Un taux de chômage supérieur à celui des hommes
Les 'immigrés' réprésente 8,6 % de la population
active en France en 2007, selon le dernier numéro de Insee Première, publié le 31 octobre. Voici quelques données extraites de ce numéro concernant plus particulièrement les femmes.
[]
*Extraits de l'étude 'L'activité des immigrés en 2007' réalisée par Jacqueline Perrin-Haynes, cellule Statistiques et études sur l'immigration, Insee
Selon la définition du
Haut conseil à l'intégration, sont considérées comme 'immigrées' les personnes nées à
l'étranger et qui étaient de nationalité étrangère à la
naissance (certaines ont pu acquérir la nationalité
française par la suite, les autres restant
étrangères).
En 2007, 2,4 millions d'immigrés
résidant en France métropolitaine
se déclaraient en emploi ou au
chômage, soit 8,6 % de la population
active (au sens du Bureau
international du travail). Le quart de ces immigrés actifs
sont diplômés de l'enseignement supérieur.
Voici quelques données concernant plus particulièrement les femmes.
- Le taux d'emploi des femmes immigrées
âgées de 15 à 64 ans est passé de
35 % en 1990 à 47 % en 2007. Il reste inférieur à celui des non-immigrées.
- Le taux
de chômage des immigrés est le double
de celui des non-immigrés et les femmes
immigrées sont plus touchées que les
hommes (17,3 % contre 13,5 %).
- Le quart des femmes
immigrées occupent des postes d'employées
non qualifiées. Les immigrés,
comme le reste de la population, travaillent
de moins en moins dans l'industrie
et de plus en plus dans les services.
- Plus d'une femme immigrée sur
trois travaille à temps partiel. Quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle,
les femmes immigrées
sont plus fréquemment employées à
temps partiel que les autres actives
(34 % contre 28 %). Les ouvrières sont
particulièrement concernées : 37 % des
immigrées sont à temps partiel contre
27 % pour les autres. Pour les immigrées
originaires d'Asie du Sud-Est, ce taux
n'est que de 23 %.
Différences d'activité selon le pays d'origine
- Selon le recensement de la population, les
immigrés nés au Portugal, hommes comme
femmes ont des taux d'activité très élevés, en
particulier avant 23 ans et après 57 ans. Ce
n'est qu'entre 25 et 35 ans que les femmes
immigrées d'origine portugaise sont légèrement
moins actives que les non-immigrées.
Les immigrées nées en Espagne,
en Afrique sub-saharienne ou au Cambodge,
Laos, Vietnam sont en moyenne moins souvent
actives. Malgré la diversité de leurs origines
géographiques, elles ont des comportements
d'activité par âge proches : elles sont nettement
moins actives que les non-immigrées vers
18-28 ans , mais avec l'âge, leur taux d'activité
se rapproche progressivement de celui des
non-immigrées et atteint des valeurs supérieures
à 80 % entre 40 et 50 ans. Au-delà de 55
ans, elles restent beaucoup plus souvent et
longtemps actives.
Les immigrées nées dans le
Maghreb et en Turquie sont beaucoup moins
actives que les non-immigrées : à tout âge, les
premières sont au maximum deux tiers à être
présentes sur le marché du travail, et rarement
plus de la moitié pour les secondes
Niveau de formation proche de celui des hommes
Parmi les 30-64 ans, les immigrés actifs
sont trois fois plus nombreux que les
non-immigrés à ne posséder aucun
diplôme (37 % contre 12 %, d'après les
enquêtes annuelles de recensement de
la population). En revanche, la proportion
de ceux qui ont un diplôme du supérieur
se rapproche de celle des
non-immigrés (25 % contre 29 %). De
1990 à 2005, le niveau de formation des
immigrés actifs a ainsi nettement
progressé : en 1990, seuls 12 % des
immigrés actifs âgés de 30 à 64 ans
possédaient un diplôme de l'enseignement
supérieur. Dans le même temps, la
part de ceux qui ne disposent d'aucun
diplôme est passée de 53 % à 37 %.
