Emil Nolde au Grand Palais

S'il est un précurseur, le peintre allemand, Emil Nolde, appartient aussi au mouvement expressionniste allemand. Sa peinture violente, colorée, heurtée, ses formes humaines angoissées font de cet immense artiste un modèle unique dans son époque. La rétrospective présentée au Grand Palais rassemble 90 peintures et 70 aquarelles, dessins et gravures.

Emil Nolde Berlin 1909



« Enfant, j'adorais les couleurs. Je peignais avec du sureau et de la betterave. Je me glissais dans l'école en cachette le samedi après-midi pour dessiner et peindre ... »

Cette passion des couleurs, Emil Nolde ne l'a jamais perdue, tout au long de sa longue vie (1867-1956).
Né dans une famille de paysans protestants - on lit la bible à voix haute tous les soirs —, c'est un enfant solitaire, rêveur, nourri de légendes pleines d'images de piété naïve. Il est passionné par la nature qui l'entoure, la mer, les nuages, l'immensité des terres plates, à la frontière entre Allemagne et Danemark, où il vit. Toute sa peinture s'en ressentira.

La scénographie de l'exposition du Grand Palais rend à merveille l'explosion des couleurs de la peinture de Nolde : sur les murs foncés, avec un éclairage bien ciblé, sans cadre lourd, les tableaux ressortent, présents, vivants, avec une force singulière.

Nolde a commencé tard sa carrière de peintre : obligé par sa famille à devenir artisan, il commence par être ébéniste et ciseleur sur bois. Mais il n'arrête pas de prendre des cours, de dessiner, de peindre... À 30 ans, il présente une toile au salon de Munich — refusée —, mais il s'en inspire pour commencer une série de cartes postales peintes qui auront tout de suite un immense succès... et qui décident de sa destinée : il EST peintre.

La cima della pala et la Vezzana.© Nolde Stiftung-Seebüll 1897


- Cette première grande toile, « Géants de la Montagne », est au Grand Palais : parfaitement étonnants, ces quatre visages fantastiques que l'on croirait gravés dans du bois, épais, vivants...
- Il se lance. Il entre dans le monde des artistes, fréquente les impressionniste. Van Gogh le fascine, au point qu'un jour, il ira un jour voir ses parents. Il voyage beaucoup, à Paris... 1904 : « Printemps dans la chambre », « Homme sous les arbres », « Paysans »... ça y est : la vie, les paysages, l'expression des portraits, les couleurs... les grands traits sont là.

Printemps dans la chambre.©Nolde Stiftung-Seebüll 1904


Jour de Moisson.Coll.part. Genève.1905


Nolde se marie en 1902 avec Ada, actrice danoise avec qui il partagera tout jusqu'à la mort de cette dernière en 1946.

L'essentiel de sa création se fait entre son atelier de Berlin et celui situé près du lieu de son enfance, à la frontière entre ll'Allemagne et le Danemark, mais qui se déplacera au rythme des redistributions politiques entre ces deux pays. Lui-même se considérera toujours comme un peintre allemand, bien que devenu danois.

Il fait partie un temps du groupe «Die Brücke», vers 1907, puis de la « Sécession » de Berlin, mais s'en sépare vite : il se veut un peintre isolé. « Seul l'artiste en tant qu'individu est créateur d'art !» dit-il. Farouche individualiste.
Au Café.© Museum Folkwang.1911

Son trait se simplifie : plus d'esquisses, moins de dessin, les couleurs donnent la forme : Série de peintures sur les nuits de Berlin vers 1911. « Scènes à l'auberge du village » 1913.

C'est aussi une période riche en œ,uvres religieuses, comme la série « Vie du Christ » en1911. Mais aussi et toujours la nature : « Nuages d'été », 1913. Tous ses grands thèmes sont là.


Il part faire un grand voyage jusqu'en dans le Pacifique Sud, Chine, Corée, Philippines... revient...

Sa peinture se simplifie encore, apparaît vraiment l'humour grinçant : « Les paradis perdus » en est un témoignage remarquable. En Allemagne, c'est la montée du nazisme. Nolde se considère comme un peintre « allemand », dans la droite ligne de la bonne peinture , mais pas tout le monde !

En 1937 a lieu la grande exposition des peintres dégénérés, à Munich, pour stigmatiser la peinture « ignoble ». 48 de ses pièces sont sélectionnées. Il devient interdit de peinture, bon nombre de ses oeuvres sont détruites, et durant toute la guerre, il peindra en cachette, des aquarelles, « images non peintes ».

Il se remettra à peindre par la suite, bien sûr, et malgré la mort de sa femme ! Il reprend les immenses paysages, la mer « Grande vague déferlante », 1948, « Ferme dans les marais », 1947...

Il meurt à 89 ans.


Du 25 septembre 2008 au 19 janvier 2009
-Grand Palais
-3 avenue du Général Eisenhower
-75008 Paris
-www.rmn.fr



Par Christine Nathan

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