Helmut Newton au Grand Palais

du 24 mars au 17 juin 2012

La toute première rétrospective française sur Helmut Newton (1920-2004) ouvre ses portes le 24 mars 2012 au Grand Palais à Paris. Au menu : beauté, érotisme, humour, violence. Retour sur le parcours d'exception d'un artiste hors normes et entretien avec Jérôme Neutres, conseiller du Président de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, et co-commissaire de l'exposition.

Cette rétrospective-événement met à l'honneur un des plus grands photographes de mode et de nus féminins. Depuis sa mort en 2004, c'est la première fois que l'œ,uvre d'Helmut Newton fait l'objet d'une rétrospective en France, à la fois thématique et chronologique.

C'est son épouse et collaboratrice principale, June Newton, qui a conçu l'exposition retraçant le parcours du photographe australien d'origine allemande. L'indépassable connaissance de l'œ,uvre de son époux rendait pertinente une collaboration avec Jérôme Neutres.

« June Newton, malgré son âge avancé, a une énergie extraordinaire, dirige avec beaucoup d'enthousiasme et d'efficacité la fondation Helmut Newton à Berlin. Elle organise des expositions, fait rayonner l'œuvre d'Helmut Newton. Une sorte d'inspiratrice, de navigatrice de leur couple, disait-elle. C'est une chance exceptionnelle que de pouvoir travailler avec quelqu'un qui connaît intimement l'œuvre d'un artiste aussi important. Ce type de collaboration est unique. Aujourd'hui, la meilleure source sur Newton, c'est June Newton », nous confie Jérôme Neutres.

YSL, French Vogue, Rue Aubriot, Paris 1975 © Helmut Newton Estate

Pour autant, l'axe de l'exposition ne s'annonce pas intimiste, au sens littéral :

« Il s'agit d'une rétrospective, la plus complète possible, dans tout l'exercice académique d'une rétrospective. Ce serait un faux sens que de penser que l'on va voir une exposition intimiste parce que June Newton —,est impliquée », s'empresse-t-il d'ajouter. « Ce n'est pas exclusivement en tant que veuve qu'elle a dirigé l'exposition. Helmut Newton est aussi un peu June Newton. Tout Helmut Newton a été fait avec June. Cette exposition n'est pas Helmut Newton vu par sa femme. »

Connu pour ses travaux publiés par Vogue, édition française, Newton est un des artistes qui a le plus valorisé voire déifié la femme. Le style newtonien (nus, portraits, sexe, humour) a librement conquis le monde entier en offrant une vision nouvelle et unique du corps féminin. Newton a ainsi contribué à une véritable révolution sexuelle :

« Toute sa photographie est un éloge de la femme libérée, donc de la femme contemporaine » poursuit Jérôme Neutres.

Le Grand Palais accueille près de deux cent cinquante images qui racontent l'histoire de l'œ,uvre du photographe : des titres originaux ou vintage (polaroids, tirages de divers formats, œ,uvres monumentales), ponctués de citations du photographe.

Le public pourra voir ou revoir « les grands chefs-d'œ,uvre, les grands jalons d'une œ,uvre, les archives de presse ainsi que le film Helmut By June, réalisé par son épouse » précise Jérôme Neutres et il souligne que « quelques surprises » lui sont réservées.

Sie kommen, French Vogue, Paris 1981 © Helmut Newton Estate

L'univers en évolution de Newton s'inscrit dans une large perspective artistique, autour de thématiques aussi denses que la mode, l'argent, le luxe ou encore le pouvoir.

«J'attends de cette exposition qu'elle révèle certaines facettes de Newton et, pour ne citer qu'un exemple, son incroyable et extraordinaire humour. C'est là tout l'intérêt d'une rétrospective. Le plaisir de pouvoir faire partager à un public - que j'espère nombreux - une meilleure connaissance d'un photographe à la fois extrêmement populaire, mais dont la multiplicité des aspects n'est pas toujours très connue », poursuit Jérôme Neutres.

« Le public féminin devrait particulièrement apprécier cette exposition. Je conclurai par une phrase de Karl Lagerfeld, qui affirmait: «Dans les photographies d'Helmut Newton, il n'y a plus de sexe faible, il n'y a que du sexe fort».

Une expérience qui promet de nous surprendre.

Par Adeline Rajch