1977-1986, Editions Fayard
Une nouvelle fois, avec le tome II de ces Cahiers, la journaliste Michèle Cotta lève le rideau sur le grand théâtre de la politique en France, ses secrets, ses chausse-trappe, les caractères et les stratégies de ses acteurs, leurs bons et leurs moins aspects. Et ceci durant la période charnière 1977-1986. A déguster sans modération.
Ce deuxième tome des Cahiers de Michèle Cotta est sans doute le plus lourd de révélations. C'est la période qui voit se consommer le divorce entre Giscard et Chirac, mais aussi se lézarder l'Union de la gauche, et, au sein du PS, s'opposer partisans et adversaires d'une candidature Rocard, avant que François Mitterrand impose la sienne et l'emporte. C'est aussi l'époque où le Parti communiste brille de ses derniers feux et voit s'embraser la polémique autour du passé de Georges Marchais au STO, et - il y a déjà un quart de siècle - l'intense débat sur l'opportunité de participer aux Jeux olympiques de Moscou, là où sont bafoués les droits de l'homme... C'est ensuite le récit pittoresque des premiers pas de la gauche au pouvoir, ses ingénuités, ses novations. Cette période s'achève par la victoire de la droite aux législatives de 1985 et la première cohabitation avec Chirac à Matignon.
Mais laissons parler Michèle Cotta dans un extrait de l'avant-propos de ce deuxième tome des Cahiers secrets de la Ve République.
'Hybride... Ce tome 2 des Carnets secrets de la Ve République est hybride.
La première partie, qui va jusqu'en mai 1981, est entièrement consacrée aux stratégies des quatre « héros » de ce volume : Mitterrand, Giscard, Chirac, Marchais. À celles des personnages secondaires de la comédie du pouvoir, également. À leurs luttes, à leurs réconciliations toujours suivies de nouvelles escarmouches. Qui perd ? Qui gagne ? Comment ? Chirac préfère-t-il la victoire de Mitterrand à celle de Giscard, et pourquoi ? Giscard se sent-il une seule seconde menacé par le leader du PS avant l'échéance présidentielle ? La rupture entre communistes et socialistes avantage-t-elle finalement François Mitterrand ? À qui Georges Marchais a-t-il cédé en jouant la rupture ? Toutes questions que se posent les journalistes, ces historiens de l'immédiat.
La seconde partie de ce tome 2 commence après la victoire de la gauche en 1981. Nommée présidente de Radio France, puis, surtout, présidente de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle en 1982, mon regard sur le monde politique change. Trop à droite pour la gauche, trop à gauche pour la droite : cette position, qui m'a servie tant que je commentais les événements de la vie politique, apparaît d'un coup comme un lourd handicap. Pourtant, il s'agissait bien a priori d'assurer, au-delà de « l'équilibre et de l'honnêteté de l'information », comme le mentionnait la loi, l'indépendance de celle-ci. François Mitterrand, le premier, avait compris l'importance d'une instance de régulation du monde audiovisuel dont il percevait inituitivement l'inéluctable expansion. Hélas, entre comprendre et accepter, il y a un abîme, celui auquel se heurta précisément la Haute Autorité. Ainsi, pour la première - et unique - fois, ces Carnets secrets deviennent-ils plus personnels. Qu'on me le pardonne ! La vie ne se refait pas. C'eût été tricher que de faire comme si mes rapports avec les hommes politiques étaient restés, en ces années-là, ce qu'ils étaient auparavant, faits d'échanges, de vraies-fausses confidences, d'articles bien informés, de complicité parfois, d'intérêt toujours, de donnant donnant en somme...'
A propos de Michèle Cotta
Michèle Cotta est journaliste et écrivain. Michèle Cotta a débuté sa carrière de journaliste à L'Express. Entre 1981 et 1982, elle est présidente de Radio France, puis présidente de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. De 1987 à 1992, Michèle Cotta est directrice de l'information à TF1. De 1999 à 2002, elle est directrice générale de France 2. Michèle Cotta est présidente de l'École de journalisme de Sciences Po et directrice générale de JLA Groupe.
Michèle Cotta est aussi l'auteur de nombreux essais politiques. Elle a notamment publié La Collaboration (Armand Colin, 1963), Les Miroirs de Jupiter (Fayard, 1986), Carnets secrets de la présidentielle, mars 2001-mai 2002 (Plon, 2002), Politic circus, 16 portraits vérité (Archipel, 2004) et Cahiers secrets de la Ve République, tome I (Fayard, 2007).
Cela fait bientôt quatre décennies que Michèle Cotta prend des notes dans les antichambres du pouvoir, les congrès des partis, les déambulatoires de l'Assemblée, les conférences de presse de chefs d'État et les déjeuners de notables. Cette matière première, elle y a certes puisé pour rédiger ses articles, nourrir ses commentaires à la radio et à la télévision, mais la partie non exploitée de cette montagne d'informations était restée enfouie. C'est désormais un gisement inédit inappréciable pour l'histoire contemporaine de notre pays.
L'abondance des matériaux réunis, même triés, a conduit à faire deux tomes des Cahiers secrets de la Ve République, l'un de 1965 à 1977, le second de 1977 à1986, à la fin du dodécannat de Jacques Chirac.
- Cahiers secrets de la Ve République, Tome II
- Michèle Cotta
- Editions Fayard
- Broché
- 759 pages
- Sortie :octobre 2008
- Prix: 26 €
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