Catherine Gros Servan-Schreiber
Louise et Juliette, l'histoire de deux soeurs inséparables, écrit par Catherine Gros Servan-Schreiber est un roman à clés sur la mère de Jean-Jacques Servan-Schreiber et son mari, le fondateur du journal Les Echos.
Rien ne devait les séparer sauf la mort. D'ailleurs Louise et Juliette, le roman de Catherine Gros Servan-Schreiber commence par la description du décès d'une des deux soeurs. Jeunes filles au moment de la première guerre mondiale, Louise et Juliette étaient liées par un attachement profond qui va résister aux tourmentes de la guerre de 40 alors qu'elles se retouvent dans des camps opposés.
Louise (alias Denise Servan-Schreiber), belle et forte femme a épousé Charles (alias Emile Servan-Schreiber), un brillant intellectuel juif directeur d'un journal. Le couple a cinq enfants dont l'aîné, beau, très doué et futur polytechnicien est adoré par sa mère, comme le fut Jean-Jacques Servan-Schreiber. Très tôt engagé dans la lutte contre Hitler par ses écrits, Charles va vivre la guerre dans la crainte d'être arrêté. Avec sa famille, il se réfugie dans le chalet familial de Mégève (Haute-Savoie).
Outre la pénibilité de l'exode, le roman livre une longue description de cette station des Alpes où se réfugièrent de nombreux juifs. Les dénonciations, les descentes de la police et de la Gestapo auxquelles il faut échapper, les difficultés de la vie quotidienne-le froid et la faim notamment- sont racontées au travers de la vie de cette famille où la personnalité de Louise, épouse amoureuse, fervente catholique et mère autoritaire s'affirme chaque jour davantage. Lorsque les Allemands envahissent la zone libre et que son mari s'est engagé dans la Résistance, elle décide de regagner Paris avec ses enfants.
Outre l'histoire de sa grand-mère, Catherine Gros Servan-Schreiber fait aussi une large place à celle de sa propre mère, Emilie (alias Brigitte Gros, une des soeurs de JJSS) qui s'engagea très tôt dans la Résistance mais ne bénéficia pas de la part de sa mère de la même admiration et tendresse que son frère aîné.
Les mythes de la famille
Face à cette famille traquée mais unie, combattant le nazisme, l'itinéraire de Juliette est pathétique. Paul, son préfet de mari est désigné pour succéder à Jean Moulin en Eure-et-Loir après la démission de ce dernier en novembre 1940. Il sera un serviteur zélé du gouvernement de Vichy et de l'occupant, à ce titre il sera impliqué dans plusieurs actions de répression menées par les nazis. Quant à leur fils unique, Cédric, il s'engage dans le Service d'Ordre légionnaire.
Néanmoins, à la fin de la guerre, Louise est au côté de Juliette lorsque celle-ci doit affronter le procès et la condamnation de son mari pour collaboration. Le livre s'achève par la libération de Paul en 1954, grâce à l'influence politique de son beau-frère qui cependant n'a jamais accepté de le revoir.
Ces drames et ces déchirement n'ont pas eu raison de l'amour que se portaient les deux soeurs. Lorsqu'elles sont séparées géographiquement, elles s'écrivent. On retrouve à travers leur correspondance les grands mythes du clan Servan-Schreiber, comme la maison de Veulettes, en Normandie, où la famille avait l'habitude de se retrouver et de recevoir.
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