Une interview d'Anne Simon, chargée de recherche au CNRS.
'Les femmes, à l'épreuve du nouvel ordre moral', d'après Anne Simon, chargée de recherche au CNRS.
Une certaine littérature féminine contemporaine dessine un éternel féminin très traditionnel sous un revêtement 'tendance'. Pire, la violence faite aux femmes est parfois une marque de fabrique.
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1) Dans votre livre A leur corps défendant. Les femmes à l'épreuve du nouvel ordre moral (Paris, Seuil, 2006), coécrit avec Christine Détrez, vous notez que les représentations du corps féminin dans la littérature contemporaine révèlent un nouvel ordre moral, finalement très traditionnel, que les femmes doivent affronter. Qu'est-ce qui vous faire dire cela ?
J'apporte une nuance importante avant de vous répondre. Cet essai s'est étayé non pas sur la littérature contemporaine française en général, mais sur un corpus particulier : les romans écrits en français par des femmes résidant en métropole, publiés à partir du début des années 1990, et ayant été médiatisées.
L'objectif était de centrer notre réflexion à partir d'un terrain sociologiquement pertinent —, pour ne donner que quelques exemples, les problématiques soulevées par des femmes résidant au Québec ou par des romancières très confidentielles, ne sont pas forcément les mêmes que celles que nous avons abordées , et si elles paraissent identiques, leurs significations ne sont pas forcément les mêmes (une scène érotique dans un roman publié en France ou dans un roman publié en Algérie ne soulève pas les mêmes enjeux).
Pourquoi en outre des romancières médiatisées ? Car nous souhaitions voir ce que notre société est prête à entendre et à diffuser, et dans quelle mesure la subversion de celles que la presse appelle parfois « les scandaleuses » ou « les nouvelles barbares » était réellement... subversive. Car une subversion propagée par l'ensemble des magazines et des émissions radiotélévisées grand public pouvait sembler un brin suspecte...
Chez une même auteur on trouve des clichés terribles et des représentations plus nuancées
On ne peut évidemment généraliser les remarques qui suivent à l'ensemble du corpus envisagé —, nous montrons dans A leur corps défendant que cette littérature féminine contemporaine est variée, et qu'il peut arriver que chez une même auteure, on trouve sur un plan des clichés terribles, et sur un autre plan des représentations beaucoup plus originales ou nuancées. De même, le lieu commun n'est pas une tare de la littérature, mais un réservoir formidable pour raconter des histoires : le problème n'est pas qu'une auteure en emploie un, mais qu'elle le fasse sans se rendre compte qu'elle l'emploie, ou en faisant croire qu'elle n'y souscrit pas tout en le transformant juste ce qu'il faut pour qu'il devienne acceptable...
Par exemple, le lien entre le féminin et l'humidité est une tarte à la crème des représentations depuis, au minimum, la médecine grecque, qui nous a légué beaucoup d'idées préconçues (y compris sur « le » masculin, tout aussi contraignant pour les hommes que peut l'être « le » féminin pour les femmes). Le fait que Marie Redonnet, dans Splendid Hotel, ou que Marie Darrieussecq, dans Le Mal de mer, fondent, totalement pour la première, partiellement pour la seconde, leur récit sur cette adéquation entre la femme et l'eau ne les empêche pas de produire deux œ,uvres passionnantes et très riches.
Enfin, de nouveaux lieux communs sont en train de naître, comme par exemple celui de l'avortement —, preuve qu'il est désormais intégré dans le symbolique, qu'il a un droit de cité en littérature.
Les représentations influent sur la réalité socio-politique
Pour en revenir à cette question de l'ordre moral, nous avons été dans l'ensemble extrêmement surprises de retrouver des figurations du féminin datant de plusieurs millénaires... sous un revêtement « trash » et tendance ! Ces figurations faussement positives (pour ne donner que quelques exemples, parfois contradictoires : passivité, douceur, instabilité caractérielle, sexualité incontrôlable, enfermement dans le corporel, obsession de l'amour...) finissent par dessiner, pour le lectorat, un « éternel féminin » ou une « nature féminine » qui n'a rien de bien nouveau. Ce ne serait pas grave si ce type de représentations n'influait pas sur la réalité sociopolitique : mais ces images qui reviennent en permanence s'insèrent dans notre cerveau sans que nous en prenions conscience puisqu'elles relèvent du loisir, de la fiction, de l'invention, etc.
De l'ordre humoral à l'ordre hormonal, on arrive vite à l'ordre moral
Or, des anthropologues comme Françoise Héritier l'ont montré, quand on vous suggère en permanence que les femmes sont soumises à leurs humeurs (au sens antique, c'est-à-dire liquide du terme), des règles aux hormones, cela vient légitimer insidieusement qu'elles ne peuvent par nature pas exercer un pouvoir politique ou économique qui réclame du discernement, de l'objectivité, de la distance. De l'ordre humoral à l'ordre hormonal, on arrive vite à l'ordre moral...
