Au musée du quai Branly
Du 30 mars au 18 juillet 2010, l'exposition 'Autres maîtres de l'Inde' au musée du quai Branly présente, pour la première fois en France, les productions matérielles, quotidiennes, artistiques et religieuses les plus représentatives des populations indiennes dites 'Adivasi'. Développées à la marge des grandes communautés hindoues, ou dans l'isolement le plus complet, ces populations autochtones et 'folk' couvrent la totalité du pays. Parcours de l'exposition.
SECTION 1 : LES REPRESENTATIONS DE l'INDE « ADIVASI »
Cette section est consacrée à la représentation des communautés tribales sur les lithographies,
les gravures, les photographies, les calendriers, les photos de films, etc.
SECTION 2 : LES PEUPLES
Dix univers présentent, de manière non linéaire, les peuples Adivasi. Chacun de ces peuples est
alors caractérisé par ses productions matérielles rituelles et artistiques.
*BUTHA :
DEMEURES D'ESPRIT EN BOIS
L'exposition présente des sculptures en bois du culte des
bhuta provenant du Crafts Museum de New Dehli , ainsi qu'un
ensemble de masques en bronze, et d'autres objets, comme
des armures, appartenant à des collections privées.
Le culte des bhuta —, les esprits des ancêtres, des parents et
même des animaux disparus —, est très répandu dans le sud du
district de Kannara, dans l'État du Karnataka, en Inde
méridionale. S'ils sont offensés, ces esprits, habituellement
bienveillants et protecteurs, peuvent exercer une influence
malfaisante. Pour jouir d'une bonne santé et disposer
sereinement de ses biens, mais aussi pour éviter les
préjudices causés par le courroux de ces esprits, il faut vouer
un culte à leurs images.
*NICOBAR :
MONDE MAGIQUE DE GUÉRISSEURS
Habitant les îles Nicobar, un archipel du sud-est du golfe du Bengale, les
Nicobarais sont essentiellement horticulteurs.
Leurs sculptures sont liées à la tradition orale et au mythe des
origines nicobarais. Dans leur conception du monde, ils habitent les
royaumes de la mer, de la terre et du ciel, qu'ils traversent via la sphère
magico-religieuse.
Ces créations anthropomorphes sont les esprits des êtres vivants, des
éléments naturels, voire même des objets du quotidien. Ils vivent avec
les êtres humains ou leur rendent visite d'un autre monde. Dans les
maisons, les esprits des ancêtres de la famille habitent les sculptures
et font ainsi partie intégrante du cadre domestique : les habitants
d'aujourd'hui vivent donc en harmonie avec ceux des autres mondes,
représentés par les images. Collectivement, les sculptures nicobaraises permettent d'établir un lien avec le passé, dans lequel
la notion du temps est subordonnée à l'origine mythique commune et aux croyances d'une vie
après la mort propres à leur société. Les frontières entre passé, présent et avenir sont perméables.
Les Hentakoi sont des panneaux peints réalisés avec des couleurs organiques pour évoquer les
éléments naturels, tels les ancêtres que sont le soleil et la lune. Ils constituent des repères tangibles
dans un monde peuplé d'esprits. Bien qu'ils se soient convertis au christianisme, les Nicobarais ont
conservé certains aspects spécifiques de leur culture.
Les objets du début du 19e siècle présentés ici comprennent certaines des pièces les plus anciennes
connues, datant d'une époque antérieure aux premières influences extérieures sur cette culture.
*GOND ET KONDH :
LA FORÊT COMME ANCÊTRE
L'exposition propose de découvrir deux groupes de statuettes autochtones, figurines de culte,
en bronze, accompagnées d'objets de la vie quotidienne appartenant aux collections du musée
du quai Branly, ainsi que des sculptures contemporaines de grande taille, réalisées par
différents artistes. Toutes illustrent les zones Kondh (Orissa) et Gond (Chhattisgarh).
Concentrés surtout dans la province du Bastar, les Gond se
répartissent en de nombreux sous-groupes tels que les Maria, les
Muria et les Dorla. Cet ancien royaume composé de communautés
tribales éparpillées sur d'immenses forêts, entretenait autrefois
d'étroites relations avec l'État voisin de l'Orissa, le pays des Kondh,
d'où des divinités indigènes, en particulier la Déesse Mère, ont atteint
Jagdalpur, la capitale régionale.
Cette tradition perdure pour la fête de Dussehra, quand des
communautés tribales très éloignées se retrouvent, apportant avec
elles les images votives de leurs divinités. Le terme « Gond » vient
peut-être du mot telugu konda, qui renvoie aussi aux Kondh.
