Edouard Molinaro - Intérieur Soir

Le récit d'un cinéaste hors du commun

Avec 'Intérieur soir' qu'Edouard Molinaro vient de publier (éditons Anne Carrière), le cinéaste revient sur une carrière commencée il y a cinquante ans. Lui qui a connu des succès commerciaux énormes et fait tourner les plus grandes vedettes de la seconde moitié du XXe siècle, porte un regard mesuré et non dénué d'humour, sur un itinéraire exceptionnel.

Brigitte Bardot, Alain Delon, Annie Girardot, Louis de Funès, Claude Brasseur, Emmanuelle Béart... et tant d'autres auront rythmé la carrière d'Edouard Molinaro. Ce cinéaste qui vient de publier ses mémoires « Intérieur soir » (éditons Anne Carrière), n'est jamais là où il pourrait être attendu.

Avec Jeanne Moreau, Bordeaux - 1996


A voir sa filmographie, on pourrait l'imaginer sûr de lui-même, voire un tantinet arrogant, comme cela se pratique volontiers dans le monde du show biz. N'a-t'il pas réalisé près d'une quarantaine de films qui ont, pour beaucoup, marqué leur temps ?

Il n'en est rien. Edouard Molinaro, tout en réserve, sourire, voix douce donne l'impression d'être presque étonné. « Intérieur soir » le titre de l'ouvrage qui rappelle les indications formulées dans les tournages, est aussi révélatrice de l'homme : intériorisé... et puis cumulant quelque 50 années derrière la caméra.

Ce cinéaste qui a réalisé des films considérés comme des sommets du rire, dit ne jamais rire. « Mais cela ne veut pas dire ne pas m'amuser » précise-t'il. Edouard Molinaro parle de son « rire intérieur». D'ailleurs de ses grands succès commerciaux —, Oscar avec Louis de Funès, ou la Cage aux folles avec Michel Serrault et Ugo Tognazzi, il ne garde que des souvenirs mitigés, voire franchement désagréables. De Funès a suspendu le tournage. Explication : « Reproche suprême ! Je ne riais pas quand il jouait la comédie ». Quant à Tognazzi il a endossé le rôle de la diva. « Il refusait de parler français comme son contrat le prévoyait. Il n'apprenait plus son texte et inventait des répliques. »

Michelle Morgan, Le Tiroir secret - 1985

A la fin des années 1950 le cinéma s'entiche de la « nouvelle vague », Molinaro continue sur sa lancée. «J'espérais me rapprocher du modèle américain de cette époque, dans la veine du polar. Les réalisateurs de la nouvelle vague venaient de la critique, de l'écriture. Je venais de la technique ».

De même, dans les années 1970, il tourne pour la télé, au grand dam de ses producteurs. « J'aime les beaux textes. Et seule la télévision était en mesure de donner une place à Colette, Balzac, ou Stephan Zweig ».

Ses plus beaux souvenirs, ses films préférés restent « Mon oncle Benjamin » l'histoire de ce médecin du XVIIIe siècle, un brin libertin, incarné par Jacques Brel , plus récemment le Souper et Beaumarchais auquel Luchini prête sa voix et sa diction si particulières. « Ces trois films sont liés à l'esprit des Lumières. C'est là ma culture et mon goût. »

Mon Oncle Benjamin - 1969





-Intérieur Soir, par Edouard Molinaro
-Ed. Anne Carrière
-Novembre 2009
-306 pages



Par Elsa Menanteau

Portrait de admin

Ajouter un commentaire