Une entrepreneuse ? Une femme entreprenante.
Caroline Levinger est une pretty woman de 30 ans, jeune maman d'une petite Margot de 13 mois. En 2008, elle fonde Porte-Plume, une maison d'édition qui conçoit et réalise des livres sur-mesure à tirage limité. Des biographies de particuliers, des livres d'entreprise, des carnets de voyages ou de recettes... tout, avec elle devient un récit qui vous raconte. Avant d'être une femme d'affaires, Caroline Levinger est une femme de cœur et de mémoire.
La future directrice grandit à Roanne, près de Lyon. Après deux années préparatoires en Khâgne et Hypokhâgne à Lyon, elle débarque à Paris pour suivre des études à l'ESSEC. Elle ne se sent pas l'âme commerciale mais a l'envie confuse de « faire un truc littéraire », au moins de travailler dans l'édition.
Un premier stage l'emmène chez Hachette Livre, au département marketing, école de commerce oblige. Le genre lui plait. Ambitieuse et bûcheuse, elle désire la meilleure formation en la matière. Elle suit, au sein de son école, les enseignements de la chaire LVMH en marketing de luxe.
Elle entre en apprentissage chez Unilever, (géant des produits d'entretien, alimentaires, bien-être) où elle prend en charge le marketing du nouveau concept du thé Lipton, le sachet-pyramide. « De la boîte au texte, j'ai tout créé, j'en suis très fière. »
Embauchée chez Danone, elle y reste quatre ans en grimpant allègrement les échelons en jeune femme efficace et rigoureuse. « J'adorais mon métier.' Mais malgré sa réussite rapide qui lui promet un avenir brillant, Caroline, jeune mariée, n'est pas complètement heureuse. Il lui manque un certain investissement intellectuel, une philosophie de la vie. « J'avais envie de la même chose pour un objet qui ait du sens pour moi. »
Le saut dans l'édition : la création de Porte-Plume
Caroline n'a pas oublié son envie d'édition, de son goût pour le livre en tant que tel. Par l'intermédiaire de son mari, elle rencontre trois personnes qui élaborent un projet commun autour de l'idée d'apporter aide, correction et soutien aux écrivains en herbe par des fiches de lecture, avant proposition aux éditeurs de leur ouvrage.
Caroline, peu séduite par ce type de société, fait part de son concept qui lui trotte dans la tête depuis un certain temps : aider les gens à écrire l'ouvrage de l'histoire de leur vie. Cette idée lui est venue avec l'envie de réaliser des livres de famille. D'ailleurs, elle crée un ouvrage pour sa mère et sa grand-mère, qui se racontent à travers des recettes de cuisine.
Margot, sa fille va naître. Caroline, qui crée un livre pour son futur enfant sur sa venue et ses premiers pas, réfléchit à sa vie future de maman et de cadre » « Je n'ai pas suffisamment la fibre entrepreneuriale, je ne me serais jamais lancée toute seule, ni sans le soutien de mon mari.»
Son époux, géronto-psychiatre, (il s'occupe donc de personnes âgées) la soutient dans son choix d'abandonner une carrière lucrative mais sans âme, pour se lancer dans une entreprise aléatoire avec le sentiment d'aider les autres. « Il était important pour lui que je m'épanouisse complètement, à ses côtés ».
« J'avais une idée très précise de ce que je voulais faire. Ce n'est pas de faire du business qui me porte mais ce qui me plait vraiment, est d'aider les gens, à faire leur livre, de démocratiser l'édition pour tous. Porte-plume voit le jour avec deux marraines et deux parrains en 2008.
Porte-Plume : votre histoire sur-mesure
Porte-plume donne la possibilité de choisir l'ouvrage sur-mesure qui renfermera l'histoire de votre vie. De la couverture, aux photos, des entretiens avec un journaliste ou sur la base de votre propre texte, de l'intervention d'un graphiste à vos propres souhaits de mise en page.
En général, trois entretiens de trois heures permettent à l'auteur de rédiger ensuite le récit. Puis interviennent le graphiste et l'imprimeur après que le texte ait été relu par celui qui s'est confié.
Cette démarche originale plaît beaucoup aux personnes âgées qui ont envie de raconter l'histoire de leur vie, qu'elle soit exceptionnelle ou normale ainsi qu'aux enfants ou petits-enfants qui offrent en cadeau à leurs aïeuls cette façon de se raconter et de laisser une trace et des souvenirs. Une manière d'entretenir la mémoire familiale.
« J'ai toujours eu cette idée de mémoire en moi, cette idée de transmission». Peut-être à cause de ses grands-pères, l'un d'Algérie, l'autre de Pologne, qui ont vécu des époques difficiles ou tragiques. « Je pense qu'il est important de connaitre ses origines, de transmettre pour pouvoir vivre sereinement. D'ailleurs souvent, les personnes ont du plaisir à se confier dans les entretiens. »
Caroline est attachée au fait de réaliser des livres pour des gens. « Une dame n'avait rien vécu d'extraordinaire, mais elle aimait tellement passionnément son mari et ses enfants, que c'était magnifique à lire. » Un autre témoigne sur la Shoah, une autre encore sur sa maladie,... il y a même eu un ouvrage sur un cheval de course !
Une activité éthiquement satisfaisante et libre
Pour elle, son activité est « éthiquement satisfaisante ». Depuis quelques mois, la société a développé des carnets de voyages ou de recettes à l'occasion d'un mariage ou d'un anniversaire, des livres d'art avec des œ,uvres privées, des livres pour enfants avec illustrations et textes personnalisés, des livres sur des sociétés remis aux employés.
Une usine fermait, tous les collaborateurs étaient reclassés mais il y avait beaucoup d'émotion car pour certains, leurs pères avaient travaillé là. Le directeur a offert le livre de l'histoire de l'usine à tous. « Les salariés avaient les larmes aux yeux. »
Aujourd'hui, la direction de la société est devenue exclusivement féminine. Aux côtés de Caroline qui supervise le texte et la gestion, Anne Berest, éditrice et romancière, (La fille de son père, un premier roman remarqué) agit plus en qualité de directrice artistique.
Il lui manque peut-être le côté « management » de son ancienne carrière. « J'adorais manager des gens. Mais dans cette petite boîte, il n'y a pas de niveau hiérarchique, je travaille avec des gens différents, photographes, graphistes. Je marche à l'affect, car il est important de travailler avec des gens avec qui je m'entends bien. »
Même si quelquefois, elle aimerait bien «avoir des conseils d'un patron », elle ne regrette pas son choix d'être son propre chef. Elle peut ainsi profiter de sa liberté pour finir plus tôt, prendre l'après-midi, aller chercher, sa fille et se balader toutes les deux. « Je ne reviendrais pas en arrière. C'est important dans ma vie de femme et de maman. »
Par-dessus tout, elle aime le livre, l'objet et le contact humain, « le bien qu'on fait aux gens. J'aime choisir les reliures, le papier. J'aime travailler avec des artisans, des relieurs, qui cousent à la main, des graveurs qui adorent ça. »
Rencontrer les gens est une vraie envie, un vrai plaisir. « Je pense que chaque personne a un livre en lui, et que je peux l'aider à le faire en vrai. »
Par
biographies, carnets de recettes, de voyages, d'art... d'entreprise.
http://www.porteplume.fr/
06 43 39 57 69 caroline.levinger@porteplume.fr
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