Deux pièces adaptées judicieusement en un seul acte, dans un décor au réalisme cinématographique, sur fond de misère économique et de lointains échos de blues.
Baby Doll, pièce de Tennessee Williams, en France, ce fut d'abord le superbe film nommé plusieurs fois aux Oscars et tourné en 1956 par Elia Kazan. Film qui créa le scandale et fut, entre autre, boycotté par l'Eglise « sous peine de pécher »...
Aujourd'hui, pour la première fois en France, voici l'adaptation de deux pièces en un seul acte, montée au Théâtre de l'Atelier selon une version scénique très réussie de Pierre Laville, qui n'a conservé que les cinq personnages principaux de cette histoire, campée par Tennessee Williams dans le Sud des Etats-Unis en pleine crise des années 30.
Archie Lee (Chick Ortega), exploitant de coton en faillite est marié à une femme enfant, Baby Doll interprétée par une Mélanie Thierry à la fois émotive et fragile, incandescente à souhait. Suite à la promesse faite à la mort du père de Baby Doll, mari et femme consommeront le mariage le jour anniversaire des 20 ans de la jeune femme. Et pas avant.
La veille de cet anniversaire, Silva Vaccaro (Xavier Gallais), le voisin, l'étranger, immigré italien, le concurrent d'Archie Lee qu'il soupçonne d'être responsable de la destruction par le feu de son égreneuse à coton, débarque dans la maison d'Archie, bien décidé à se venger. Baby Doll sera-t-elle son bras armé ?
Le metteur en scène, Benoît Lavigne, avoue s'être « passionné pour cette histoire de désir, de vengeance, de sexe et de manipulation » où les thèmes les plus personnels de Tennessee Williams, violence du racisme ordinaire, extrême solitude des personnages, mélange de rire et de mort, de réalisme et de rêve, sont sans doute plus apparents que dans toute autre pièce du dramaturge prolifique (en 24 ans, pas moins de dix-neuf pièces de Tennessee Williams furent créées à Broadway*).
Dans cette ambiance de huis clos, la rencontre explosive et chaotique qui se noue autour de cette candide jeune femme et de deux hommes prêts à en découdre, nous ravit... et nous nous y laissons aller avec délectation.
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* Les plus connues : Eté et Fumées, Un tramway nommé désir (adapté en France par Jean Cocteau et pour lequel T. Williams remporta le prix Pulitzer en 1948), la Rose tatouée, Camino Real, la Chatte sur un toit brûlant (et pour lequel T. Williams remporta le prix Pulitzer en 1955), la Descente d'Orphée, Soudain l'été dernier, Doux oiseau de la Jeunesse, adapté en France par Françoise Sagan, ou encore la Nuit de l'iguane...
A partir du 20 janvier 2009, avec Mélanie Thierry, Xavier Gallais, Chick Ortega, Monique Chaumette et Théo Légitimus. Mise en scène par Benoît Lavigne. Du mardi au samedi à 21 h. Matinées samedi à 17h30 et dimanche à 16 h. Prix : de 7 à 39 €. Renseignements et location : 01 46 06 49 24.
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