Veolia Transport : Michèle Cyna, directeur

Une grande dame dans les transports et les travaux publics

Directeur délégué à l'international pour Veolia Transport, Michèle Cyna est l'exemple de ces super women qui ont concilié une vie de famille et de hautes responsabilités professionnelles. Un parcours réalisé de surcroît dans les milieux si peu féminisés des travaux publics et des transports.


Michèle Cyna, directeur délégué à l'international de Veolia Transport

Michèle Cyna, est aujourd'hui directeur délégué à l'international pour Veolia Transport.
Elle coordonne les grands projets qui mobilisent des effectifs importants et de nombreuses compétences, les appels d'offres internationaux majeurs, des partenariats publics privés dans le domaine des trains, des tgv comme des tramways. Elle court de Madrid à Birmingham, puis aux Etats-Unis où elle passe en moyenne une semaine par mois.

Et pourtant elle dit d'elle « Mon parcours professionnel est banal...pour un homme, ingénieur du corps des Ponts et Chaussée ». Modestie teintée d'humour. Michèle Cyna aime manier le paradoxe. Derrière le naturel et la simplicité de ses propos se trouve une femme qui a endossé les plus hautes responsabilités opérationnelles et fonctionnelles dans l'univers si masculin des travaux publics, de la construction et des transports.
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« En même temps j'ai fait trois enfants et je les ai éduqués. Mes collègues masculins n'ont pas la même implication dans l'éducation des enfants. Je me suis occupée de ma maison, rempli le frigo. En 25 ans mon mari, médecin et chercheur, n'a fait que deux fois le marché. Et encore, avec une liste ! »

Cette forte en maths fait partie des toutes premières promotions féminines de l'Ecole Polytechnique. «Nous étions 20 femmes sur 300 élèves» se souvient Michèle Cyna.. Sortie 11e de sa promo, elle intègre le corps de Ponts et Chaussée et parachève sa formation au mondialement célèbre MIT (Massachusset Institut of Technologie) à Boston. De ce cursus elle garde le goût du terrain et de l'international, passions qu'elle mariera à travers trente années de vie professionnelle. « L'acte de construire m'a toujours fascinée » commente-t'elle.

Son milieu, c'est d'abord celui des travaux publics. « Madame l'ingénieur » est encore l'une des toutes premières femmes à travailler sur les chantiers routiers en DDE (direction départementale de l'équipement). On la scrute, on l'attend au tournant. Elle raconte : « un vendredi soir, veille d'un grand week-end je suis appelée en urgence. Une manifestation d'agriculteurs avec force tracteurs bloque l'évolution d'un chantier. » Michèle Cyna est chargée de la négociation. Elle va la mener à bien. Les tracteurs lèvent le barrage. Plus tard, au moment de quitter ses fonctions, l'un de ses collaborateurs se rappelant l'évènement lui confiera au cours d'un déjeuner : « A mes p'tits gars j'ai dit : Mme Cyna, c'est un vrai mec ! »

Veolia Transport : Michèle Cyna


Vrai mec ? Certes non. Michèle Cyna, avec ses équipes procède autrement, à sa façon.. Si « le milieu des travaux publics fonctionne de façon hiérarchique », l'ordre circule de haut en bas, Michèle Cyna aime écouter. « Je ne me sens pas investie de savoir intrinsèques. Toutes les décisions importantes sont précédées par une phase d'écoute. Je n'ai jamais fait semblant de savoir ce que je ne savais pas. Même si vous êtes un chef qui ne sait pas tout, les gens vont vous respecter. »

« Depuis mon premier poste, j'ai constaté à quel point les gens aiment parler de leur métier. Ils se sentent aussi valorisés ».

Dans les années 1990, elle pilote le chantier gigantesque des infrastructures d'Eurodisney à l'est de Paris. Pour l'Etablissement public d'aménagement de Marne la Vallée, elle supervise l'installation de tous les réseaux de routes, transports, gaz, électricité, téléphone. « Sur les chantiers» se rappelle t'elle, «je ne passais pas inaperçue : femme, de surcroît« très enceinte -, j'attendais mon troisième enfant - et patron devant lequel les chefs de chantier se précipitaient avec des courbettes, la scène était inhabituelle». Michèle Cyna suscitait pour le moins la curiosité.

Dans les bureaux elle a à gérer non seulement la complexité technique des aménagements, mais aussi la divergence des positions des multiples partenaires, laquelle s'insinuait dans tous les détails. « Un exemple ? La forme des candélabres, une vraie pomme de discorde. Disney avait un avis. Les collectivités locales en avaient un autre. J'aurais pu trancher, puisque je disposais d'une voix prépondérante. J'ai pris le problème autrement. Chaque élément, du socle à la lanterne, a fait l'objet d'un dessin par l'architecte et était soumis à l'approbation des parties prenantes. A la fin la forme des candélabres était définie et approuvée par tous ! Et pour tout dire, elle était très proche d'un des projets initiaux»

A Washington, Michèle Cyna entre à la Banque mondiale. Avec mari et enfants elle va y passer deux ans. Première femme à s'occuper des transports, elle garde de ce séjour américain de plaisants souvenirs. Sur le plan professionnel, où par exemple elle a suivi toute la réhabilitation du transport urbain de Budapest. Elle également adoré faire du conseil stratégique. Sur le plan personnel aussi « je rentrai tôt à la maison, comme cela se passe aux Etats-Unis. Ce qui me laissait du temps pour ma famille »

Dans une filiale du groupe Vinci, où elle reste huit années, elle chapeaute les réseaux techniques dans le monde (400 personnes), pilote une équipe d'experts, dirige un centre de recherches routières, spécialisé dans les bitumes. Première femme à accéder à la présidence de la section des fabricants d'émulsions routières de bitumes, membre du bureau de Route de France, elle coordonne la sortie d'un livre sur les émulsions routières de bitume. De cet ouvrage, elle dit en être très fière même si elle reconnait en souriant, « qu'il n'avait pas vocation à être un succès de librairie »

Elle qui a créé l'association « Ponts au féminin » pour aider les jeunes femmes ingénieurs, se plait à décrypter son métier. « On croit l'ingénieur confiné dans le calcul. Ce que j'aime c'est la relation et je l'ai trouvée dans mon métier ! Pour faire avancer un projet, en général très complexe dans le transport, la construction, le génie civil, il faut autre chose que du calcul. La vraie dimension est celle de l'humain. »

Par Elsa Menanteau
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