Pour son roman « Le cas Eduard Einstein » Laurent Seksik a reçu le 6 novembre 2014, le Prix » l’Autre Page » décerné par un jury de psychanalystes. L’auteur y retrace la tragédie familiale d’Albert Einstein, dont le fils Eduard, schizophrène passera trente ans de sa vie en institution psychiatrique. Un livre bouleversant d’humanité.
« Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution. » Laurent Seksik, médecin, et auteur de six romans, d’une biographie d’Albert Einstein et d’une pièce de théâtre, met en scène les personnages d’un drame méconnu.
Le plus jeune fils d’Einstein, Eduard vers l’âge de vingt ans se révèle schizophrène. Miléna, la première femme d’Albert dont il s’est séparé une quinzaine d’années plus tôt, conduit Eduard à l’asile de Burghölzli à Zurich, contrainte par les violences de son fils. Eduard y finira sa vie, quelque trente années plus tard, délaissé par tous.
Laurent Seksik, avec une force de vérité bouleversante, fait entendre la voix d’Eduard dans ses délires, ses moments de lucidité, ses désespoirs. Eduard, mêlant l’admiration, l’amour, la détestation de son père déclare : « dans la formule E=mc2, le E c’est celui d’Eduard ».
Et puis il y a Miléna qui fut une brillante étudiante aux côtés d’Einstein, et qui, femme délaissée et sans doute frustrée de n’avoir poursuivi de carrière scientifique déverse des reproches par tombereaux sur son ex-époux.
Voilà que Laurent Seksik, révèle un autre secret de famille, inconnu jusqu’au milieu des années 1980 : Einstein et Miléna, pas encore mariés, ont eu une fille au début des années 1900. Une petite que Miléna a confiée à une nourrice en Serbie et qui a disparu à l’âge de trois ans. La seule trace qu’il en reste, se trouve dans des lettres que Miléna n’a pas détruites, en dépit de la demande d’Einstein.
Enfin Albert, qui vit Berlin. Il s’est remarié avec une lointaine cousine – une femme qui plaît à ses parents, au contraire de Miléna. Les nazis au pouvoir font du Professeur Einstein, prix Nobel de physique , adulé, fêté, le numéro 1 sur la liste des hommes à abattre. Einstein est obligé de s’enfuir aux Etats-Unis. Sans Eduard. Les autorités américaines refusent d’ailleurs d" accorder un visa aux personnes atteintes de graves maladies mentales.
Paru en 2013, « Le cas Eduard Einstein » est un grand roman. Inspiré de faits réels, il ne peut laisser personne indifférent. Laurent Seksik fait revivre avec un talent de narration formidable, ce drame intime où se mêlent folie et génie, sur le fonds des séismes de l’Europe de la première moitié du XXe siècle.
Le Prix l’Autre Page en est à sa quatrième édition. Il est remis chaque année depuis 2011 à l’auteur d’un roman dont le thème soulève une question abordée par la psychanalyse. Alexandre Jardin pour « des gens très bien », Sandrine Roudeix pour « Les petites mères », Julia Deck pour « Elisabeth Viviane Fauville » en ont été les précédents lauréats.
Par Elsa Menanteau
Le Cas Eduard Einstein , par Laurent Seksik
Ed.Flammarion
304 pages
2013
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