Samedi et dimanche 12 et 13 mars 2011, le Festival de l'Imaginaire accueille la musique mexicaine avec 'Musiques de Fiesta' à la Maison des Cultures du Monde (MCM), à Paris. L'occasion de (re)découvrir le 'son' dans tous ses aspects. Présentation par l'artiste Leopoldo Novoa.

'Le Mexique s'illustre par la diversité de ses langues et de ses expressions culturelles. Mais toutes partagent un principe commun, fondamental : la fête, dans son sens collectif et rituel. Qu'on l'appelle fandango, huapango, fiesta ou encore mayordomía, la fête est présente partout, à la campagne, dans les faubourgs des grandes villes et jusque dans les communautés d'expatriés, et la musique y occupe une place centrale car elle lui est consubstantielle. Il en était ainsi à l'époque préhispanique et cela a continué pendant la colonisation et jusqu'à aujourd'hui.
Les musiques traditionnelles du Mexique sont généralement désignées par le terme son auquel est adjoint un qualificatif qui en précise l'origine géographique, linguistique ou culturelle. Au XVIIe siècle, la musique baroque espagnole était appelée son barroco et c'est sans doute de là que vient ce terme. Mais au Mexique, le son s'est enrichi de bien d'autres apports, notamment amérindiens et africains. Car si au début de la colonisation, la musique jouée d'une région à l'autre n'offrait guère de différences, le temps passant, les coutumes et les traditions propres à chacune imprimèrent leurs marques et donnèrent naissance à une variété de styles qui constituent aujourd'hui l'une des grandes richesses de la culture mexicaine. Ainsi, dans la région de Veracruz (la Jarocha), les groupes de son jarocho comprennent une guitare jarana, une guitarra de son, une harpe, un tambourin pandero et une quijada de caballo (mâchoire de cheval) , dans la Tierra Caliente (États du Michoacán, du Guerrero et de Mexico), le son calentano se danse sur un plancher en bois de fromager placé sur un trou creusé dans le sol, aux sons des violons et des guitarras sextas.
Le son de la Huasteca vient des États de Tamaulipas, Hidalgo, Veracruz, San Luis Potosi et la Sierra Norte de Puebla. À côté d'une estrade en bois servant de piste de danse, un trio composé d'un violon, d'une guitare huapanguera et d'une jarana huasteca joue des sones de costumbre, danses d'origine préhispanique, chante des poèmes en tenec, en nahuatl ou en espagnol, ou encore des sones de huapango pour accompagner les couples de danseurs. Le Trio Colatlán est un des meilleurs représentants de cette tradition du son huasteco.
Le son arribeño est originaire des hauts-plateaux de Queretaro et de San Luis de Potosi. Il nécessite au moins un violon et deux types de guitares : une vihuela et une guitarra quinta huapanguera. Celle-ci est l'instrument du trovador, le poète-chanteur capable d'improviser des décimas (dizains) sur différents thèmes, l'amour, la nature et surtout des chroniques et des satires sociales. Ces improvisations peuvent donner lieu à des topadas, joutes poétiques et musicales où, pendant toute une nuit, deux trovadores et leurs musiciens respectifs s'affrontent en vers et en musique de part et d'autre du plateau de danse. Tenu en haleine, le public profite des intermèdes musicaux pour monter sur le plateau et danser. Le trovador Guillermo Velázquez et ses Leones de la Sierra del Xichú sont les plus fameux détenteurs de cette tradition vivante.
Le fandango de artesa est une fête rituelle des communautés afro-métisses de la Costa Chica (États de Guerrero et d'Oaxaca). Il est né de la rencontre entre les traditions locales amérindiennes avec celles des palenque, colonies de Noirs marrons, et des populations amenées d'Asie orientale par le Nao de la China, un galion espagnol qui assurait la liaison entre la Chine, Manille et Acapulco.
