Lettre d'Estelle : Je déteste ma mère
Une histoire dramatique. Estelle n'aime pas sa mère, qui pourtant est là et s'occupe d'elle. Pourquoi ? Quel est le secret qui perturbe sa vie, s'interroge le psychanalyste Richard C. ?
Je vous demande instamment de préserver mon anonymat. Ce que je veux vous dire est très difficile à révéler. Je n'ose pas le confier à qui que ce soit : je n'aime pas ma mère.
Tout ce qu'elle fait m'agace et m'est odieux. Je n'arrive même pas à lui dire trois mots agréables. Ou même dire merci. Je pense qu'elle ne m'aime pas et qu'elle ne m'a jamais aimée. Elle me délaisse de plus en plus. Elle ne se montre pas affectueuse. J'aimerais de sa part plus d'attentions, plus de bisoux, qu'elle me prenne dans ses bras.
Ma sœur a quatre ans de moins que moi et je sais qu'elle est la préférée. Elle est jolie, elle travaille, elle a un mari riche et des enfants. Moi je suis au chômage, je suis tout le temps malade.
Mes mecs m'ont tous quittée. Celui avec lequel j'ai vécu huit ans et que j'ai profondément aimé, s'est marié. Il vit en province. Je le revois une ou deux fois par an, à l'occasion de passages à Paris. Ma mère nous avait aidés à nous installer, à apporter les premiers fonds pour acheter notre appartement. La dernière année de notre vie commune il se plaignait auprès d'elle que je dépensais trop et qu'à cause de moi, son compte était sans arrêt en découvert.
Depuis plusieurs années je ne travaille plus, ma mère m'aide financièrement. Elle paye mon loyer, mes transports. Je n'arrive pas à gérer mon budget. Elle me le reproche sans arrêt. Dès que j'ai de l'argent, j ‘ai un besoin impérieux d'aller le dépenser. J'achète des vêtements, des choses pour mon appartement. A Noël je me suis offert une chaîne hifi. Je sais que j'ai des problèmes avec ma banque. Chaque fois c'est elle qui comble mes déficits. Elle dit en avoir marre, mais elle le fait. Alors qu'elle paye, je m'en fous. Je la déteste.
Estelle
La réponse du psy à Estelle
Bonjour Estelle,
Soyez rassurée je garderai votre anonymat.
Cette simple demande m'aide à comprendre que vous ne vous dévoilez pas et que tout doit rester secret.
En fait, dans votre lettre vous ne dites rien d'autre que ne pas aimer votre maman. Je me pose et par la même occasion, je vous pose la question suivante , connaissez vous votre mère? et elle, vous connait-elle ? Mais encore vous-même, vous connaissez vous.?
Et quid de votre père ?
Dans ce courrier vous ne dites rien de vous. Est-ce de l'oubli, du mensonge, ou de « l'impossible »à dire ?
Vous précisez quand même que tout ce qu'elle fait vous agace et vous est odieux.
On serait tenté de vous dire que c'est elle qui vous a fait, et donc « fait ça » qui reste a définir ou deviner mais que vous n'évoquez pas. C'est elle qui vous a mise au monde, et serait-ce cela qui déjà, vous serait pénible ? Lui devoir la vie ou lui en vouloir de vous avoir donné la vie ?
Vous précisez qu'elle paie toujours pour vous et que vous faites exprès de dépenser pour la faire payer.
Il semble exister un contentieux entre vous, que toutes les deux vous vous nourrissez de ce même contentieux, mais je ne peux rien vous dire de plus compte tenu du peu d'élément que vous fournissez.
Vous dites avoir aimé ce garçon mais vous ne donnez pas les raisons pour lesquelles vous vous êtes quittés, manifestement en bons termes puisque vous vous revoyez.
La encore il y a quelque chose de pas clair dans votre histoire.
J'aurai tendance à croire que vous ne vous aimez pas beaucoup, et c'est là qu'il serait intéressant d'aller chercher. Il doit y avoir dans votre histoire un 'truc caché' qui vous fait vous rejeter vous-même. Par la même occasion vous devez organiser ce fonctionnement avec toute personne qui pourrait se lier à vous, y compris votre sœur.
Il y a deux pistes à envisager pour trouver une façon de vivre plus paisible. L'une serait une démarche thérapeutique personnelle ou familiale.
Mais il ne faut pas non plus négliger une problématique qui pourrait être approchée par un psychiatre.
Il est bien évident que tout ceci reste relativement évasif compte tenu du peu d'éléments donnés.
Je vous rappelle que, pour principe, je n'entretiens pas de correspondance avec les lecteurs.
Richard.C
Par
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