'Les plages d'Agnès' sur les écrans le 17 décembre
Le dernier film d'Agnès Varda, ' Les plages d'Agnès', sort sur les écrans mercredi 17 décembre. La réalisatrice de ces grands films que sont 'Cléo de 5 à 7' ou 'Sans toit ni loi', y montre l'histoire de sa vie, sous la forme d'un documentaire. Agnès Varda a 80 ans, dont 54 passés au service du cinéma, sa passion. Elle a réalisé 33 fictions
ou documentaires dont des films emblématiques sur la femme.
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Une femme libre et curieuse !
En revenant sur les plages qui ont marqué sa vie, Varda invente une forme d'autodocumentaire. Agnès se met en scène au milieu d'extraits de ses films, d'images et de reportages. Elle nous fait partager avec humour et émotion ses débuts de photographe de théâtre puis de cinéaste novatrice dans les années cinquante, sa vie avec Jacques Demy, son engagement féministe, ses voyages à Cuba, en Chine et aux USA, son parcours de productrice indépendante, sa vie de famille et son amour des plages. Une femme libre et curieuse !
Agnès Varda nous parle de son film
'C'est une drôle d'idée de se mettre en scène
et de filmer un autoportrait quand on a presque
80 ans.
Cette idée a germé dans ma tête un jour, sur la
plage de Noirmoutier, quand j'ai réalisé que
d'autres plages avaient marqué ma vie.
Les plages sont devenues prétexte et chapitres
naturels du film.
Beaucoup de vieilles personnes ont envie de
raconter leur vie. Moi aussi.
J'ai souhaité transmettre à mes proches et à
d'autres quelques-uns des faits et travaux de
mon parcours de vie.
Quelques mots du vieux Montaigne (dans sa
préface des Essais, 1595) m'ont confortée dans
ce projet.
“Je l'ai voué (mon livre) à la commodité particulière
de mes parents et amis : à ce que m'ayant
perdu (ce qu'ils ont à faire bientôt) ils y puissent
retrouver certaines de mes conditions et humeurs,
et que par ce moyen ils nourrissent plus
entière et plus vive, la connaisance qu'ils ont
eue de moi.”
Mes enfants et petits enfants ont accepté d'entrer
dans mon jeu et de composer pour moi une
famille dont les images sont rêveuses.
Mais auront-ils de moi une connaissance plus
entière et plus vive? Et mes amis, et les autres?
Quelques demandes m'avaient été faites de me
prêter à un portrait documentaire mais allais-je
déballer mes souvenirs, des objets et des photos
pour des inconnus, qui en feraient le tri selon
leur goût (et cela eût été normal).
Non! Autant choisir moi-même ou avec un ami.
Didier Rouget, donc, m'a incitée à commencer
ce projet en coréalisant avec moi la première
séquence sur une plage belge, liée à mes souvenirs
d'enfance. La chance nous a offert du
vent... et des surfeurs qui passaient à la queueleu-
leu.
J'y ai vu une bonne raison de continuer le film,
mais seule avec mes images, mes souvenirs et
mon désir de mélanger le présent -fût-il mis en
scène- avec des vrais documents, des scènes de
mes films, des bribes de mes créations diverses.
Montrer aussi des peintures que j'aime. Parler
des absents comme s'ils étaient là.
Parler de moi a pris un sens quand mon but a
été de trouver une forme, une cinécriture pour
faire un film de ce fouillis qui émerge sporadiquement
de ma mémoire.
C'est clairement un collage qui s'est mis en
place lentement, le temps qu'il faut pour compléter
un puzzle, pour qu'à la fin, une figure ou
un paysage se compose ou se brouille en kaleidoscope.
Les extraits de mes films ont été traités
comme si l'ensemble de mes films était une
banque de données et que je pouvais utiliser
une scène de fiction ou de documentaire hors
de son contexte. J'ai inclus aussi des photographies
comme celles que j'ai faites pour Vilar
au Festival d'Avignon ou celles de mes reportages
sur la Chine en 1957 et sur la Révolution
Cubaine en 1962.