2) La femme est soumise à un ordre masculin qui enserre le corps féminin dans le corset symbolique d'un nouveau convenable ? La littérature reflète-t-elle la société contemporaine ?
Ordre masculin (contre lequel des hommes s'insurgent d'ailleurs), oui, mais dont les normes ancestrales sont en quelque sorte agréées par de nombreuses femmes, dans un processus d'auto-aliénation. Si nous avons pris un corpus de femmes écrivant au tournant du troisième millénaire, c'est justement parce que l'extraordinaire choc culturel qu'a constitué le mouvement de 68 pouvait être appréhendé comme assimilé, comme relevant même de l'évidence (qui aujourd'hui accepterait de laisser son conjoint l'autoriser ou non à avoir un chéquier, pour ne donner qu'un exemple ?) : les femmes se sont battues pour devenir des sujets à part entière, au niveau économique comme corporel,, et nous nous disions qu'il serait intéressant d'aller voir, chez ces femmes des années soixante-dix publiant encore dans les années 90, comme chez leurs consœ,urs d'une ou deux générations plus jeunes, comment elles représentaient leur propre corps, leur propre rapport au monde.
Certaines auteures progressistes alimentent des représentations éculées
La surprise de taille a été de voir à quel point certaines auteures (pas toutes, heureusement, et pas à chaque niveau de leur œ,uvre !), qui se positionnent sur le champ politique comme féministes ou progressistes par exemple, alimentent des représentations éculées. Si vous saviez le nombre d'auteures qui représentent la mère (celle de cinquante ans et plus, pas la « jeune » mère !) comme un monstre, c'est incroyable. Monstre bien sûr à la sexualité déviante, illégitime, immonde... Attendons vingt ans que ces auteures prennent un peu d'âge (et d'expérience) !
Quant au « nouveau convenable » dont vous parlez, il est souvent masqué par des apparences subversives. Par exemple, le couple est encore très souvent au centre de nombreux récits —, couple à conserver, à reconstituer, à créer, etc. A l'époque de La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, roman du dix-septième siècle très à la mode depuis que Nicolas Sarkozy a décidé qu'il ne servait à rien ni de le lire, ni de l'étudier, à cette époque donc, l'héroïne, pour préserver son couple, s'interdit de passer à l'acte avec l'homme dont elle est amoureuse et qui est épris d'elle.
L'adultère comme moyen de consolider le couple
Aujourd'hui, au contraire, de nombreux protagonistes passent aux actes, au pluriel et avec de nombreux amants ! On peut donc se dire que la fidélité est rangée au magasin des accessoires périmés. Que non : très souvent, comme il l'est d'ailleurs prescrit dans les magazines, féminins ou non, qui traitent de la « poly fidélité », le but de l'adultère n'est pas de permettre l'explosion du concept de couple... mais de sauvegarder celui-ci, par de petits bols d'air qui permettent de respirer : oui à la sexualité non conjugale... à condition qu'elle consolide le couple !
Il n'est par ailleurs pas question pour nous d'affirmer que le couple n'est pas une bonne chose en soi : il s'agit de rappeler qu'il est des façons extrêmement diversifiées de vivre sa vie, et que l'accent est toujours mis sur le couple, hétérosexuel qui plus est. Si la littérature faisait aussi la part belle aux autres formes de vies érotico-amoureuses, ce serait parfait. Car quand il est seul à être valorisé, le couple apparaît comme le garant d'un ordre établi que la société a intérêt à ne pas remettre en cause.
La littérature transforme aussi la réalité
Quant à votre question sur le fait que la littérature reflète ou non la réalité, elle est d'une complexité inouïe ! Disons rapidement qu'aucun auteur ne peut se soustraire à son époque, qu'il est toujours inséré dans un milieu social, participant à un champ éditorial précis : il parle d'un endroit, d'un temps, qui influent sur sa production —, même quand il pense faire de la poésie pure, il nous dit encore quelque chose de son rapport au social.
Proust, qu'on a longtemps pris pour un auteur purement introspectif, est une analyse acérée des phénomènes sociaux de son temps. Il n'en reste pas moins que la littérature ne se contente pas de refléter la réalité : elle la transforme aussi, l'imagine, la rêve... et, on l'a vu, influe sur elle, à des niveaux parfois subliminaux. Mais la réalité aussi informe les auteures, sans qu'elles s'en rendent compte toujours. Enfin, le corpus envisagé l'a été sous l'angle des représentations et de leur récurrence : car il s'agit de fictions, et l'auteure (la femme réelle) peut ne pas être en phase avec sa narratrice (le personnage qui raconte l'histoire) par exemple.
