CY TWOMBLY : SO CHIC !

Rétrospective CY TWOMBLY au Centre Pompidou. Comment la décrypter sans guide ou audiophone ? Qu’en penser quand on est novice ?

Quelques clefs pour aborder la crème de la crème des artistes du XXième siècle américain à travers 8 œuvres majeures.

Né en 1928 à Lexington, Virgine. Il est mort en Italie en 2011 où il vécut une très grande partie de son existence. Formé dans les plus grandes institutions américaines et par ses voyages, à partir de 1952 il entame un cycle d’expositions personnelles et collectives des plus prestigieuses, jusqu’à aujourd’hui.

L'Histoire et la Philosophie selon Cy Twombly

L’exposition du Centre Pompidou s’articule autour de trois cycles monumentaux : Nine Discourses on Commodus (1963), Fifty Days at Iliam (1978) et Coronation of Sesostris (2000).

Que s’est-il passé entre ses lectures et le tableau de Cy Twombly ?

View of the serie Nine Discourses on Commodus, 1963 Guggenheim Bilbao Museo, Bilbao © Cy Twombly Foundation

La maturation d'un texte par l’artiste + ses gestes = une résolution formelle de nature complexe.

A ce titre, et en rappel, il est intéressant de voir, si vous ne l’avez pas vue déjà, au même étage, au Centre Pompidou l’exposition « Magritte : la Trahison des Images ». Elle évoque combien l’aîné a profondément marqué les peintres américains des années 50, de la génération de Cy Twombly, ses amis, Jaspers Johns ou Raushenberg.

Magritte (1898-1967) le peintre de la pensée au début de sa carrière envisage les tableaux comme des solutions à un « probème » mathématique.

 Achilles Mourning the Death of Patroclus 1962 259 x 302 cm Oil, lead pencil on canvas Collection Centre Pompidou, Paris © Cy Twombly Foundation

La peinture orientale sait depuis les temps anciens créer à partir du vide ses images de paysages. Les sommes de lignes et de couleurs secrétées par Cy Twombly sinuent elles aussi sur des espaces vides, blancs lumineux, qui semblent les générer. Ce défi plastique a  été relevé par les peintres occidentaux au contact de l'orient, fascinés.

Entre écriture et gribouillis (signes graphiques quelconques, maladroits, informes…), Cy Twombly fait naître à l'atelier un tableau.

Un enfant peut le faire, vous direz vous, peut être. Oui! Oui? Non. Non?

The Vengeance of Achilles, 1962 Oil, lead pencil on canvas 300 x 175 cm Kunsthaus Zürich, Zurich © Cy Twombly Foundation, courtesy Kunsthaus Zürich, Zürich

Donc, comment aborder cette dimension hermétique ? Abstraite! 

Il dessine ces expériences de la pensée brute non cultivée qui nous renvoient à l’enfance ou à avant l’écriture?

Il dessine des espaces qui disent que la pensée forme ses nœuds , comme des fils  amalgammés, issus de pelottes de laine.

Peut être, faut-il accepter comme Cy Twombly ces zones encores inconnues, telles qu’en elles mêmes. Lui les rend visible. Lui les indique en formats momunentaux.

Cy Twombly témoigne de leur existence quand la philosophie s’efforce de les verbaliser.

 A une extrêmité, Cy Twombly s’efforce de faire entrer les profanes au cœur de ce qu’il expérimente, comme l’idée née au contact d’un récit.

PhotoCB. Documents exposés dans l'exposition.

A l’autre extrêmité, Cy Twombly a rejoint un point d’écho avec ceux qui le reconnaissent comme un maître, à commencer par Roland Barthes.

Il ne fait pas une explication de texte (l’auteur a voulu dire ceci ou cela).

Tel un sismographe qui enregistre les tremblements de la terre, lui reproduit, les spasmes de sa pensée et de ses ressentis face à son histoire et à la grande histoire.

Les titres des œuvres qui arrivent par cycles, sont la source ou la note en bas de page.

Photo CB.Fifty Days at Iliam Shades of Achilles, Patroclus and Hector, 1978 Part VI : Oil, Oil Pencil, lead pencil on canvas 299,7 x 491,5 cm Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, gift (by exchange) of Samuel S.White 3rd and Vera White, 1989-90-6 © Cy Twombly Foundation, courtesy of Philadelphia Museum of Art, Philadelphie

Fifty Days at Iliam... Ce cycle est le plus spectaculaire de l’exposition.  

Fifty Days at Iliam Shades of Achilles, Patroclus and Hector, 1978 Part VI : Oil, Oil Pencil, lead pencil on canvas 299,7 x 491,5 cm Philadelphia Museum of Art, Philadelphie, gift (by exchange) of Samuel S.White 3rd and Vera White, 1989-90-6 © Cy Twombly Foundation, courtesy of Philadelphia Museum of Art, Philadelphie

Un motif trinitaire de fleur atomise la dramaturgie guerrière qui hante l’artiste, pour mettre en évidence, toute sa complexité et ses ambivalences.

 "Je dis: une fleur! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calice sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets." 

Stéphane Mallarmé un poète longuement médité par Cy Twombly.

Cy Twombly rime avec Gribouillis

Pour Cy Twombly, les sujets sont des épopées, des récits,  une silhouette, des expériences personnelles de vie, du désir charnel, les saisons,... Traduits dans sa propre écriture, il fait advenir une présence visuelle lumineuse, énergique, monumentale tout en donnant la sensation d'un presque rien.

Night Watch, 1966 Oil-based house paint, wax crayon on canvas 190 x 200 cm Private Collection Courtesy Jeffrey Hoffeld Fine Arts, Inc. © Cy Twombly Foundation, courtesy Cheim & Read

Cy Twombly s’attaque à l’INDICIBLE.

Apollo, 1975 Oil pastel and lead pencil on paper 150 x 134 cm Cy Twombly Foundation © Cy Twombly Foundation, courtesy Archives Nicola Del Roscio Cy Twombly évoque la fougue masculine. 

Cy Twombly parle de sa rencontre charnelle avec le féminin.

 Venus, 1975 Oil Pastel, lead pencil and collage on paper 150 x 137 cm Cy Twombly Foundation © Cy Twombly Foundation, courtesy Archives Nicola Del Roscio

Qu’il s’agisse de ses tableaux, de ses photographies ou de ses sculptures, Jonas Storsve, le commissaire, traduit combien l’artiste est lancé dans une aventure intellectuelle qui s’ empare de lui et que certains d’entre vous reconnaîtront comme la leur.

Une peinture qui incarne le flirt incessant entre la pensée rationnelle et irrationelle: une exposition qui s’adresse aux initiés !

A savoir :

A l’occasion de cette rétrospective La Galerie Gagosian située 4 rue de Ponthieu 75008, présente une exposition de peintures et d’œuvres sur papier de Cy Twombly : « Orpheus » du 1 décembre 2016 au 18 février 2017. Ce sont les sonnets du poète Rilke « Sonnets à Orphée » qui sont a l’origine de l’ensemble d’oeuvres présentées.

Au Louvre aller voir Ceiling (début 2010), une œuvre permanente in situ commandée à Cy Twombly dans la Salle des Bronzes.

Informations pratiques : Centre Pompidou 75191 Paris cedex 04 téléphone 00 33 (0)1 44 78 12 33 métro Hôtel de Ville, Rambuteau Horaires Exposition ouverte de 11h à 21h tous les jours, sauf le mardi Le billet unique peut être acheté sur www.centrepompidou.fr et imprimé à domicile.

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