Rufus s'est installé au théâtre du Funambule pour parler de ces Jaillissantes ou femmes fontaine. Sujet délicat abordé avec tendresse et délicatesse.
Comment parler de ce spectacle « Les Jaillissantes » offert par Rufus au théâtre Le Funambule au pied de la butte Montmartre ? La facilité consisterait à parler de Rufus, sa vie son œ,uvre. Mais évidemment ce serait malhonnête. Et nous serions très loin du spectacle. Pouvons-nous parler de spectacle alors que Rufus nous reçoit presque comme dans un salon, dans l'intimité et la chaleur d'une petite salle. Il nous interpelle, attentif aux rires de chacun et de chacune, aux silences, à l'émotion qui parcoure la salle.
Rufus dit se situer dans la prolongation des « Monologues du vagin ». Et pour se faire, il s'appuie sur les témoignages recueillis par le psychosociologue conférencier Jacques Salomé auprès de 300 femmes sur un phénomène innommable, puisqu'il n'a pas de nom, que seule une périphrase poétique appelle « les femmes fontaine ».
Rufus nous parle avec simplicité du phénomène, bien conscient que la plupart de ceux et celles qui sont là le découvrent. Il y a celles à qui ce n'est jamais arrivé et qui se disent « Merde, j'ai raté quelque chose », celles qui, comme Monsieur Jourdain et sa prose, sont fontaine, mais ne le savent pas, et mettent enfin un nom sur une manifestation étrange qu'elles assimilaient à un pipi au lit. Quant on est adulte, ça fait mauvais genre et on fait donc comme s'il ne s'était rien passé. Et puis on peut imaginer qu'une minorité sait de quoi il retourne, mais ne la ramène pas, car dans tout ce maquis judéo-chrétien où nous vivons, on ne sait jamais si tout ça est bien avouable et convenable.
La sexualité féminine est encore un continent obscur, inexploré , pourtant la femme objet de désir et donc de jouissance remplit les murs et les écrans, mais qu'en est-il de la femme sujet, maîtresse de sa propre sexualité, de son désir, de son plaisir ? Peu de mots sont à disposition. Et Rufus, lettres en main, lit, raconte, digresse avec simplicité, gravité et drôlerie. Il dit cette femme africaine du Rwanda, si je ne me trompe, qui parle d'une école où l'on apprend aux jeunes filles comment devenir « fontaine ».
Rien de salace ou de grivois dans ce spectacle. Alors Rufus « Don Quichotte ou Pervers Pépère » ? Non, il parle de ce phénomène avec l'art et la manière. De la retenue, du respect et une infinie tendresse pour les femmes se dégagent de cette heure et demi de spectacle.
-Prix des places : de 21,50 à 11,50 €
-53 rue des Saules - Paris 18e
- Renseignements et réservations
au 01 42 23 88 83 ou sur le site/
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