A l’image d’un ancien ministre las du redressement productif, vous sentez que votre carrière a besoin d’un tournant? Vos tribulations quotidiennes sur internet ne parviennent pas à étancher votre soif infinie de connaissances ? Vous avez déjà dépassé les mille points au solitaire en mode Vegas et ne savez plus à quoi utiliser vos temps morts au bureau ? Des MOOCS à la reprise d’études, tour d’horizon des possibilités qui s’offrent à vous pour développer votre savoir, vos compétences ou tout simplement assouvir votre curiosité.
Reprendre le chemin de l’école
Si les bancs de l’école vous manquent, sachez que l’âge n’est pas un obstacle à la reprise d’études – un large éventail de formations est ouvert aux adultes en reprise d’études. Vous pouvez opter pour la formule cours du soir, certains diplômes étant proposés à mi-temps ; mais il est également possible de suivre un parcours classique, tel un jeune bachelier fraichement émoulu, tout en bénéficiant d’un accompagnement adapté.
A l’université, les modalités d’inscription sont assouplies, notamment grâce à la validation des acquis professionnels et personnels (VAPP), qui permet de faire reconnaître les compétences acquises au cours de son parcours professionnel et ainsi déroger à certaines exigences de diplômes. Par ailleurs, il est possible d’être dispensé de quelques unités d’enseignement si l’on dispose déjà d’un diplôme ou d’une expérience professionnelle attestant de l’acquisition de la compétence visée. Par exemple, si vous travaillez depuis dix ans dans la langue de Shakespeare, on vous épargnera la litanie shake-shook-shaken et les subtilités du prétérit ; ces dispenses permettent de dégager un temps précieux pour vous concentrer sur les matières que vous souhaitez approfondir. Toutes les universités françaises proposent des cursus en formation continue, ainsi que de nombreuses grandes écoles comme Sciences Po, le CELSA, l’Ecole Centrale ou encore l’ESCP… Enfin, pourquoi ne pas en profiter, si vous en avez la possibilité, pour aller étudier à l’étranger : les universités anglo-saxonnes prévoient presque toutes des programmes pour les mature students, avec des critères d’admission spécifiques et un encadrement adapté.
Si vous souhaitez suivre une formation plus courte ou plus professionnalisante, les GRETA proposent une offre variée : CAP, BEP, BTS ou simples modules de formation sont ouverts aux professionnels en activité comme aux personnes sans emploi et aux salariés en quête de reconversion. Déclinés à l’échelle de l’académie, les GRETA proposent chacun un programme propre, en phase avec les besoins de formation identifiés sur le territoire concerné. Devant vous s’ouvre ainsi l’infini des possibles : un BTS informatique à Paris, un CAP tapisserie d’ameublement à Limoges ou encore un certificatu di lingua corsa à Porto-Vecchio, il ne vous reste plus qu’à trouver votre voie.
Une carte des GRETA est consultable sur le site du Ministère de l’Education Nationale.
Le bon compromis de l’université à distance
L’enseignement à distance constitue un compromis intéressant si vous souhaitez reprendre des études sans abandonner votre activité professionnelle ou votre mode de vie actuel. Outre le CNED, que l’on ne présente plus, certaines universités proposent désormais des licences, masters et diplômes universitaires (DU) à distance. Les plannings d’examens sont adaptés et les supports de cours sont dématérialisés, vous permettant de suivre quasiment le même parcours que les étudiants en présentiel en ne vous rendant sur le campus que quelques fois par an.
Une réelle motivation est indispensable pour réussir : la charge de travail est généralement la même que pour un étudiant à plein temps, et si cette charge peut sembler assez légère quand elle est votre seule préoccupation (avec les soirées mousse et le beaujolais nouveau), elle peut devenir très lourde lorsqu’il s’agit de potasser durant trois heures l’ouverture des magistratures sans imperium aux plébéiens au IVe siècle avant JC après une longue journée de travail. Le contraste entre les turpitudes du quotidien au bureau et le plongeon dans une infinité de savoirs nouveaux peut toutefois se révéler un véritable délice: si vous vous voyez déjà à votre bureau étudiant La Tempête à la lueur d’une bougie jusqu’aux petites heures du matin et que cette vision suscite en vous une motivation qui ne relève pas uniquement de l’aspect romantique de la chose, vous êtes prête.
