Après une carrière de danseuse, Annette Jalilova s'est lancée dans la sculpture. Elle fut une pionnière dans cet art où les femmes étaient peu nombreuses jusque dans les années 1990.
Plus que d'autres secteurs de la création artistique, la sculpture est longtemps restée fermée aux femmes. A 63 ans, Annette Jalilova analyse les raisons de ce lent démarrage, à travers le récit de son parcours.
Née peu après la seconde guerre mondiale, Annette Jalilova vit de 7 à 15 ans dans un milieu d'artistes. Ses parents ne le son t pas, mais ils gèrent un centre d'art, rue Vigée-Lebrun, dans le XVè arrondissement de Paris. Du coup, après l'école, la petite fille va d'atelier en atelier et regarde travailler les artistes, notamment les peintres auprès desquels elle découvre l'anatomie. Elle fréquente aussi le patronage du quartier où elle pratique la danse.
Lorsque ses parents déménagent et s'installent à Villejuif (Val-de-Marne), la jeune adolescente n'abandonne pas la danse. Mais c'est lorsqu'elle part à Londres pour se perfectionner en anglais que cette passion devient un métier. Elle y rencontre Matt Mattox, danseur, chorégraphe et pédagogue américain qui vient d'ouvrir une école de danse. Elle devient sa compagne et travaille avec lui, le suit en tournée jusqu'à leur installatiion à Paris en 1975. Annette Jalilova continue d'enseigner à l'Ecole Marceau et au Conservatoire, notamment.
Longtemps à l'écart
C'est en 1990 qu'Annette Jalilova commence la sculpture. «J'avais déjà cette envie. J'ai toujours dessiné. Et puis entre la danse et la sculpture, il y a un vrai rapport. Dans les deux cas, il s'agit d'une émotion créée dans l'espace», raconte cette artiste qui va «de plus en plus vers l'abstration.»
Inspiré du corps de la femme, son travail de création reçoit assez vite le soutien d'une galerie de l'avenue Matignon, à Paris. Se mouvoir dans le milieu des galéristes fait partie des difficultés de ce métier. L'autre étant le contact avec les fondeurs qui réalisent les statues à partir des moules créés par Annette Jalilova. «C'est un monde exclusivement masculin dans lequel il faut s'imposer. Là aussi, lorsqu'on est une femme, on est obligé d'en faire un peu plus pour se faire accepter. Mais ensuite, la complicité de travail se fait», explique-t-elle.
Une autre raison du fait que les femmes sont longtemps restées à l'écart de la sculpture est le coût de l'investissement. Contrairement à la littérature ou à la peinture, la sculpture exige un grand espace pour travailler et l'achat de matériaux qui coûtent cher.
Mais les femmes ont fini par pénétrer cet univers. Alors qu'auparavant, outre Camille Claudel, célèbre par la tragédie de sa vie privée ou plus près de nous Annette Messager ou Louise Bourgeois, elles en étaient absentes. Depuis une dizaine d'années, elles sont de plus en plus nombreuses. «La sculpture se vend de mieux en mieux et il y a peu de sculpteurs. C'est une des raisons», estime Annette Jalilova.
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