Amap, Tousprimeurs : une agriculture équitable

Amap, Tousprimeurs sont des organismes qui s'inscrivent dans le développement durable et équitable, mais aussi permettent de manger bien et de tourner le dos à la ”mal bouffe”.

Depuis plusieurs années, les agriculteurs sont ballottés au gré des crises agro-alimentaires, la crise de la vache folle est emblématique de ce point de vue-là. Ils sont régulièrement rendus responsables de tous les maux, les éleveurs de porcs polluent les nappes phréatiques, les agriculteurs dédiés aux fruits et aux légumes usent et abusent des pesticides, les éleveurs de vaches trafiquent pour augmenter le poids des bêtes, enfin la liste est longue. Plus généralement, ils sont accusés collectivement de profiter et de gaspiller le bien commun qu'est l'eau. C'est tout juste s'ils ne seraient pas rendus responsables des dérèglements climatiques et du réchauffement de la planète.
Beaucoup en ont marre d'être les boucs émissaires et par voie de conséquence les acteurs principaux de la « mal bouffe ».

Et ils ont décidé de réagir, de façon souvent très originale. Les pionniers en la matière sont sans aucun doute les AMAP (association pour le maintien de l'agriculture paysanne). La première AMAP a vu le jour à Aubagne (Bouches-du-Rhône), aux Olivades. Daniel et Denise, après un voyage à New York où ils ont eu l'occasion de visiter un CSA (community supported agriculture), décident de créer une structure sur le même modèle. Premier enjeu, établir une relation de confiance entre eux, les producteurs, et les consommateurs. Le 8 avril 2001, ils organisent une journée portes ouvertes afin de montrer leur terre, leurs cultures, et d'expliquer ce qu'ils entendent par agriculture raisonnée et respectueuse de l'environnement. C'est ce jour-là que sont jetées les bases d'une vente directe aux consommateurs et la première distribution est effective le 17 avril 2001.
A Draguignan, une deuxième AMAP voit le jour, spécialisée dans les produits laitiers. Et puis le phénomène s'amplifie. Les Olivades se scindent en deux. Les demandes de renseignements affluent.



Les AMAP font tâche d'huile. Chaque région de France a son ou ses AMAP. Des points de vente sont dédiés à la réception et à la délivrance des paniers. Le principe est simple : le consommateur s'inscrit à une AMAP proche de chez lui. Le but de l'AMAP est triple : favoriser la consommation de produits de qualité et de saison, économiser sur les intermédiaires et réduire les temps de transports à leur plus simple expression. A l'arrivée, le consommateur a dans son assiette un produit de qualité, respectueux de l'environnement et à un prix défiant toute concurrence.
Alors, il peut y avoir des ratés. Dans le sud-ouest, un agriculteur a oublié qu'une diversification de sa production était nécessaire, et les adhérents ont mangé des carottes et des pommes de terre pendant toute une saison. Mais généralement, les paniers sont diversifiés, avec un savant mélange de fruits et de légumes. C'est aussi l'occasion de goûter des variétés anciennes de fruits et de légumes , le navet, par exemple, a des formes et des goûts multiples, oubliés depuis longtemps. On peut citer la boule d'or ou le navet de En fait, aujourd'hui Pardaillan. Ce dernier est un légume spécifique du sud, que seuls les méridionaux pourront trouver dans leur panier.



La démarche est simple. Une recherche sur Internet suffit pour trouver l'AMAP ainsi que le point de livraison les plus proches de chez vous. Il peut arriver que le point de livraison soit un peu éloigné de votre domicile. Une fois que vous avez trouvé votre AMAP, vous vous inscrivez pour un panier hebdomadaire, conçu pour quatre personnes ou un demi-panier. Ce panier est payable d'avance et il s'agit d'un engagement sur le long terme. Ce qui est la contrainte essentielle de cette organisation.

Certaines AMAP font des arrangements pour les vacances, mais ce n'est pas le cas de toutes. Il faut, à ce moment-là s'arranger avec amis, voisins, famille. Ou alors perdre son panier. Ce qui est dommage.
Une précision : apparemment, il n'y a pas d'AMAP sur la région parisienne. Mais grâce au succès que ce système a rencontré auprès du grand public, cela a suscité une émulation parmi les agriculteurs. Et d'autres réseaux se sont mis en place.



Sur Paris, le réseau tousprimeurs.com s'est créé. Il y a un, deux, voire trois points de distribution par arrondissement. Ces paniers pèsent pour les plus petits 3,5 Kg/4 Kg, et leurs prix varient entre 11,99 € et 16 € pour le panier de 3,5 Kg, 4 Kg. Ils se déclinent en panier fraîcheur, panier bio ou encore panier de l'atelier des sens, qui fait une large place aux légumes rares ou primeurs. Ce réseau n'est bien sûr pas exclusivement parisien.



Il est à noter que quelque soit le réseau, le poids des paniers et les prix sont assez similaires
Nos amis suisses se sont eux aussi lancés dans l'aventure avec La Belle bleue.
Toutes ces expériences sont étendues aujourd'hui au circuit de la viande. Des éleveurs se sont réunis en GAEC. Ils maîtrisent la chaîne de l'élevage et de l'abattage. Sur le même principe que les AMAP, vous passez commande d'un colis, vous le réglez et en prenez livraison en boutique ou sur un marché.



Le Ségalat, le Lauragais, le Sud-Aveyron, le Limousin possèdent leur GAEC dédié à la viande. Certains effectuent des livraisons. Les prix sont évidemment très intéressants. Les colis de poids variables, 6 Kg étant le minimum, vont être composés pour moitié de viande à griller ou à rôtir, pour moitié de viande à braiser. Le prix tourne autour de 10/11 € le kilo de bœ,uf et 12/13 € le kilo de veau.

Tout cela nécessite soit une famille nombreuse soit un grand congélateur afin de stocker les produits livrés empaquetés sous vide. Le jeu en vaut la chandelle.
En fait aujourd'hui, avec de l'astuce et de l'organisation, il est possible de manger des produits sains et de qualité à un prix inférieur à ceux du marché, ce qui, par les temps qui courent, n'est pas négligeable.

Lire aussi
La journée d'une femme pour la planète

Par Marie Catherine Chevrier

Portrait de admin

Ajouter un commentaire