Jusqu'au 9 juin 2012, la fondation Francès nous invite à découvrir les œ,uvres de plusieurs artistes dans une exposition-dialogue qui fait émaner la force de la peinture au fil du temps. Entre parodie et transgression, « Stigmates » ébranle irrémédiablement notre rapport à l'œ,uvre.
La fondation Francès représente tous les excès de vies, aussi bien ceux qui nous fascinent que ceux nous façonnent. Cette nouvelle exposition « Stigmates » demeure fidèle à l'esprit de la fondation en s'inscrivant dans un processus de sensibilisation des publics à l'art contemporain.
Une invitation au dialogue
Cette exposition-dialogue aborde la question de la force d'une peinture au fil du temps en confrontant les œ,uvres de l'artiste invité Philip Gurrey à celles de Jake et Dinos Chapman, George Condo, Hans-Peter Feldmann, Rachel Labastie, Mathieu Mercier, Gosha Ostretsov, Markus Schinwald. De l'évocation allusive à la citation directe, les artistes réunis réinterprètent pour soulever de nouvelles interrogations et faire émerger de nouveaux enjeux. Ils n'hésitent pas à investir le champ de l'histoire de l'art en se réappropriant les motifs et codes d'antan, afin de nous amener à un recul critique et ironique de notre rapport à l'œ,uvre.
Traces collectées, mosaïque stigmatisée
Chacun dévoile au grand jour les fantasmes dissimulés et met en lumière les blessures enfouies qui s'échappent au fil du temps : « Les oeuvres associent des multiples traumatismes, ces « brisures de l'âme », afin de faire ressortir un certain rapport à l'esthétique », confie Estelle Francès.
Philip Gurrey projette dans un morphing l'âme intensément dramatique de portraits blessés en s'inspirant du cinéaste Lars Von Trier, Markus Schinwald dispose des appareils de torture sur ses portraits style Second Empire où l'émotion semble inexistante, Rachel Labastie confectionne des objets soulignant la fragilité de l'Homme et de la matière, Jake et Dinos Chapman relatent les effets du temps sur l'art et sur notre corps, Hans-Peter Feldmann altère la beauté d'un visage et par la même notre sensibilité. De son côté, Mathieu Mercier dissimule les visages sous une sorte de masque à mi-chemin entre le tribal et le sportif pour en faire finalement apparaître les cicatrices. George Condo a choisi de faire directement allusion au Saturne dévorant ses enfants de Goya, qu'il réinterprète d'une manière radicalement fantasmée.
Conceptualiser le stigmate pour le faire revivre
Gosha Ostretsov, quant à lui, révèle une obsession universelle et intemporelle : « Dans cette œ,uvre d'Ostretsov, l'objet est complètement dépecé, il perd toute sa contenance, mais l'obsession temporelle se perpétue », poursuit Estelle Francès.
« Ce sont les traces du temps qui redonnent vie au tableau et font revivre son sentiment. Une nouvelle nature est donnée à l'objet, qui demeure tiraillé entre le statut de simple objet ou celui d'œ,uvre de design », conclut-elle.
Cette exposition est donc surtout l'occasion d'expliquer en quoi l'art contemporain s'inscrit dans la suite logique de l'histoire de l'Art, œ,uvre intemporelle et universelle formée par son esthétique et sa transgression. Revisiter ces œ,uvres venues de l'histoire de l'art, défier l'écoulement du temps et mettre en lumière des stigmates pour les rendre palpables, voilà ce à quoi aspirent la vingtaine d'œ,uvres rassemblées.
Pour information, le concept d'exposition-dialogue est mis en oeuvre trois fois par an à la fondation Francès.
Par
« Stigmates »
Du 16 mars au 9 juin 2012
Entrée libre
Fondation Francès
27 rue St Pierre
60300 SENLIS
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 19h
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