*AYYANAR :
FIGURES VOTIVES EN TERRE CUITE
Dans l'art indien des « terracotta », rien n'est plus impressionnant que les gigantesques figures
équestres dédiées à Ayyanar, le dieu puissant qui, selon les croyances de la population du Tamil
Nadu, protège les villages des esprits malfaisants. Les sanctuaires à ciel ouvert qui lui sont
consacrés se trouvent souvent près d'étangs, à la limite des villages, voire sur les grandes routes.
Des images d'Ayyanar, souvent entouré de ses deux épouses
Purani et Purselai, sont placées au centre du sanctuaire,
entourées de chevaux, d'éléphants, de boeufs, de vaches, de
chiens et de statues de gardes et de guerriers.
Ces figures votives sont offertes par les fidèles en remerciement
de la protection d'Ayyanar dans des circonstances difficiles. Le
dieu mène sa chasse nocturne contre les esprits maléfiques avec
son cortège de chevaux et de guerriers.
Les anciens sanctuaires se situent dans les districts de Cuddalore,
Madurai, Vellupuram et Pudukkottai. Les chars équestres des
gardes et des guerriers, dont la hauteur peut atteindre cinq
mètres de haut, donnent une impression d'extrême stylisation en
raison de leur construction modulaire alliant tournage et
modelage à la main.
*SARGUJA :
OÙ LES MURS RACONTENT DES HISTOIRES
Les sculptures d'argiles, sur armature architecturale de bambou ou de bois présentées ici ont
fait l'objet d'une commande spéciale pour l'exposition.
Les fermiers rajwar de la région de Sarguja, au Chhattisgarh, ont coutume de fabriquer de grands
récipients d'argile pour conserver le grain, qu'ils agrémentent de reliefs rehaussés de motifs colorés.
Entre l'espace ouvert de la cour intérieure de leurs maisons et l'espace privé des pièces
d'habitation, ils installent des paravents ajourés composés d'anneaux de bambou enduits d'argile,
empilés les uns sur les autres et soigneusement blanchis à la chaux. En improvisant à partir d'un
vocabulaire traditionnel de formes et de techniques, les femmes de la région créent dans toute la
maison un véritable univers de motifs décoratifs, de personnages humains, de dieux, d'oiseaux
et d'animaux, notamment à l'occasion de la fête de la moisson.
*MOLELA :
« VILLAGE ! VILLAGE ! SEULEMENT 75 ROUPIES ! »
Des panneaux d'argile naturelle ou colorée sont exposés en composition murale ou en pièce
individuelle, comme ils le sont dans certains temples du Rajasthan.
Plusieurs régions méridionales du Rajasthan accueillent de
très nombreux devras, petits sanctuaires consacrés aux
ancêtres disparus, héros et veuves qui se sont immolées
(les satis), mais aussi aux dieux et déesses locaux
représentés en relief et sous leur forme anthropomorphe
sur des plaques de terre cuite.
Elles sont l'oeuvre des seuls potiers de Molela, un village
proche de la ville de Nathadwara. Un vieux potier raconte
ainsi l'origine de cette pratique : Dev Narayan, une des
divinités les plus importantes de la région, est apparu en
rêve à l'ancêtre commun des potiers sous la forme d'une
ombre. Associant les ombres au relief, les potiers se sont
alors mis à façonner leurs divinités en relief.
*RATHAVA :
LÉGENDES PEINTES
Les montagnes et les forêts des districts de Vadodara et Panchmahal, au Gujarat, dans l'ouest de
l'Inde, abritent un grand nombre de tribus rathava. Les Rathava pratiquent une agriculture
rudimentaire tout en élevant du bétail, des chèvres et des volailles. Pithoro est une de leurs
divinités majeures. Ce dieu, dont la légende est illustrée sur le mur central des maisons, joue un
rôle capital dans le mythe de la Création, raconté en remerciement d'un voeu exaucé.
Pour une telle cérémonie, les hommes de la
communauté réalisent des peintures colorées
qui représentent l'empire céleste des dieux.
La partie centrale de la peinture est consacrée
au cortège nuptial de Pithoro, comprenant
plusieurs figures équestres.
Les corps célestes sont représentés dans la
partie supérieure, et toute la moitié inférieure
de la peinture décrit le mythe de la Création où
sont illustrés la terre, le premier fermier, le
vacher, le marchand, le chaman, la première
vache, le premier taureau, etc.
*SANTHAL :
THÉÂTRE DE PERPÉTUITÉ
Les sculptures sur bois (masques et instruments de musique) et les rouleaux peints, pouvant
atteindre jusqu'à 7 mètres de long, racontent différents mythes fondateurs de la culture
Santhal.
Concentrés pour l'essentiel aux frontières des États du Bengale-Occidental, du Jharkhand, du Bihar
et de l'Orissa, les Santhal appartiennent à l'une des tribus les plus importantes de l'Inde. Au
Bangladesh et au Népal voisins, ils vivent en petits groupes, minoritaires et isolés.