Au XVIIe siècle en effet, le Mexique entretenait des échanges maritimes permanents avec le reste du monde. À l'est, les navires marchands qui sillonnaient la mer des Caraïbes depuis les côtes de l'Afrique, les Canaries et la péninsule ibérique accostaient à Veracruz apportant avec eux un ensemble d'influences culturelles. De l'autre côté, les galions en provenance des Philippines débarquaient à Acapulco les trésors de l'Orient convoités par les Espagnols. Notre culture fut ainsi un creuset de traditions et de pratiques qui n'ont cessé de s'élaborer et de se mélanger depuis le xvie siècle jusqu'à nos jours et le fandango de artesa en est un des exemples les plus frappants.
À l'occasion des baptêmes, noces, anniversaires, ou de fêtes religieuses comme celle de l'apôtre Saint Jacques, musiciens, chanteurs et danseurs se rassemblent autour d'une grande caisse en forme d'auge renversée et appelée artesa. Celle-ci est fabriquée dans une seule pièce de bois de 3 à 4 mètres de long et 50 cm de haut. Elle est ornée à ses extrémités de sculptures de têtes d'animaux. Les danseurs ou danseuses montent dessus pour exécuter des figures en relation avec le thème qui est chanté tout en marquant le rythme de leurs pieds nus. L'accompagnement musical est assuré par un violon, un grand cajon frappé à mains nues et une guacharrasca, hochet cylindrique en bois de guarumo. Le répertoire comprend des sones de artesa et des chilenas de artesa. Les chansons, en forme de coplas ou de seguidillas, ont pour sujets les femmes, la passion amoureuse, les animaux, ou des plaisanteries sur la vie quotidienne.
Aujourd'hui encore, la musique traditionnelle du Mexique conserve dans ses rituels le sentiment profond des cultures qui l'ont fait naître. Elle resserre le tissu social au sein des communautés et leur permet ainsi d'affermir l'expression de leur identité.'
Leopoldo Novoa
'Musiques de Fiesta'
Samedi 12 mars à 20h - Dimanche 13 mars à 17h
Son arribeño avec Guillermo Velázquez y los Leones de la Sierra de Xichú (en tournée : à l'Opéra national de Lyon le jeudi 17 mars) - Guillermo Velázquez, chant et guitare huapanguera accompagné des musiciens, chanteurs et danseurs : María Isabel Flores, Vincent Velázquez, Javier Rodríguez, Mario González, Joel Monroy.
Son huasteco avec El Trío Colatlán de Don Heraclio Alvarado, Osiris Ramses Caballero, violon et chant, Jesus Castro Andriano, jarana et chant, Santiago Fajardo Hernández, guitarra huapanguera et chant
Son de artesa avec El Ciruelo d'Efrén Mayrén, Don Efrén Mayrén, chant et percussions, accompagné des musiciens : Tirso Pablo Salinas Palacios,
Tirso Salinas Juárez Dulce, María Santos Sandoval, et des danseuses et danseurs de Baile de artesa : Edgar Ivan Mayrén Hernández, Román Isaac Hernández Mariano, Josué Alexis García Mayrén, Alma delia Mayrén Cruz Santa Reina Escari Palacios Cruz, Jaime Enrique Laredo Toscano
Projection de documentaires sur le son huasteco et le son de artesa
Dimanche 13 mars à 15h
- ¡ Soy Carnavalero ! de Aidée Balderas, espagnol sous-titré en anglais, 2010, 30 mn.
- Le carnaval dans le village de Colatlán, État de Veracruz : temps de la danse, de la musique du rire et de la transformation...
- Son de artesa de Sandra Luz López Barroso, 2008, 27 mn. Un point de vue intimiste sur cette tradition afro-métisse de la Costa Chica.
- Dimanche 13 mars à 15h : Projection de documentaires sur le son huasteco et le son de artesa - entrée libre
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- Festival de l'Imaginaire 2011
- 10 mars-15 juin 2011
- Maison des cultures du monde
101, boulevard Raspail
75006 Paris 6e
- Accès
Métro Saint-Placide, Notre-Dame des Champs
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Site du festival :
www.festivaldelimaginaire.com
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