Le niveau de formation des hommes
immigrés est très proche de celui des
femmes immigrées : la part des actifs qui
ne possèdent aucun diplôme est identique
pour les deux sexes (37 %). La proportion
de femmes immigrées possédant un diplôme du supérieur ne dépasse que de
0,8 point celle des hommes, mais elle est
inférieure de 5 points à celle des femmes
non immigrées.
L'INSEE enregistre des différences de niveau de formation selon le pays d'origine.
Parmi les 30-64 ans, les immigrés originaires
de Turquie, du Portugal et, dans
une moindre mesure, du Maroc ou de
Tunisie sont particulièrement nombreux à
n'avoir aucun diplôme : plus de six immigrés
natifs de Turquie sur dix sont dans ce
cas. À l'inverse, une part importante des
immigrés originaires des pays européens
—, autres que l'Espagne, l'Italie ou le Portugal
—, possède un diplôme de l'enseignement
supérieur.
Les écarts entre hommes
et femmes 30-64 ans varient également selon le
pays d'origine. Par exemple, les femmes originaires
d'un des douze nouveaux pays de l'Union
européenne ont un meilleur niveau de
formation que leurs compatriotes hommes :
elles sont 53 % à posséder un diplôme de
l'enseignement supérieur, contre 41 %
des hommes.
Une succession de vagues migratoires
L'INSEE rappelle que la France, pays d'immigration ancienne, a connu différentes vagues migratoires. Après-guerre, la reconstruction du pays et la forte croissance économique conduisent les pouvoirs publics à mieux organiser et à contrôler davantage l'immigration. Les migrants, en
majorité des hommes, viennent essentiellement d'Espagne, du Portugal, du Maroc et d'Algérie. À partir de 1974, avec le ralentissement de la croissance économique, le gouvernement restreint l'immigration au regroupement familial et aux demandes spécifiques émanant
d'employeurs. Aujourd'hui encore, l'immigration pour motif familial prédomine, l'écart numérique entre hommes et femmes se réduit. Les conflits ou la déstabilisation de certains États continuent également à alimenter une migration politique, en provenance de Turquie, d'ex-Yougoslavie, du Sri Lanka, de République démocratique du Congo, d'Haïti ou de Russie. L'âge moyen des immigrés et donc leur place sur lemarché du travail en 2007 dépend de l'existence de ces différentes vagues migratoires.
Ainsi, le taux d'activité des personnes arrivées en France depuis plus de dix ans est supérieur de 7 points à celui des migrants présents depuis trois à dix ans. Les immigrés arrivés en France depuis moins de dix ans, à l'exception des Européens du Nord, ont un taux de chômage supérieur de 9 points à celui des immigrés arrivés antérieurement. Ils occupent aussi plus fréquemment des emplois précaires
ou à temps partiel. En 2005, un immigré actif sur trois présent en métropole depuis moins de dix ans possède un diplôme de l'enseignement supérieur, contre un sur cinq parmi ceux arrivés auparavant.
du travail (BIT) est une personne
de 15 ans ou plus ayant travaillé (ne
serait-ce qu'une heure) au cours d'une
semaine de référence.
Sources
Les données globales d'activité, d'emploi
et de chômage au sens du BIT présentées
dans cet Insee Première sont issues de
l'enquête Emploi 2007. Les autres données
(activité et chômage par nationalité, données
relatives aux diplômes, à la catégorie
socioprofessionnelle, au secteur d'activité
et à l'ancienneté d'arrivée en France métropolitaine)
sont issues du cumul des quatre
premières enquêtes annuelles de recensement
de la population (2004 à 2007). Les résultats peuvent s'interpréter comme
décrivant une situation moyenne conventionnellement
datée mi-2005.
Lors des enquêtes annuelles de recensement
de la population comme de l'enquête
Emploi, les immigrants clandestins ont
vocation à être interrogés.
Par
Ajouter un commentaire