3) La littérature et les magazines féminins et même le discours scientifique véhiculent toujours les clichés les plus éculés, avez-vous des exemples ?
Oui, il serait trop facile d'incriminer uniquement les magazines féminins (lus par beaucoup d'hommes, qui sont donc aussi, même si cela est implicite, un lectorat-cible) et les romancières !
Les journaux de grande diffusion, les hebdomadaires, les revues politico-sociales et surtout scientifiques (c'est-à-dire, dans la mythologie propre à notre société, qui sont « véridiques » et « objectives ») diffusent en permanence des idées toutes faites sur les femmes et la famille —, le couple est ainsi une valeur-phare, on l'a vu. Certains ouvrages de vulgarisation de neurobiologie expliquent ainsi qu'il ne sert à rien de divorcer, après moult démonstrations qu'on nous fait prendre pour « scientifiques » !
La femme aurait un cerveau différent de celui de l'homme!
Quelques exemples ? Le plus amusant, et aussi l'un des plus dangereux, est celui qui propage l'idée que la femme a un sexe
« interne » : puisqu'elle est biologiquement liée à l'intime, mieux vaut qu'elle reste dans la sphère de l'intime, c'est-à-dire au foyer... Ou l'idée que « la » femme a un cerveau différent de celui de « l'» homme : c'est un cliché éculé qui parcourt tous les niveaux de nos représentations, qu'on retrouve partout, y compris dans les encyclopédies de corps pour enfants, présentées dans les hypermarchés comme dans les librairies.
Dans ces ouvrages cautionnés par un « médecin » ou un « expert », l'activité cérébrale innovante et contrôlée est toujours reliée à une image de petit garçon ou d'homme. Les filles, elles, sont reliées au réflexe, à la maladresse, à la maternité, à la passivité... Du coup, les filles s'investissent moins dans les mathématiques, réputées masculines, et se convainquent elles-mêmes qu'elles n'ont pas le sens de l'orientation ou la carrure pour diriger une entreprise. Quant aux hommes, censés avoir une vision moins « proximale » que la femme (lui aurait un vison panoramique qui lui permet d'appréhender le monde dans toute son ampleur...), je n'ai jamais compris pourquoi ils sont censés retrouver sans problème leur petite boîte de clous dans le débarras, et pas le beurre dans la porte du frigo. Peut-être qu'ils le trouveraient s'ils l'avaient rangé eux-mêmes la veille au soir !
4) Paradoxalement, alors que dans nos sociétés, la majorité des femmes travaille, les métiers des femmes sont peu abordés, comment cela se fait-il ?
Oui, les femmes sont souvent dépourvues de métier, ou alors elles sont dans la communication, top modèles, prostituées... De ce point de vue, les collections Harlequin sont plus progressistes ! A part les métiers mentionnés, il est très rare de voir une héroïne en prise avec son milieu professionnel (comme c'est le cas par exemple dans Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb). Pourquoi ? Justement parce que nombre de romans restent encore axés sur l'idée qu'une héroïne est avant tout préoccupée par l'amour... et pas, comme Rastignac chez Balzac ou Julien Sorel chez Stendhal, aussi par son ascension sociale ou sa carrière !
C'est étonnant, dans la mesure où les auteures envisagées ont souvent un capital scolaire solide —, elles ont fait des études longues.
5) Il semble que hors du couple point de salut, le modèle dominant est celui du couple et du « familialisme ».
Le « familialisme » est une notion élaborée par le sociologue Rémi Lenoir dans son ouvrage Généalogie de la morale familiale (Paris, Seuil, 2003) : c'est l'ensemble des mesures juridiques, des dispositifs symboliques et des discours visant à diffuser la propagation de la famille dans la société et surtout à asseoir l'ordre social sur elle. Il est bien sûr hors de question de critiquer les allocations familiales, le planning familial (dramatiquement remis en cause aujourd'hui) ou le fait de se servir des impôts pour rémunérer les employés des crèches municipales ! Mais le terme « familialisme » met l'accent sur le rôle « normalisant » de la famille en général, et du couple en particulier, qui permet de placer les individus dans des cases plus déterminées que ce n'est le cas avec les célibataires par exemple.
6) Les jeunes grand'mères entrent dans la littérature mais l'extrême vieillesse, en revanche en est un parent pauvre?
Et encore ! Il n'y a pas tant de jeunes grands-mères que cela dans les romans, et quand il y a en a, elles sont reliées à une sexualité immonde, ridicule, censées hors de leur âge... La violence symbolique infligée aux femmes plus mûres, âgés ou très âgées par certaines trentenaires du début du millénaire est terrible.