C'est l'ensemble de mon travail qui me raconte,
plus encore que mes propos.
Il y a enfin ma rencontre avec Jacques Demy,
notre vie commune avec des hauts et des bas,
nos enfants, le cinéma, nos voyages puis sa maladie
et sa mort. Cette belle aventure d'amour,
une grande part de ma vie, s'est naturellement
intégrée dans ma vie de cinéaste et dans ce film.'
Tournage
Le film a été tourné sur des périodes espacées de août 2006 à juin 2008.
Des sessions de 10 à 15 jours dans des lieux différents :
- en Belgique : Plage de La Panne au bout de Knokke-le-Zoute et Bruxelles,
- à Sète : le port, les canaux, le quartier de la Pointe Courte, la plage de la Corniche
(chantée par Brassens), les barques latines et les Joutes,
- à Los Angeles : les plages de Santa Monica et de Venice, les rues, les gens,
- à Noirmoutier-en-l'Isle, la plage de La Guérinière les bois de pins, les algues,
- et à Paris, pour justifier le titre du film, une plage a été créée au milieu de la rue Daguerre,
entre la maison de production et la salle de montage.
(A la suite de “Paris-Plage” six camion-bennes de sable fin ont été déversés sur le bitume).
Pour la maison d'Agnès, rue Daguerre, lieu de vie et de travail, base de sa vie avec Jacques Demy
et leurs enfants, seule la cour intérieure -qui en est l'épicentre- a été filmée.
De plus, elle a été reconstruite en décor telle qu'en 1951 et après.
Biographie et filmographie d'Agnès Varda
- Cinéaste française née en 1928.
- Père grec. Mère française.
- Enfance en Belgique. Bombardements en 1940.
- Exode sur les routes de France jusqu'à Sète.
- Courtes études à Paris, dont à l'Ecole du Louvre.
- Apprentissage de la photographie. Voyages: Cuba, Chine.
Dans les années 50, photographe du Festival d'Avignon
et de la troupe Jean Vilar - Gérard Philipe. Reportages.
- Cinéaste depuis 1954. Agnès crée une société
de production Tamaris Films pour tourner son premier film
de long métrage La Pointe Courte (également premier film
de Philippe Noiret). Cela lui vaut le titre de “Grand-Mère
de la Nouvelle Vague”.
Depuis 1975, auto produite via Ciné-Tamaris.
Membre du Jury du festival de Cannes en 2005
Habite et travaille à Paris.
Deux longs séjours à Los Angeles avec Jacques Demy,
son époux. Il meurt en 1990.
Deux enfants.
Parmi les 33 longs et courts-métrages, fictions
ou documentaires réalisés par Agnès, les plus connus
sont :
- 1961 CLÉO DE 5 À 7
- 1964 LE BONHEUR (Ours d'argent au Festival de Berlin)
(Prix Delluc)
- 1975 DAGUERREOTYPES
- 1984 SANS TOIT NI LOI
(Lion d'Or au Festival de Venise 85)
- 1990 JACQUOT DE NANTES (Festival de Cannes)
- 2000 LES GLANEURS ET LA GLANEUSE
(Cannes) (Prix Méliés)
- 2007 LES PLAGES D'AGNES
(Première mondiale à la Mostra de Venise 2008)
- Depuis 2003, installations et films vidéo.
PATATUTOPIA (Biennale d'Art de Venise et Taïpei)
LE TRIPTYQUE, LES VEUVES DE NOIRMOUTIER,
LE TOMBEAU DE ZGOUGOU.
- Diverses expositions:
Fondation Cartier, Paris en 2006: L'ILE ET ELLE.
SMAK de Gand, SELEST-ART
et Lieu Unique à Nantes
“Si on ouvrait les gens, on trouverait des paysages.
Moi, si on m'ouvrait, on trouverait des plages.” Agnès Varda
- Réalisé par Agnès Varda
- Avec Agnès Varda
- Documentaire
- Durée : 1h 50min.
- Date de sortie : 17 Décembre 2008
- Distribué par Les Films du Losange
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