Le Grand Palais invite Richard Serra

Une exposition au carrefour des disciplines

Après Anselm Kiefer, au Grand Palais à Paris Monumenta accueille Richard Serra. Depuis 2007, Monumenta offre à un artiste isolé l'immense espace de la nef du Grand Palais. Cette année, et jusqu'au 15 juin 2008, l'espace est proposé à ce plasticien venu des Etats-Unis.
À l'occasion de cette installation, le Grand Palais organise une série de conférences, tables rondes, colloques, auxquels participent des philosophes, écrivains, cinéastes, scientifiques, historiens d'art, critiques, artistes de diverses disciplines. Un événement artistique hors du commun.

Classé Monument Historique

L'exposition de l'Américain Richard Serra sous la grande nef du Grand Palais met en lumière la spectaculaire verrière restaurée depuis deux ans. Sous sa transparence, réhaussée par la luminosité de ce mois de mai parisien, c'est tout d'abord l'étonnante histoire du lieu qui revient en mémoire : construit pour l'Exposition Universelle de 1900, le Grand Palais a accueilli les salons de l'automobile, des concours hippiques, des défilés de mode. Il a même servi à l'entraînement militaire des grands blessés de la guerre de 14-18.

Surtout, il a été le rendez-vous d'évènements artistiques majeurs : dès le début du XXe° siècle, il accueillit les salons : des artistes français, des «refusés», salon des indépendants et, plus récemment, la FIAC (Foire Internationale d'Art Contemporain), Art Paris, enfin Monumenta. Cette dernière manifestation propose à un artiste d'investir tout l'espace, et de créer une oeuvre unique. En 2007, c'était Anselm Kiefer, cette année, c'est Richard Serra.

Anselm Kiefer, Richard Serra

Chemin de fer - Anselm Kiefer
Deux artistes du monumental, et pourtant on ne peut imaginer deux artistes plus différents : Anselm Kiefer avait utilisé le Grand Palais comme un magnifique écrin, boite dans laquelle il avait mis d'autres boites - ses maisons - dans lesquelles il avait mis ses œ,uvres, peintures et sculptures chargées de mémoire et du poids de l'histoire , mais il avait dressé à côté ses énormes blocs de ciment, figures d'immeubles détruits. Toute la sensibilité de la culture européenne passée et actuelle s'y trouvait.

Richard Serra a installé dans l'espace cinq grandes plaques d'acier verticales, fichées dans le sol, plaques dont la position, le volume et l'inclinaison ont été longuement réfléchis. Cette réalisation, comme le dit
L'installation des plaques de Richard Serra
Alfred Pacquement, Commissaire de l'exposition, est d'abord issue de la tradition de la construction , elle fait de Richard Serra un architecte de l'espace.
Serra s'inscrit dans cet art contemporain venu des États-Unis dans les années 60, qui se veut sans passé , où la théorie et le dit sur l'art occupent une place importante : « vous n'avez pas besoin de connaître quoique ce soit sur l'histoire de l'art ou l'histoire de la sculpture pour comprendre ce travail, le contenu réside dans le visiteur » dit-il.

Un événement artistique

Le Commissaire de l'exposition, Alfred Pacquement, a fait de cette Monumenta un événement multiculturel remarquablement organisé : sont abordés des thèmes aussi pointus que le dialogue entre esthétique, politique et philosophie, le concept de postmodernité, l'histoire de la sculpture , mais aussi des questions plus techniques, comme celles que soulèvent la réalisation des plaques d'acier de grande taille, la recherche technique sur les matériaux, donc la collaboration avec les industriels de l'acier.
Des rendez-vous réguliers sont organisés tous les jeudis à 19H30, les vendredis à 19h30, et certains samedis à cette même heure. Des films sont programmés presque quotidiennement (programme détaillé sur monumenta.com).

Deux colloques important sont organisés :
-Les vendredi 23 mai et samedi 24 mai « Vous avez dit Sculpture », avec une vingtaine de participants, sous la direction de Danielle Cohen (EHESS).

-le samedi 31 mai, à 14 heures, « Le PostModerne », organisé par Fabien Danesi (Villa Médicis), K.Schneller et H.Trespeuch (Université Paris I)

Monumenta 2009 sera offerte à Boltanski. Pour quelle nouvelle expérience ?

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Par Christine Nathan