Un certain nombre d'auteures représente d'ailleurs la ménopause de façon sordide, comme si ne plus êtes féconde, c'était ne plus être une femme ! De fait, si vous définissez « le » féminin par la sexualité, notamment reproductrice, conclusion logique, la vieille n'est plus une femme. C'est ce que suggère Anna Rozen dans Méfie-toi des fruits (J'ai lu, 2003), où l'on va voir que les pires violences infligées aux femmes ne sont pas toujours le fait d'auteurs masculins :
'[la] descente d'organes, c'est la vieillesse, la déchéance, tout qui tombe, la féminité qui meurt avant la personne, la coquille vide, une sorte de honte, de dénuement, d'humiliation...'
Les pires violences infligées aux femmes ne sont pas toujours le fait d'auteurs masculins
La transformation en sorcière est dès lors patente :
'plus sexuelles, pas baisées, désertées aussi par les hormones dont la carence dessèche autant le caractère que l'épiderme. Pas leur faute, mais quelles sorcières ! Et je serai comme elles, moi qui tempête déjà fort, et à tort, dans les phases critiques du cycle auquel on ne peut rien. (p. 16-17).'
Avec ce genre de citations, vous comprenez pourquoi nous disons que la fiction n'est pas quelque chose d'anodin en ce qui concerne l'impact sur le corps social. Certes, il est évident que chacun(e) est libre d'écrire ce qu'il a envie d'écrire, y compris des fantasmes banals ou son adhésion à des stéréotypes ! Le problème en revanche, c'est quand on nous
« vend » pour du révolutionnaire et du progressiste ce qui est réactionnaire.
Françoise Rey est définie par un de ses éditeurs, en quatrième de couverture, comme la « spécialiste du roman érotique de mœ,urs » : pourquoi rajouter ensuite qu'elle est professeur de collège et mère de famille ? Comme si le fait de s'occuper d'enfants ou d'en avoir la « sauvait » en quelque sorte de la turpitude ! C'est comme si un éditeur notait dans les quelques lignes qu'il consacre à Henry Miller sur la quatrième de Tropique du cancer ou de Sexus, qu'il était père de famille...
Béatrice Beck a donné un coup de fouet à la vieillesse
En réalité, les auteures les plus à l'aise avec la vieillesse sont celles qui ont justement... un certain âge : Annie Ernaux, Pierrette Fleutiaux, Noëlle Châtelet, Régine Detambel (pour elle, c'est surtout son activité de kinésithérapeute ayant une pratique des résidences pour personnes âgées qui a pu la mener à écrire Le long séjour, ainsi que son interrogation permanente sur la corporéité). Et bien sûr celles qui sont carrément plus âgées, comme Dominique Rollin, Benoîte Groult et surtout Béatrix Beck, qui a donné un coup de fouet (à tous les sens du terme !) à la vieillesse et qui vient de mourir après tant de livres où elle fait un pied de nez à la mort... Tout se passe comme si certaines trentenaires, qui deviennent aujourd'hui quadragénaires, avaient eu du mal à se projeter dans des femmes plus âgées, à sortir de l'autofiction.
7) La violence semble un thème constant... Au total, les œ,uvres contemporaines donnent une vision assez pessimiste des relations hommes-femmes ?
Oui, la violence revient comme une sorte de marque de fabrique de certaines romancières contemporaines, notamment dans les rapports sexuels. Attention cependant , chez une Virginie Despentes, il y a une volonté claire de retourner le gant, de montrer que les femmes peuvent ne pas être, justement, douces et soumises, enfermées dans ces clichés de publicité pour lessive. Qu'elles peuvent prendre leur revanche, après un viol par exemple, comme c'est le cas pour Nadine et Manu dans Baise-moi. Dans King-Kong Theory, Virginie Despentes précise d'ailleurs, à propos du viol terrifiant qu'elle a subi elle-même, qu'elle n'avait pas osé, pour se défendre, sortir le couteau qu'elle avait sur elle.
Chez certaines auteures, les femmes mènent la danse
Chez certaines auteures donc, ce sont les femmes qui mènent la danse —, même si le mythe de l'homme qui révèle à la femme sa propre sexualité perdure, et mises à part les nombreuses œ,uvres où les femmes semblent souffrir simplement... de ne pas trouver « le prince charmant » (ça nous change certes de la crise économique) !
Ces écrivaines qui inversent les rapports de force le suggèrent judicieusement, suffit-il de se trouver du bon côté du couteau pour s'affranchir, à long terme, des rapports de domination ? La simple inversion des modèles est-elle garante de leur affranchissement, ou, plus subtilement, ne contribue-t-elle pas à maintenir un tel archétype de la violence comme une structure invariante ? Comment faire disparaître celle-ci ? Peut-être justement en refusant d'enfermer les individus, hommes, femmes ou transsexuels, dans des catégories symboliques qui leur soient automatiquement associées, sous de fallacieux prétextes fondés sur un hypothétique substrat biologique du type « la masculinité » ou « la nature féminine ».
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