Sucette ou pas ? Le débat se renouvelle dans chaque famille, pour chaque enfant ou presque. Et chaque génération a son avis. Aujourd'hui le psychanalyste Richard C donne son point de vue. Chaque semaine il traite d'un cas que vous, internaute, lui soumettez. Ecrivez-nous. Les meilleures lettres seront publiées avec la réponse de Richard C.
La venue de Hugo a été un immense bonheur. Je continue à l’allaiter, bien qu’il ait dépassé le cap des deux mois. Jour et nuit. Et puis, en plus des têtées officielles, c’est dire les repas, il adore sucer… mon petit doigt. Il tétouille. Vous voyez, le cordon ombilical n’est pas totalement coupé. . Je n’ai quasiment plus de temps à moi… La nuit on s’endort tous les deux épuisés, lui contre mon sein, moi effondrée dans mon oreiller. Hugo manifeste son mécontentement quand je tente de le coucher seul. Déjà ! Alors j’ai acheté une sucette. Mais je ne l’ai pas encore utilisée. Car j’avoue hésiter. Je m’interroge quand je vois dans la rue des enfants de quatre ans qui se baladent avec une tototte dans la bouche.
Qu’en pensez-vous ? Avez-vous un conseil à me donner et à donner aux jeunes mères qui se posent cette question ?
Marie-Lorette
Richard C répond
La communication actuelle avec votre enfant est essentiellement buccale. La communication par la nourriture va devenir communication verbale. Donc le mode de rencontre s’opère par la.. bouche.
Est-il utile de dire que nous sommes des animus sociaux et que nous n'existons que par et dans le regard, la voix et l'écoute de l'autre ? Pas besoin de faire un dessin : quand on rencontre l'autre, tous les sens sont en éveil. Il nous voit, nous reconnait, nous entend…
Donc pour faire court et efficace, il faut parler à votre enfant, toute la journée ! Que lui dire ? Ce dont vous avez envie et qui fait l’environnement de l’enfant, lui raconter votre quotidien, lui dire que vous avez préparé le repas, papoté avec la voisine... L’important, de lui parler doucement de tout, et contrairement à ce que l'on croit l'enfant entent très bien le sens profond de ce qui est dit : l'amour, l'intérêt que l'on lui porte.
Donc lui donner une sucette c'est refuser la communication et lui dire « débrouille-toi tout seul, nous ne sommes plus là ». Quand, plus tard, ces petits ont grandi et qu'ils refusent de parler aux parents ou à d'autres on s'en étonnera. Moi ce qui m'étonne c'est justement que l'on s'étonne.
Si Hugo "tétouille" c'est qu'il demande à communiquer, et encore et encore. Là;
vous allez devoir vous rendre à l'évidence. Ce petit bout à des demandes de qualité et en quantité vraisemblablement dues au fait qu'il a un cerveau bien fait.
Donc je vous conseille de lui parler pour qu'il s'endorme avec le son de votre voix. Mais c'est lui qui doit dormir le premier. Quant au lit, il vaut mieux que ce soit le sien, mais en lui expliquant le pourquoi de ce choix,
Si toutefois vous craignez l'épuisement, vous pouvez déléguer la communication phonique à quelques pages de musique classique. Dans la journée un fonds de musique choisie qu'il entend en présence de ses référents le rassurera le soir puisque c'est le même son et les mêmes références que celles qu'il entend avec maman ou papa ou la nounou.
Donc, pas de sucette. Certains magazines disent que la sucette avant 3 ans, ce n’est pas grave. Elle n’est pas sans conséquence pour l’avenir. Cette pratique favorise le renferment sur soi puisque que l'on se satisfait de soi-même pour communiquer. Si l'on veut qu'il aille vers l'extérieur il faut que l'extérieur vienne à lui.
Par Richard C.
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