Un trésor signé Michel Ange
Le Musée Maillol consacre aux Borgia une exposition montrant le rôle et l'influence de cette famille à la réputation sulfureuse, lors de la Renaissance italienne. L'exposition recèle une pépite : la maquette de la Pietà de Michel Ange.
Cette exposition, au musée Maillol, « Les Borgia et leur temps », semble être une exposition de plus. Les conditions de visite dans ce musée ne sont pas optimum. Des salles exigües, des groupes sonorisés qui demandent alentour le silence, comme si la visite d'une exposition s'apparentait à celle d'une cathédrale. Les pièces exposées, mises à part quelques œuvres, n'ont rien d'emballant. Copies tardives ou œuvres médiocres, un fourre-tout où il est question des Borgia tout de même, des Médicis, de Machiavel, de Savonarole, des rois de France Charles VIII et Louis XII, de Martin Luther et de sa femme. Cette histoire, imbroglio absolu, peut-elle être racontée en une soixantaine de toiles et aucun choix n'a vraiment été fait. Un sujet plus recentré conviendrait mieux à un lieu comme le musée Mailllol.
Mais une chose mérite à elle seule un détour par la rue de Grenelle : la Piéta attribuée à Michel-Ange. En fait, la statue en terre cuite est la maquette de la Pietà qui est l'un des joyaux de la basilique Saint-Pierre de Rome. Cette statue a une histoire invraisemblable. Elle est remarquablement racontée dans le catalogue de l'exposition par Roy Diliner, l'historien d'art qui a sauvé, identifié et authentifié la statuette.
Altobello Melone -Portrait de gentilhomme (César Borgia?) 1513
Bergame, Accademia Carrara di Bergamo -© Archivio fotografi co Accademia Carrara
A la fin du XVe siécle, un cardinal français, le cardinal de Lagraulas, en poste à Rome, sentant sa fin proche, se préoccuppe de construire un mausolée à sa gloire. Il décide que ce sera à la chapelle de Sainte Pétronille, vierge et martyre, sainte patronne des Français à Rome, depuis que Charles Martel, Pépin le Bref puis Charlemagne se sont inclinés sur sa sépulture.
Pour l'orner, il lance un appel d'offre pour la réalisation d'une vesperbild, scène du crépuscule en allemand, la vierge tenant dans ses bras le Christ mort. Ce genre n'existe pas dans l'Italie solaire de la Renaissance. Concourrent les sculpteurs les plus en vue de la Ville éternelle. Michel-Ange, alors un inconnu d'une vingtaine d'année, nouvellement arrivé de Florence, se met sur les rangs et propose une maquette de la Pietà. Il emporte le contrat. Le résultat est encore visible à la basilique Saint-Pierre. C'est la naissance d'un nouveau genre, la Pietà, et de la première œuvre majeure de Michel-Ange. On trouve des traces de cette maquette jusqu'à la fin du XVIe siècle. Et puis elle disparaît. Pour réapparaître chez un brocanteur.
Pietà attibuée à Michelangelo Buonarroti dit Michel-Ange.Dernière décennie du XVe siècle - Terre cuite-Collection privée © D.R.
C'est là que Roy Doliner intervient. Commence un travail de sauvetage, impliquant décapage et restauration, la statue ayant été peinte, repeinte et encore repeinte. Mais au terme de cette épopée qui dure presque dix ans, c'est un bijou qui est offert à la vue du public. La grâce et la sérénité de la vierge tenant dans ses bras un bel homme alangui, comme endormi. Rien de raide dans la composition ou de compassé. Le soleil de l'Italie illumine ce sujet sombre.
C'est à voir jusqu'au 15 février 2015, au musée Maillol.
Par Marie-Catherine Chevrier
- Informations pratiques
- Musée Maillol Fondation Dina Vierny
- 59-61 rue de Grenelle 75007 PARIS
- T. 01 42 22 59 58 F. 01 42 84 14 44
- M° rue du Bac (LIGNE 12)
- Bus N° 63, 68, 69, 83, 84
www.museemaillol.com
Horaires : Tous les jours de 10h30 à 19
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30
Tarifs :plein tarif 13 € - tarif réduit 11 € - gratuité : enfants de moins de 11 ans, amis du Musée Maillol, journalistes titulaires de la carte de presse, guides interprètes/conférenciers, membres ICOM, ICOMOS
Billeterie en ligne : www.museemaillol.com - www.fnac.com
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