Qui n’a pas entendu parler de la réouverture après cinq ans du célèbre Musée Picasso à Paris dans le Marais, a dû hiberner durant six mois… Orchestrée par l’ancienne directrice du Musée, Anne Baldassari, la nouvelle mouture du musée est une réussite.
Soutenue par Claude Picasso, fils du grand maître, la commissaire de l’exposition nous offre un parcours original et sensuel à travers l’œuvre de celui qui inspira tant d’artistes contemporains.
Réouverture du Musée Picasso, après cinq ans de travaux dans l'Hôtel de Salé- © Musée national Picasso-Paris/Béatrice Hatala
Les trente-quatre salles de l’Hôtel Salé, bijou du XVIIème construit par Pierre Aubert, protégé de Fouquet qui percevait l’impôt sur le sel, servent d’écrin majestueux aux cinq mille tableaux exposés. En résonnance avec des œuvres de Cézanne, Renoir, Matisse, Modigliani issues de la collection personnelle de Picasso, les tableaux du maître espagnol se découvrent de façon non rationnelle. Nous confessons avoir été dans un premier temps décontenancés par un accrochage qui n’obéit ni à la chronologie, ni à des périodes bien connues de Picasso. Lorsque la raison admit sa déconvenue, laissant place aux sens, nous commençames le véritable voyage.
Picasso - La course - MP78@RMN-GP-Jean Gilles Berizzi
Voir ou revoir La Mort de Casagemas réalisé en 1906, dans un halo d’où émane tout le désespoir de cet ami suicidé à la suite d’un chagrin d’amour, prémisses parisiennes de la Période bleue. S’arrêter longtemps en face à l’Autoportrait bleu sublime de mélancolie du jeune homme débarqué à Paris en 1901. Et le comparer ensuite à cet autre autoportrait stylisé, tel un masque primitif, brut, froid. Rassembler ses pensées enfin au sein du cubisme analytique, l’homme à la guitare ou la nature morte à la chaise cannée. Assister à l’élaboration des Demoiselles d’Avignon, et soudainement à une relecture des maîtres anciens à travers le très touchant portrait de son fils Paul en Arlequin. Ressentir la liberté des femmes louves, monumentales, dans La Course. Se retenir de caresser le plâtre des Métamorphoses, élévation sensuelle aux accents d’Arts Premiers... Il y a chez Picasso tant de talent, de production « Donnez-moi un musée, je le remplirai » disait-il !, de recherches esthétiques infatigables (« je ne cherche pas, je trouve ! ») qu’il est impossible d’ignorer son œuvre. Ses actes politiques tels Guernica, sa vie privée digne d’un roman russe, son regard puissant sur son siècle, son génie qui le conduit à réhabiliter l’art dans l’histoire tout en le réinventant sans cesse, fontde Picasso le plus grand artiste du XXème siècle.
MP55@RMN-GP-RMN-René Gabriel Ojéda
Adulé de son vivant, il attira les plus célèbres photographes, de Man Ray à Brassaï, ne laissant rien au hasard concernant son image. Picasso est un démiurge, enfant gâté de ceux qui font de leurs contradictions une motivation,, une révolution, une immortalité. Celui qui se releva de toutes les adulations et répulsions successives, ouvrant la porte à un érotisme décoiffant dans ses dernières années, garda son regard innocent « Depuis mon plus jeune âge je peignais comme Raphaël, et j’ai mis toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant. »
Par Aurore t’Kint
MUSÉE PICASSO PARIS
Hôtel Salé
5 Rue de Thorigny
75003 Paris
Ouvert du mardi au vendredi de 11h30 à 18h. WE et jours fériés de 9h30 à 18h. Nocturne jusque 21h le troisième vendredi du mois.
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