Yves Saint Laurent vient de quitter la scène du monde. Lui qui a fait de la mode un art véritable et jeté les bases d'un art de vivre au XXe siècle, écrivait : «Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime». Retour sur le parcours d'un homme d'exception.
«Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime. Mais pour celles qui n'ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là', ajoutait celui qui fut l'un de plus grands couturiers du 20e siècle, mort le 1er juin dernier.
Yves Saint Laurent n'aimait pas les femmes mais la femme. Il la voulait libre en tailleur pantalon, mais élégante dans une coupe parfaite, avec une blouse en soie blanche et... des talons aiguilles.
Ce fut une révolution dans les années 1960. Evoquant l'ouragan de la mode d'une époque où le jean importé des USA était encore une denrée rare, Françoise Giroud dira à son propos : « un seul homme a eu l'intuition fulgurante de ce qu'il fallait faire : introduire le pantalon dans la garde-robe des femmes. » A sa manière, il a accompagné la libération et l'émancipation de la femme.
Il accompagna la libération des femmes
Les jeunes filles d'aujourd'hui savent-elle que le sarouel qu'elle porteront cet été, c'est lui ? La ligne trapèze qui fait son grand retour aussi. La saharienne et le trench qui n'ont jamais été aussi présents dans nos garde-robes, également. Tout comme le tailleur pantalon noir des premiers rendez-vous professionnels. La marinière, le pantalon cigarette, le blazer, la parka, le blouson de cuir et les cuissardes, itou. Ou encore : la blouse à fronces et l'imprimé panthère.
Catherine Deneuve pour qui il dessina, en 1962, son premier smoking fut la muse du jeune pied noir né en Algérie en 1936 et « monté » à Paris son carnet de dessins en poche. Il créa pour elle la robe rouge devenue célèbre qu'elle portait dans le film « Belle de jour » de Louis Bunuel.
Il créa d'abord pour Christian Dior puis pour sa propre maison qu'il lance en 1962. En 1971, il fait scandale en posant nu sur les publicités de son parfum Homme. Nouveau scandale en 1977 lorsqu'il lance Opium, un immense succès de parfumerie.
Un amateur d'art passionné
Premier couturier célébré de son vivant par un musée (le Metropolitan Museum de New York), Yves Saint Laurent est un amateur d'art passionné et éclairé. Nombre de ses modèles historiques sont des hommages aux artistes : Van Gogh, Matisse, Picasso, Braque, Mondrian, Andy Warhol. Il dessine décors et costumes pour l'opéra et le théâtre. Pour Marguerite Duras, Jean Cocteau, Roland Petit.
Le 7 janvier 2002, à la veille du quarantième anniversaire de sa maison de couture, Yves Saint Laurent, annonce, dans l'émotion générale, qu'il quitte la scène et ferme son activité de haute couture sur mesure. La maison qui porte son nom appartient désormais au groupe Pinault. Comme Balenciaga, il choisit de partir de son vivant sans attendre que son nom ne soit plus qu'une « marque » parmi d'autres. Et il réussit sa sortie. Son dernier défilé, le 22 janvier 2002, marquera la fin d'une certaine haute couture française et l'arrivée du marketing dans la mode.
'J'ai voulu servir les femmes'
Son discours d'adieu, le 7 janvier, est celui du bilan. Extraits.
« Je me dis que j'ai créé la garde-robe de la femme contemporaine, que j'ai participé à la transformation de mon époque. On me pardonnera d'en tirer vanité, mais j'ai, depuis longtemps maintenant, cru que la mode n'était pas seulement faite pour embellir les femmes, mais aussi pour les rassurer, leur donner confiance, leur permettre de s'assumer. »
« Je me suis toujours élevé contre les fantasmes de certains qui satisfont leur ego à travers la mode. J'ai, au contraire, voulu me mettre au service des femmes. C'est-à-dire les servir. Servir leur corps, leurs gestes, leurs attitudes, leur vie. J'ai voulu les accompagner dans ce grand mouvement de libération que connut le siècle dernier... »
« Je veux remercier les femmes qui ont porté mes vêtements, les célèbres et les inconnues, qui m'ont été fidèles et qui m'ont causé tant de joie...J'ai toujours placé au-dessus de tout le respect de ce métier qui n'est pas tout à fait un art mais qui a besoin d'un artiste pour exister... »
Yves Saint Laurent fera-t-il partie des grands noms du patrimoine français, comme Chanel ou Dior, qui ont survécu à leur créateur ? Souhaitons-le. Pour l'heure, la griffe qui porte son nom après avoir plusieurs fois changé de mains et connu des difficultés, a été est coupée en deux. La mode appartient au groupe PPR (Gucci Group) sous la direction artistique de l'Italien Stefano Pilati et l'activité parfums et produits de beauté vient d'entrer dans le giron du groupe l'Oréal.
L'hommage du Sidaction : un message de fraternité
Parmi les nombreux hommages qui lui ont été rendu après sa mort le 1er juin 2008, retenons celui du Sidaction : « Sidaction rend hommage à l'un de ceux qui a fait entendre une voix discordante, nous a invités à accepter la différence, et nous aide à porter un message de fraternité » Si le travail d'Yves Saint-Laurent est indissociable des mouvements de libération de la femme « il a aussi grandement contribué à l'évolution de
notre société, par son travail et par sa vie même. Le couple qu'il formait avec Pierre Bergé, président de Sidaction, n'est pas étranger à l'évolution des mentalités qui permet que l'homosexualité soit aujourd'hui mieux acceptée dans notre pays », ajoute l'association.
Monsieur Saint Laurent, fut un grand couturier et un grand artiste, mais l'homme qui se disait fragile, qui avouait être passé par « bien des angoisses et bien des enfers », fut aussi un grand bonhomme. Adieu l'artiste !
Les 5000 créations du maître et 15 000 dessins sont visibles lors d'expositions organisées par la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, 1, rue Léonce Reynaud, Paris 16e
Ce que le vestiaire féminin doit à Yves Saint Laurent
- le tailleur pantalon,
- la saharienne,
- le trench coat
- le blazer,
- la marinière,
- la parka,
- le blouson en cuir,
- le sarouel
- les cuissardes,
- l'imprimé panthère
- la blouse à fronces
- la ligne trapèze
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