Le couturier Franck Sorbier nous éclaire sur ses sources d'inspiration pour la collection automne-hiver 2009-2010 présentée le 8 juillet dernier dans les locaux du prestigieux studio Harcourt, à Paris.
Jamais deux sans trois
Toujours pas de pétrole...., mais le moral, l'enthousiasme, les idées et quelques amis sont au rendez-vous.
J'ai toujours été obsédé par le portrait qu'il soit peinture, photographie, dessin ou sculpture.
Lorsque je dessine je commence toujours par la tête, je continue la figurine si elle est réussie dans le cas contraire c'est la corbeille à papier.
J'ai tout d'abord pensé à une collection de portraits textiles en hommage à Enrico Baj.
Je me suis souvenu de la fameuse réplique d'Arletty à Louis Jouvet dans Hôtel du Nord « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'Atmosphère ? » .
Sans oublier la célèbre chanson interprétée par Johnny Hallyday « Quoi ma gueule, qu'est ce qu'elle a ma gueule ».
La langue française est riche en expression concernant la figure.
Le titre sera « Gueules d'Atmosphères ».
Tout comme pour les « Pasionarias » et « La Haute Couture n'est plus ce qu'elle était... So what !!. » les choses s'enchaînent naturellement.
Andréa Ferréol comédienne à la ville comme à la scène est la marraine au poil ! C'est d'ailleurs elle qui me met en relation avec Catherine Renard du prestigieux studio Harcourt, qui dans un premier temps me fait l'honneur de me tirer le portrait comme on dit.
Le studio Harcourt s'avère être le lieu idéal pour présenter ce dernier volet d'une trilogie qui me mène un peu plus encore hors des sentiers battus, heureusement Isabelle
*NDLR: Isabelle Tartière
est à l'image de toutes ces collections : héroïque.
Cartier qui en associant son nom au mien depuis de nombreuses années me déballe le tapis rouge, réponds cette fois encore, présent.
Grâce à des amis communs, je rencontre Anne Asensio de Dassault Systèmes. Rendez-vous est pris c'est le coup de foudre, c'est de cette rencontre que naîtra l'idée d'une invitation sous forme de DVD.
Et la gueule de mon avatar, une façon humoristique d'être narcissique et en corrélation avec l'histoire !.
Cette saison je me la joue apprenti artiste, j'aime cette idée imaginer et faire naître d'un tas de choses disparates, un objet, une robe, une émotion, une envie.
A chaque fois, c'est ce même sentiment, l'excitation de se découvrir de nouvelles ressources, de nouvelles possibilités.
Et puis, c'est trop marrant de chahuter la vénérable grande dame.
Mes premiers élans créatifs sont allés vers l'objet c'est ainsi que les mannequins en bois qui héroïquement servis pour toutes les prises de vues du livre Franck Sorbier « La couture corps et âme », ont trouvé une seconde vie dans cette nouvelle collection.
J'ai passé des heures à recouvrir l'un d'entre eux de chromos tendres et colorés, l'autre discret et timide laisse la vedette à un peignoir de star, il attend son heure.
En d'autres lieux, je fouine, j'emporte, j'associe des éléments qui deviennent des gueules et j'enfile l'habit d'assistant à la soudure et je regarde les gestes experts, ici c'est le chalumeau qui remplace l'aiguille. Je chine des encadrements or, ils m'inspirent des titres et les tronches qui iront dedans, j'en tapisse un de billets de banque achetés à Lyon lors du montage de l'exposition.
Les sacs à café et les sacs de shopping continuent à m'inspirer.
Dix ans de haute de couture sans robe ça n'aurait pas été un vrai Anniversaire, il faudra aller à l'essentiel because « no money No budget............. ! »
La compression tire sa révérence avec une petite robe de bal noire en rubans de fonds de tiroirs, la broderie maison du long manteau en velours bordeaux dans lequel Edith Sitwell aurait aimé s'envelopper épuise les derniers mètres de fils chenille, on vide les bacs d'échantillons tout ce qui est noir est découpé, mélangé, réinventé, pour que cette Arletty d'aujourd'hui soit plus vraie que nature.
C'est la fin de quelque chose ! Cette saison plus que jamais j'ai souhaité rendre hommage à la création, à ses acteurs et à une forme de culture qui est ma maison de vivre.
J'ai fait ce que je voulais avec les moyens du bord, en toute liberté, car je n'ai de compte à rendre à personne et si, depuis des années, j'ai pu me le permettre, c'est parce que je suis bien accompagné !
Et pour finir sur une note d'humour car j'espère bien que vous aurez souri, si d'aventure vous vous reconnaissiez, ne soyez pas étonnés mais n'allez pas croire pour autant que j'ai voulu me payer votre tête ! - Franck SORBIER
- Franck Sorbier: collection automne-hiver 2009-2010
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