Jamais la Journée Internationale des Droits des Femmes n’a suscité autant d’intérêt et d’actions qu’en 2017. En France mais aussi dans le monde. Alors que faut-il en retenir ?
40e Journée des Droits des femmes : le bilan
Tour d’horizon forcément incomplet des constats ou des mesures prises.
1- Le Serment de Paris
Pour son dernier « 8 mars » en tant que ministre dédiée, Laurence Rossignol a frappé très fort. Elle a organisé au Quai d’Orsay un évènement international de très haute tenue pour défendre les droits des femmes dans le monde. Car comme l’a rappelé le Président de la République François Hollande en conclusion, « si l’on remet en cause les droits des femmes, c’est la société entière qui recule ».
Lucia Aviles, juge espagnole et Fatou Bensouda, procureure générale auprès de la Cour pénale internationale à La Haye
- Que retenir du 8 mars 2017 ? - Toutpourlesfemmes
Avant de prononcer solennellement le Serment de Paris, des personnalités politiques ou militantes venues d’Espagne, de Pologne, d’Inde, des Etats-Unis, de Turquie etc. ont témoigné des menaces et des avancées sur les deux thèmes retenus :
- un droit universel à la santé sexuelle et reproductive
- prévenir, agir et se reconstruire : les défis de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Le droit des femmes à disposer de leur corps
Le constat est cruel et les chiffres souvent terribles. « 35% des femmes dans le monde ont été victimes de violences sexuelles ou physiques », relate Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, rappelant au passage que dans l’Union Européenne, les droits des femmes ne devraient pas être remis en cause puisqu’ils font partie des pré-requis pour intégrer l’Union. Ca va mieux en le disant… Pourtant, l’accès à la contraception et à l’IVG a été menacé en France, en Pologne, en Espagne… D’où l’impérieuse nécessité de réaffirmer et de défendre coûte que coûte le droit des femmes à disposer de leur corps, qui est à la base de toute revendication de progrès vers l’égalité.
Tous les intervenants du Serment de Paris - Que retenir du 8 mars 2017 ? - Toutpourlesfemmes
Tout le monde aurait à y gagner. Yannick Glemarec, du bureau des politiques et des programmes d’ONU-Femmes, a rappelé l’objectif à 2030 d’éliminer toute formes de violences faites aux femmes et aux filles. Un objectif atteignable et aux retombées économiques durables importantes, a –t-il conclu.
Après plusieurs témoignages positifs (condamnation par la Cour pénale Internationale du viol comme arme de guerre ou contre l’impunité des viols collectifs en Inde, par exemple), un appel à la vigilance a été lancé. « Réveillez-vous » a tancé Irene Natividad, la présidente du Global Summit of Women, brandissant la menace réelle du retour des politiques conservatrices et du religieux. Et « imposez des quotas pour l’égalité puisque la méritocratie ne suffit pas ».
L'engagement
« Nous les femmes devons être les artisans du changement, a rappelé Laurence Rossignol juste avant d’énoncer le Serment de Paris dont voici l’engagement.
«…. Face aux régressions, aux fondamentalismes et aux idéologies liberticides, nous faisons le serment de promouvoir la reconnaissance universelle des droits sexuels et reproductifs et de toutes les libertés des filles et des femmes.
Nous faisons le serment de soutenir la lutte contre toutes les formes de violence faites aux filles et aux femmes.
Nous faisons le serment d’encourager et d’accompagner l’émancipation des filles et des femmes.
Rien n’est plus universel que ce combat ».
Le Président de la République François Hollande a conclu le Serment de Paris -
Que retenir du 8 mars 2017 ? - Toutpourlesfemmes
Après une forte incitation à la Communauté Internationale de se mobiliser sur ce combat, le président de la République François Hollande a conclu la demi-journée par le bilan de sa politique plutôt riche en faveur des femmes, tout en reconnaissant qu’en terme d’égalité homme/femme, la France ne se classe qu’au 17e rang mondial. Et « qu’un monde meilleur est un monde où les femmes ont les mêmes droits que les hommes ». Ces travaux se poursuivaient en début de semaine à l’ONU.
2- Les femmes à l’écran
Autre point fort de ce 40e "8 mars", la représentation des femmes en France. Sans aborder le domaine politique où le constat est affligeant, les organismes publics ont poursuivi leur volonté de quantifier la place des femmes dans des sphères représentatives de la société française.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a notamment publié les résultats de son enquête annuelle sur la place des femmes à la radio et à la télévision. Si la tendance est timidement à la hausse, les femmes ne sont toujours que 38% à occuper les antennes. Le taux tombe à 30% quand il s’agit d’expert.es et à 25% aux heures de grande écoute.
Trois experts pour un débat - Que retenir du 8 mars 2017 ? - Toutpourlesfemmes
Au cinéma, le taux est encore plus faible et largement entretenu par les organismes financés par des subventions publiques – la Cinémathèque française en tête-. Ce qui a valu la création Sexisme Sur Ecrans qui revendique la parité progressive mais bien réelle.
Au passage, merci aux lectrices de TPLF qui ont soutenu Cine-Woman. Le site a reçu le prix Internet du Ministère des Droits des femmes pour son engagement en faveur de l’égalité homme/femme. Grâce à vous !
3- Quelques bonnes nouvelles
L’Islande est devenu le premier pays à imposer l’égalité salariale homme/femme. En France, le différentiel reste de 25% en moyenne, et de 10% de fait, incompressible.
La maison Yves Saint Laurent a été sommée de retirer ses affiches de publicité dégradantes.
L'Islande, le premier pays à imposer l'égalité salariale - Que retenir du 8 mars 2017 ? - Toutpourlesfemmes
Les Glorieuses qui avaient lancé le mouvement #7novembre16h34 mettent en ligne le 15 mars un plateforme numérique non partisane : Les femmes ont le pouvoir, dont la vocation est d’informer, de donner des exemples d’initiatives et de pousser les citoyennes à s’engager sur le sujet.
La Grève internationale des Femmes dont le mot d’ordre est « si nos vies ne valent rien, produisez sans nous » a été lancée par la Pologne, puis coordonnée et suivie dans plus d’une cinquantaine de pays. Ce qui est une première !
Mais pour que le 8 mars soit tous les jours de l’année, il reste encore d’efforts à faire, de politiques à convaincre, d’entreprises et d’habitudes à secouer etc. Bref, « réveillez-vous ! ».
© Rafaël Trapet / Picturetank - Shutterstock
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