Mont Saint-Michel : 1300 ans

Le Mont Saint-Michel fête ses 1300 ans

Le Mont Saint-Michel, ce « château de fées planté dans la mer », comme l'appelait Maupassant, fête ses 13 siècles d'existence. Troisième site le plus visité de France, ce rocher, niché au détour de la route d'Avranches, dans une baie démesurée, vit au rythme des plus grandes marées d'Europe. Visite guidée, en ULM puis à pied de cette figure emblématique de la Normandie, inscrite au Patrimoine Mondial de l'Humanité.




A nos pieds, le tapis vert des herbus ...

Piqueté de langues sablonneuses, façonné par les marées et lissé par des vents puissants, le tapis vert des herbus se déploie sous nos pieds. Au loin se dresse la silhouette élancée de l'énigmatique navire, refuge des moines, émergeant des eaux moirées. Le ronronnement de l'ULM trouble à peine la quiétude de cette immensité. Le Mont Saint Michel apparaît tel un poing dressé qui chatouille le ciel de ses flèches de granit. Petit à petit se dessine le village blotti à ses pieds, tandis que Saint Michel tout d'or vêtu nous défie du haut de la flèche de l'abbaye. Nous découvrons la face nord, abrupte paroi rocheuse sur laquelle est érigée la Merveille dont les puissants contreforts extérieurs confortent la verticalité. Nous bouclons le survol par l'ouest où se détache la terrasse qui dessert l'entrée de l'église abbatiale. Notre approche aérienne se limitera à un vaste cercle autour du Mont Saint Michel qui ne s'apprivoise qu'à pied...

Entre légende et histoire...

L'histoire du Mont Saint-Michel remonte à une nuit de l'an 708, quand l'Archange Saint Michel ordonna à Aubert, évêque d'Avranches, de

construire une église sur le Mont Tombe. A l'égal de Rome et de Saint-Jacques de Compostelle, le Mont Saint Michel devient un des hauts lieux de pèlerinage de l'Occident médiéval. Pendant plusieurs siècles, les communautés de moines bénédictins vont bâtir une des réalisations monumentales les plus fantastiques du Moyen-âge.

Au XIV et XV siècles, durant la guerre de cent ans, l'abbaye est protégée par un ensemble de remparts. Devenue prison sous la Révolution et l'Empire, l'abbaye a été restaurée à la fin du XIX siècle.

La truculence du Moyen-âge

Défendue par un pont-levis, la porte du Roi contrôle l'entrée du village, concentré à l'est du Mont. Celui-ci se résume à une unique rue étroite et escarpée, bordée de restaurants, d'hôtels et de boutiques, grimpant à l'assaut du rocher jusqu'à l'abbaye. De l'Artichaut, de la Coquille, de la Licorne, de la Truie qui File... les maisons médiévales à colombage et toitures de bois qui se serrent de chaque coté de la Grand Rue, ont conservé leurs jolis noms d'autrefois.


Venelles, raidillons et escaliers étroits convergent vers l'abbaye, point névralgique du rocher. En chemin, après l'église du XV siècle dédiée à Saint-Pierre, patron des pêcheurs, une halte s'impose dans le cimetière mouchoir de poche où repose la Mère Poulard, figure emblématique du Mont.

Abbaye et Merveille, un défi des hommes

Ultime épreuve et prélude à la visite de l'Abbaye et de la Merveille, l'ascension du Grand Degré extérieur, escalier monumental. L'ambition des moines bâtisseurs fascine encore aujourd'hui. Ponctuée de projets abandonnés, de destructions et de reconstructions, la construction de l'abbaye sur ce site à la topographie très difficile fut un vrai tour de force tant technique qu'artistique, un défi des hommes aux éléments et au temps. Au fil de la visite, se révèle toute la démesure de l'architecture médiévale.

Perchée au sommet du rocher, l'église abbatiale est une magnifique réalisation romane avec sa nef à quatre travées, sa superbe croisée de transept et son lumineux chœ,ur gothique flamboyant cerné d'un triforium. Le clocher néo-roman et la flèche néo-gothique supportent la statue dorée de l'archange réalisée à la fin du XIX. Du haut des arcs-boutants soutenant le chœ,ur, on jouit d'un panorama inoubliable sur la baie. Puis on plonge dans les trois cryptes taillées à même le rocher, Notre Dame des Trente Cierges, Saint Martin et des Gros Piliers, qui servent de soubassement à l'église abbatiale.

