La féria de Nîmes, s'impose année après année, comme une capitale culturelle de la littérature taurine. Du 27 mai au 1er juin 2009.
Nîmes est en effervescence, sa féria de Pentecôte commence officiellement jeudi 28 mai pour cinq jours de folie qui amèneront les festayres des arènes aux bodegas. De bodega en bodega, les nuits vont être courtes. Ça, ce sont les apparences.
Car au fil des ans, Nîmes s'impose, pendant cette petite semaine, comme une capitale à part entière de la culture taurine sous toutes ses formes. On ne compte plus les expositions de photos, de peintures, de sculptures. La moindre salle, ayant pignon sur rue, offre ses murs pour accrocher des artistes taurins. Les librairies ouvrent leurs portes tard dans la nuit pour faire connaître les livres fraîchement édités pour l'occasion.
La tauromachie est, en effet, une source d'inspiration jamais tarie pour les artistes, toute discipline confondue. Ce sont les écrivains qui, sans doute, ont le plus contribué à cet essor. Il faut dire que de grands auteurs se sont penchés sur son cas, Georges Bataille, Michel Leiris, Henri de Montherlant ou encore Jean Cau. Avec cette féria, coïncide la réédition de « Sévillanes », un chant d'amour composé par Jean Cau pour Séville, la ville la plus élégante ville d'Andalousie.
Avant la corrida, les aficionados pourront flâner place de la Calade, à la galerie-librairie de Philippe Pannetier. Cette dernière propose des rencontres à thème tous les jours de 15 h à 18 h. Jeudi, les revues d'art de Nîmes seront à l'honneur, en présence des artistes qui ont participé à leur élaboration. Vendredi, Laure Adler présentera Bruno Tackels qui vient d'écrire une biographie de Walter Benjamin.
Tout cela au son d'un bugle qui jouera la jota.
Samedi, le poète suisse Pierre Imhasly animera les débats, entouré d'une cuadrilla de luxe composée de Jacques Durand, Jacques Maigne, Alain Montcouquiol et Claude Viallat.
Dimanche 31 mai, ces rencontres se termineront avec Rodolphe Huguet, artiste, lié aux territoires incongrus-cocasses-improbables comme l'écrit Pascal Beausse , il vous ouvrira son livre.
En se rapprochant des arènes, faire le tour par la rue des Arènes. La Boutique des Passionnés, institution arlésienne, ouvre librairie à Nîmes le temps d'une feria. Jean et Catherine reçoivent avec chaleur. Ils connaissent tout de la littérature taurine, des dernières parutions aux éditions plus anciennes. S'ils n'ont pas le livre en stock, ils savent s'il existe encore et si on peut le commander. Catherine Le Guellaut, outre son métier de libraire, a écrit de très jolies nouvelles dans un recueil « Les taureaux rêvent aussi ». C'est un lieu où l'on peut farfouiller en toute quiétude.
Alentour, des séances de signatures sont organisées. Les écrivains courent d'une table à une autre, dans un joyeux foutoir et en pleine bonne humeur.
L'apogée de cette culture taurine est sans nul doute la remise du Prix Hemingway, qui couronne la meilleure nouvelle d'un concours organisé par les éditions du Diable Vauvert, soutenu par Simon Casas, le patron des arènes. Un jury, présidé par Laure Adler, se réunit le vendredi à midi pour un vote qui déterminera le gagnant de l'année. La remise du prix se fait solennellement sur le sable, après la course du vendredi soir. L'intéressant dans toute cette affaire est que les nouvelles sélectionnées sont publiées et surtout sont lues dans des endroits aussi improbables que les chiqueros (sorte de boxe où sont les taureaux avant la corrida), dans des restaurants, dans des cours. La nouvelle lauréate de l'année sera lue par François Marthouret, lundi après-midi, dans les jardins de l'Impérator.
La librairie Teissier, 11 rue Régal, organise, samedi, une séance de dédicaces avec les lauréats de l'année dernière, publiés dans le recueil « Arequipa ».
En apéritif de toutes ces réjouissances culturelles, c'est-à-dire, mercredi soir, une conférence sera donnée par Francis Wolf sur le thème « Les valeurs de la corrida ». Francis Wolf est philosophe, auteur d'un remarquable et remarqué « Philosophie de la corrida ». C'est après la corrida au Carré d'Art.
Une féria nîmoise est donc beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. On peut faire la fête tout en se cultivant et en rassasiant sa curiosité.
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