Vue sur la mère

'Vue sur la mère' de Julien Almendros. L'étouffoir

'Vue sur la mère' est dans la tradition du réglement de comptes entre un fils et sa mère.



« Tout ceci n'est qu'un roman ». C'est le premier avertissement du livre. On ne peut que le souhaiter. «Vue sur mère» est un règlement de comptes entre le narrateur nommé Julien et sa mère.

Chaque mère est unique. Certes, mais avec des traits de caractères très variés : drôle, ridicule, percutante, kleptomane...Dans le cas de Julien, sa mère pourrait être comparée à un reptile qui étouffe sa proie.


Dévoreuse, ambitieuse par procuration, intrusive, exclusive, hyper-protectrice, victime, rien ne lui échappe. Et surtout pas son fils qui vit dans ce huis clos redoutablement surveillé. Julien tente de vaines échappatoires. Il décide de prendre de la distance. Le moyen ? Faire ses études à Strasbourg. Mais la distance n'est rien pour une mère inquiète... qui, plus est, si des demoiselles commencent à tourner autour de son fiston.

« Connasse ». Il faudra alors ce mot définitif, sans retour possible, pour que Julien puisse enfin couper ce cordon qui l'étrangle depuis la naissance. Il a fait, grâce à ce mot, de sa mère une femme, une simple femme à qui l'on n'a plus rien à dire.

Un premier roman drôle et émouvant écrit dans une langue mordante

Extrait :
'-Elle prenait son rôle très à cœ,ur. Prévoir, anticiper, savoir ce que l'on pourrait faire. Organiser, planifier, savoir comment il faudrait faire. Maîtriser, décider, savoir ce que les autres devraient faire. Quelqu'un devait se charger de ces tâches ingrates. Elle s'était dévouée. Et nous finirions bien par en mesurer les bénéfices. Un jour, nous la remercierons.

Tenir une maison, gérer le budget, élever deux enfants et un chien, c'est un travail à temps plein. Ma mère ne travaillait pas. Elle nous consacrait tout son temps. Elle y mettait tant d'application, tant de science, elle se donnait tant qu'elle n'avait plus un instant pour elle. Et c'était bien là notre plus grande contrariété : elle était toujours là, nous y étions aussi.'

Vue sur la mère
-de Julien Almendros
-éd. Le dillétante
-14€


Lire aussi :

--le mythe de la mère piétiné

-- La maison ne fait plus crédit, Jean-Yves Cendrey, éd. L'Olivier 16€

--Passage de la mère morte, Jean-Claude Perrier, éd. Stock, 14€

--La mère de ma mère, Karine Reysset, éd. L'olivier 18€

--Courir avec des ciseaux, Augusten Burroughs, éd. 110/18 8,50€

--Pardon mère, Jacques Chessex, éd. Grasset, 17,50€

--Ce qui me manque, de Avril Ventura, éd. Seuil, 17,50€

Par Laure Menanteau
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