Merveille et cloître, chefs d'œ,uvre d'architecture gothique

Au nord de l'église, la Merveille est organisée verticalement. Le bâtiment de trois niveaux fut construit à flanc de rocher en un temps record entre 1212 et 1228. La Merveille est couronnée par le cloître, étonnant jardin suspendu orné de sculptures aux motifs végétaux. Dans le scriptorium, les moines copistes réalisèrent les manuscrits précieux conservés au Scriptorium d'Avranches.
La visite s'achève par le véritable cœ,ur du Mont, le plus ancien des sanctuaires, l'émouvante église carolingienne de Notre Dame sous terre, progressivement enracinée dans les soubassements de l'abbaye. Composée de deux nefs jumelles, elle fut construite vers 966 par les premiers moines bénédictins à la place de l'oratoire d'Aubert.
Cependant beaucoup de lourdes portes et de passages secrets nous resteront fermés, préservant le mystère du Mont.
Au sortir de l'abbaye, on peut redescendre par le chemin de ronde jalonné de petits jardins, ou opter pour le chemin des remparts, où l'architecture militaire médiévale fait écho à l'architecture religieuse.

La marée à la vitesse d'un cheval au galop ?

Si le mythe a la dent dure, la vitesse de la marée montante n'excède pas les 4 km à l'heure ! En revanche le danger des sables mouvants est bien réel et il ne faut pas s'aventurer seul dans la baie. D'ailleurs le livre des marées est le compagnon de tout montois. Théâtre des plus grandes marées du monde, la baie du Mont Saint Michel constitue la plus vaste étendue française de prés-salés et de polders offrant une grande diversité de milieux naturels. Une promenade sur l'estran jusqu'à l'îlot de Tombelaine permet d'observer goélands et oiseaux migrateurs et le spectacle fascinant du mascaret qui remonte les grèves.

Omelette de la Mère Poulard ou gigot de pré salé ?

Les auberges pittoresques au décor soigné étaient déjà prisées des romantiques du XIX siècle. Ici plane le souvenir omniprésent de la Mère Poulard qui rassasiait les pèlerins d'une omelette dont la renommée franchit vite les remparts. A l'entrée du village, les battements syncopés du fouet du cuisinier signalent le restaurant mythique. Pas d'escapade au Mont Saint Michel, sans déguster une grillade ou un gigot d'agneau de pré salé au goût incomparable. Vous pourrez aussi essayer les salicornes, cornichons de mer au goût salé, abondants dans la région. Bon appétit...

Sous la protection de l'Archange

Dès la tombée de la nuit, la vie déserte le Mont-Saint-Michel qui se pare d'un habit de lumière. La ballade au clair de lune se révèle féerique , quelques silhouettes furtives se profilent dans les raidillons, la magie du silence opère et le Mont s'habille d'un voile de mystère...Il ne reste plus qu'à se couler dans la chaleur douillette d'une chambre d'auberge. Et si d'aventure vous êtes sensible à la spiritualité des lieux, vous pouvez renouer avec la tradition des pèlerins d'antan, puisque l'abbaye ouvre ses portes pour des retraites sous la protection de l'Archange du jugement...

Le Mont Saint Michel désensablé ?

L'ensablement de la baie s'est accéléré au fil des siècles, les polders risquant d'ancrer définitivement le Mont Saint-Michel à la Normandie. Bientôt extrait de sa gangue de sable, dégagé de l'emprise des herbus qui l'étouffent, du stationnement qui le défigure et de la digue-route qui le cloue à la côte, le Mont va redevenir une île. Un pont que les visiteurs traverseront en navette remplacera bientôt la digue. Un système de retenue d'eau permettra de prolonger la chasse de la marée descendante, favorisant l'écoulement des sédiments. Les travaux de désensablement de la baie ont débuté en juin 2006 et le Mont Saint Michel sera bientôt être réconcilié avec son visage maritime.


Carnet d'adresses

Office du tourisme : tel : 02 33 60 14 30. www.mont-saintmichel.com
Office de tourisme du Mont Saint-Michel : www.ot-montsaintmichel.com
Survol de la baie en ULM : tel : 02 33 48 67 48 / 06 07 54 91 92. www.ulm-mont-saint-michel.com. Compter 90 € pour le survol de la Baie.

Les Chemins de la Baie : traversées et randonnées en baie du Mont Saint Michel : tel : 02 33 89 80 88. www.cheminsde la baie.com

Visite de l'abbaye : Réservation et informations : Tél : 02 33 89 80 00 - www.monum.fr Ouvert tous les jours sauf 1er janvier, 1er mai et 25 décembre de 9h30 à 18h00

Hôtels

Hôtel de la Mère Poulard : www.mere-poulard.com tel : 02 33 89 68 68. 27 chambres à partir de 100€.

Hôtel Les Terrasses Poulard : www.mere-poulard.com tel : 02 33 89 02 02
29 chambres à partir de 70 €.

Le Mouton Blanc : www.lemoutonblanc.com tél : 02 33 60 14 08 - 15 chambres à partir de 75 €.

Hôtel Le Saint Michel : www.lesaintmichelridel.com tél : 02 33 60 14 37 - 6 chambres à partir de 55 €.

Restaurants

La Mère Poulard : tél : 02 33 89 68 68. Menu de 50 à 80 €
Le Mouton Blanc : tél : 02 33 60 14 08. Menu de 20 € à 45 €.



Par Catherine Bardon

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