*NAGA :
LES GUERRIERS REVISITÉS
Les villages montagneux des Naga sont représentés à travers des oeuvres exceptionnelles
comme des statues de guerriers en bois, des bijoux et des vêtements d'apparat, ainsi que des
tenues guerrières.
Naga est un terme générique qui désigne les tribus établies dans le nord-est de l'Inde, réparties
entre les États du Nagaland, du Manipur, de l'Assam et de l'Arunachal Pradesh, jusqu'aux
montagnes du Myanmar. Ces communautés guerrières, qui vivent dans les montagnes, repliées sur
elles-mêmes, à l'exception de contacts avec les Ahom de l'Assam, ont résisté à toutes les intrusions
jusqu'en 1878, date à laquelle les Britanniques annexèrent ces régions. D'anciens textes indiens les
mentionnent sous le nom de Kirata, le peuple à la peau cuivrée. Les Naga, bien que partageant une
même culture, parlent des langues différentes de la famille tibéto-birmane.
De tradition animiste, les Naga voyaient dans le rituel une façon de comprendre leur monde en
perpétuelle transformation.
*WAGHRI :
UN HOMMAGE EN MOUVEMENT
Un textile de temple de 5 mètres de long réalisé par la communauté nomade Waghri du Gujarat
est ici exposé. Mata-ni-Pachedi est le nom donné aux tentures de temple que réalise la
communauté nomade waghri, incluant notamment les Bhangi, les Dhed et les Rawalia originaires
du Gujarat. Le terme Mata-ni-Pachedi vient des mots gujarati Mata (« déesse »), ni (« appartenir à »)
et Pachedi (littéralement « derrière »).
Quatre des cinq panneaux narratifs qui représentent la Déesse Mère, Mata, Devi ou Shakti, faisaient
office de châsse transportable où l'on installait la divinité pendant les déplacements. Un Chandarvo
- toile circulaire - formait le dais de cette châsse. Quand la communauté s'est sédentarisée, les
tentures de la châsse ont pris place dans le temple comme tentures artistiques narratives.
Les chitaras peignaient ces tentures, les bhuvo, ou bhuva, étaient les prêtres qui procédaient aux
rituels, et les jagoria, les chanteurs qui interprétaient ces tissus.
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Les visiteurs pourront également admirer 3 pièces particulièrement impressionnantes : un
serpent en bois long de 6 mètres, un palanquin en bois et tissus et une sculpture Bastar de tigre
en terre-cuite peinte. Ces trois sculptures sont issues des collections du musée de l'Homme de
Bhopal en Inde.
SECTION 3 : LES ARTISTES CONTEMPORAINS
Cette troisième et dernière section propose de découvrir une série de peintures populaires
contemporaines prolongée par une sélection des oeuvres de deux artistes contemporains
mondialement connus, et présents au plus haut niveau du marché de l'art : Jivya Soma Mashe
(tribu Warli / Thane district) et Jangarh Singh Shyam (peuple Gond / Madya Pradesh). Leurs
oeuvres sont présentées de façon monographique.
*LA PEINTURE TRIBALE CONTEMPORAINE :
DE NOUVELLES VOIX
En trente ans, du fait de la création du musée d'art tribal de Roopankar au sein du Bharat Bhavan,
de l'Indira Gandhi National Museum of Art et du Madhya Pradesh Adivasi/Lokakala Parishad —, tous
trois à Bhopal —,, de nombreux artistes issus des communautés tribales pardhan gond et bhil se sont
installés en ville pour y exercer leur art. Ils sont aujourd'hui plus de cent cinquante.
L'expérience de la vie citadine, les contacts avec les acteurs de l'art institutionnel, la
découverte du marché de l'art et de matériaux modernes leur ont ouvert de nouveaux horizons
d'expression visuelle.
*JIVYA SOMA MASHE :
DE L'INTEMPOREL AU CONTEMPORAIN
*JANGARH SINGH SHYAM :
L'INITIATEUR D'UNE TRADITION
Musée du quai Branly : Autres maîtres de l'Inde
--------------------------------------------------------------------------------------------- Autres maîtres de l'Inde - Créations contemporaines des Adivasi
- Musée du quai Branly
- 30/03/10 - 18/07/10
- Galerie Jardin
- www.quaibranly.fr
- Tél : 01 56 61 70 00 / contact@quaibranly.fr
- Horaires d'ouverture :
Mardi, mercredi, dimanche : de 11h à 19h - Jeudi, vendredi, samedi : de 11h à 21h -
Fermeture hebdomadaire le lundi, sauf durant les petites vacances scolaires (toutes zones)
- Accès : L'entrée au musée s'effectue par les 206 et 218 rue de l'Université ou par les 27 ou 37 quai Branly,
Paris 7e. Accès visiteurs handicapés par le 222 rue de l'Université.
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