au sein des instances dirigeantes des entreprises.

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Quel est l'objet de votre rapport 'Women and Business Leadership'?


RKT : Notre objectif est de promouvoir les femmes qualifiées et compétentes qui souhaitent parvenir au sommet de la hiérarchie des moyennes et grandes entreprises, de leur rendre accessibles des postes où les femmes sont aujourd'hui minoritaires.

La participation équilibrée des hommes et des femmes dans les conseils d'administration des entreprises n'est pas seulement une question d'éthique ou de justice sociale, c'est aussi une question de performance économique des entreprises et d'obtention de meilleurs résultats commerciaux et économiques. Il y a déjà eu une prise de conscience et des mesures ont été prises, comme les échanges de bonnes pratiques entre les entreprises ou la création de réseaux professionnels de femmes-cadre. Mais ces initiatives se sont avérées peu convaincantes et n'ont pas réellement offert aux femmes de nouvelles opportunités ou une facilité d'accès aux postes de direction. Je crois que désormais il est impératif d'envisager des mesures plus ambitieuses et efficaces afin d'aboutir à des résultats tangibles. En effet, en parallèle de ces initiatives, un élément déclencheur est aujourd'hui indispensable afin d'inverser la donne. C'est l'objet de mon rapport, lequel propose que la Commission européenne procède à un état des lieux de la situation des femmes occupant des postes au sein des instances dirigeantes des entreprises, dans les différents Etats membres, encourage des initiatives puis, le cas échéant prenne les mesures adéquates, mesurables et contraignantes.

- Que pensez-vous des politiques de quotas?

RKT : Une solution pourrait en effet être que le législateur établisse des quotas, si les entreprises n'arrivent pas à prendre des initiatives et appliquer leur feuille de route. Mais il faut avant tout prendre en considération la diversité de la réalité européenne afin d'espérer atteindre le seuil de 40% d'ici 2015 par exemple, car tous les pays n'avancent pas au même rythme dans ce domaine: certains sont très loin de ce seuil alors que d'autres l'ont pratiquement atteint, grâce à des mesures proactives prises par les entreprises elles-mêmes ou les Etats membres. De plus, il ne faut pas oublier que dans certains secteurs professionnels, les femmes seraient traditionnellement moins représentées: en l'absence de femmes, il est difficile d'en imposer 40%, il faut donc que cet objectif soit accompagné, tout au long de la carrière, d'une politique proactive. A cela, ajoutons enfin le rôle des médias et du système éducatif pouvant influencer l'évolution des esprits.

- Quelles sont vos suggestions pratiques pour les jeunes femmes qui ont pour ambition de faire carrière ?

RKT : Les femmes qui ont l'ambition d'accéder au sommet doivent faire des sacrifices, à croire en leur potentiel et à affirmer leurs ambitions. Il est impératif d'envisager des mesures qui permettent aux femmes de concilier la vie professionnelle à temps plein et la vie familiale, mais il est attendu des femmes de faire des concessions comme se déplacer régulièrement, ne pas avoir d'horaires fixes, faire face à des imprévus etc. Nous ne sommes cependant pas les seules.

Les hommes, comme les femmes, ayant opté pour un tel parcours professionnel doivent le faire en connaissance de cause.


Pour voir le profil de Rodi Kratsa-Tsagaropoulou, cliquez ici

Source : Parlement Européen



Par Nicole Salez

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