Pour en savoir plus
Rendez-vous sur le site de la Fédération Interuniversitaire de l’Enseignement à Distance qui regroupe la majorité (mais pas l’intégralité) de l’offre de formation : www.fied.fr. Pour les juristes en herbe, le Centre audiovisuel d’études juridiques (CAVEJ) offre également des capacités, licences et masters en droit spécialement adaptés aux étudiants à distance : www.e-cavej.org.
L’avènement des cours en ligne
Les MOOCs, il y en a pour tous les goûts, et personne ne vous jugera si vous étudiez simultanément le droit des affaires, la gestion des rivières et l’histoire du populisme russe au XIXe siècle. Les massive open online courses, rebaptisés MOOCs, sont comme leur nom l’indique massifs, ouverts et en ligne. Massifs et ouverts, car tout le monde peut y participer : aucun pré requis ne vous est demandé, pas besoin d’un doctorat en biochimie pour être autorisé à suivre un cours sur la collision des microparticules en milieu fermé (exemple non contractuel : l’auteur de ces lignes n’a pas la moindre idée de ce qu’est une microparticule, ni de son éventuelle capacité à collisionner dans quelque milieu que ce soit). L’effectif n’est pas limité, la capacité de l’amphithéâtre virtuel étant infinie.
Internet se fait donc outil de démocratisation du savoir et débarrasse en passant les aspirants étudiants des procédures d’inscription et d’évaluation parfois fastidieuses des universités et écoles du monde réel. Deux clics suffisent généralement pour s’inscrire à un cours, et la grande majorité des cours sont totalement gratuits. Certains MOOCS proposent des certificats de suivi, délivrés après une évaluation basée sur un QCM, ou sur une évaluation par les pairs.
Pas de numerus clausus, de sélection à l’entrée ni de frais de scolarité exorbitants : voilà donc pour 99,9% de l’humanité la seule chance de suivre de prestigieux cours d’Harvard ou d’Oxford, ou tout simplement l’opportunité d’apprendre de façon amusante, connectée et interactive.
La plateforme de référence en France reste France Université Numérique, lancée en 2013 par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et proposant des cours d’universités et de grandes écoles françaises. De nombreux autres sites proposent des MOOCS en français : le site MOOCS Francophone propose un annuaire thématique détaillant l’offre existante. Par ailleurs, si vous comprenez l’anglais, de nombreuses plateformes internationales sont à votre disposition, dont notamment edX, qui regroupe entre autres Harvard, Dartmouth et Berkeley, et FutureLearn, qui offre un large choix de cours d’universités britanniques et irlandaises.
Les formules « light »
Si vous souhaitez simplement vous intéresser à un sujet spécifique sans chambouler votre quotidien, il existe des formules demandant un investissement plus mesuré. Ainsi, les universités populaires, présentes aux quatre coins de la France, vous proposent une large gamme de cours, sous forme de conférences et de débats, parfois ponctués de visites de terrain et de mises en pratique.
A Paris, le Collège de France offre des cycles annuels de conférences gratuites et animées par d’éminents spécialistes – conférences filmées et en libre accès sur le site internet de l’institution.
Pour les passionnées d’art, l’Ecole du Louvre offre également des cours du soir et des cycles thématiques, auxquels vous pouvez vous inscrire sur une base annuelle.
Enfin, l’Association Philotechnique, créée en 1848 pour assurer un accès continu des adultes à la formation et au savoir, propose à un prix très réduit une grande diversité de cours : vous pourrez par exemple y étudier les langues étrangères, la littérature et les mathématiques, mais aussi l’herboristerie, la géopolitique ou encore la programmation informatique. L’association est présente à Paris et en petite couronne (par exemple à Boulogne-Billancourt). Tenez-vous prête, les inscriptions sont calées sur le calendrier de l’année scolaire et les places sont limitées.
Si à la lecture de cet article vous vous demandez qui a eu cette idée folle un jour d’arrêter l’école, il est temps de fourrer cahiers et stylos dans votre cartable et de reprendre avec entrain le chemin du savoir. Sans compter que c’est probablement le meilleur prétexte qui soit pour vous acheter un agenda Hello Kitty.
Par M.B.
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