Le regard de Caroline: Velázquez

Combien de tableaux de Velázquez le Louvre possède ? Probablement aucun. Voyage dans le temps et dans l’espace au Grand-Palais : Focus sur le XVIIème siècle à travers le plus célèbre des peintres officiels du Roi d’Espagne. Velázquez marque l’histoire de l’art du sceau d’une vision sans avoir, toutefois fait école.

A Séville, ville ouverte sur le Nouveau Monde, Velázquez (1599-1660) de 12 à 18 ans se forme dans l’atelier du fameux peintre et théoricien Francisco Pachebo. En 1617, il est reçu dans la corporation des peintres puis parvient à entrer définitivement comme artiste à la cour de Madrid, le 30 août 1623, lorsque le souverain Philippe IV lui accorde une séance de pose puis l’engage satisfait de son portrait.

L’exposition remarquable rendre visible, d’œuvre en œuvre, la singularité de la touche de l’artiste en la confrontant à celles de son maître et des artistes contemporains qui l’entourent. La comparaison est instructive.

expo velazquezDiego Velázquez, L’Immaculée Conception 1618-1619 
Huile sur toile, 135 x 101,6 cm 
Londres, The National Gallery © The National Gallery

Le pape Paul V interdit la critique publique de l’Immaculée conception. L’artiste qui depuis toujours doit s’en référer au théologien avant de montrer une peinture religieuse peint dans une atmosphère emplie de mysticisme. Velázquez parvient à insérer dans l’intention dogmatique une dimension vivante. Drapée avec élégance, la vierge au visage poupin, incarne une présence en suspension entre deux mondes, céleste et terrestre.

expo VelazquezDiego Velázquez, La Forge de Vulcain vers 1630 
Huile sur toile, 222 x 290 cm 
Madrid, Museo Nacional des Prado © Madrid, Museo Nacional del Prado

Lors de son premier voyage en Italie en 1622, Vélasquez découvre les dernières tendances caravagesques à la mode et débute un dialogue ininterrompu avec l’art italien. Il adopte une forme de réalisme servi par un éclairage théâtral. La Forge de Vulcain est l’un de ses tableaux les plus célèbres. Il provoque une sensation d’instantané photographique qui le rend moderne.

Sa présence ne fait pourtant pas oublier le grand absent : Les Ménines. Considéré non comme un simple tableau mais comme un « monument » de la peinture, de l’art, de l’Espagne « Il ne voyage pas , m’explique Guillaume Kientz le commissaire de l’exposition. Il faut aller à Madrid, au Prado pour le voir ». A la place, un court documentaire audiovisuel très pédagogique décode le jeux des regards qui qualifient l’oeuvre.

Portraitiste

expo VelazquezDiego Velázquez Autoportrait 1640-1650 
Huile sur toile, 45 x 38 cm 
Museo de Bellas Artes, Valence © Museo de Bellas Artes, Valence

Dans cet autoportrait, l’artiste s’adresse au monde. Son maître Pachebo qui posséda l’œuvre dira pointant ces échanges si fructueux au Siècle d’Or entre l’Espagne et l’Italie que l’œuvre fut peinte « dans la grande manière de Titien».

expo velazquezDiego Velázquez, Portrait de l’infante Marguerite en bleu vers 1659 
Huile sur toile, 127 x 106 cm 
Kunsthistorisches Museum, Vienne © Kunsthistorisches Museum, Vienne
 expo velazquezDiego Velázquez, Portrait de l’infant Baltasar Carlos sur son poney 1634-1635 
Huile sur toile, 211,5 x 177 cm
Madrid, Museo Nacional del Prado © Madrid, Museo Nacional del Prado

Velázquez peint l’enfance de façon géniale et intimidante. Quand il portraiture l’infant Baltasar, on peut le voir alors grandir, de toile en toile, dans différentes situations et tenues qui s’accordent à ses fonctions à venir.

expo VelazquezDiego Velázquez, Portrait de Philippe IV vers 1654 
Huile sur toile, 69,3 x 56,5 cm 
Madrid, Museo Nacional del Prado © Madrid, Museo Nacional del Prado

Ce portrait de Philippe IV est l’une des dernières images officielles du souverain. Cette peinture fut peut-être un prototype à l’usage de l’atelier chargé de la reproduire afin de diffuser l’image royale.

expo velazquezDiego Velázquez, Portrait du pape Innocent X 1650 
Huile sur toile, 140 x 120 cm 
Rome, Galleria Doria Pamphilj © Amministrazione Doria Pamphilj srl

Ce portrait fut exécuté en 1850. Le tableau une fois achevé, le Pontife l’aurait trouvé trop vrai. Réalisé dans la tradition de Raphaël et Titien, la palette cependant lui appartient en propre ainsi que la profondeur psychologique du modèle qui résume son apparition tant sacrée que profane. Plus tard, Francis Bacon s’inspire de ce tableau en 1953, pour effectuer une de ses séries les plus célèbres.

Un des nus les plus célèbres de l’histoire de la peinture.

expo velazquezDiego Velázquez, Vénus au miroir vers 1647-1651 
Huile sur toile, 122,5 x 177 cm 
Londres, the National Gallery © The National Gallery

On sait très peu de choses. C’est l’amour qui tend un miroir au visage de la femme qui regarde qui ? A nouveau, ce tableau se veut être une réponse aux nus italiens conservés dans les collections espagnoles.

In fine, chaque œuvre de cet artiste reste à regarder comme un chef d’œuvre autonome, inspiré par le contenu du sujet à peindre et se rappeler qu’il offre 60 ans d’activité sous l’Espagne du Siècle d’Or.

Une nouveauté.
Pendant toute la durée de l’exposition, les visiteurs se verront proposer parallèlement aux audio-guides des lunettes connectées, une expérience inédite proposée par Acoustiguide, à ne pas manquer.

Bibliographie
La monographie de référence « Velázquez l’affrontement de la peinture » est publiée chez Cohen et Cohen et Guillaume Kientz le commissaire de l’exposition en est l’auteur. Dans ce livre, dit-il : « Nous essaierons de restituer le cadre historique et culturel de ses créations quand il éclaire ses œuvres, mais nous reviendrons toujours à la peinture…! ». L’ouvrage présente la totalité de l’œuvre peinte de Velázquez (soit environ 130 tableaux), intègre d’ultimes découvertes et fait le point exhaustif sur les attributions des œuvres. Un CD de musique baroque est inclus.

livre sur velazquez

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Par Caroline BENZARIA

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