Un Homme trop Facile: Eric-Emmanuel Schmitt s’attaque au misanthrope

Le dernier opus de l'écrivain et dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt se passe au théâtre...une façon d'aborder de front le misanthrope en faisant apparaitre à son interprète, le vrai Alceste, sûr de son point de vue...mais jusqu'à quand?




Dommage que le titre de la pièce à l'affiche de la Gaîté Montparnasse « Un homme trop facile » , ne donne pas une juste image du sujet : un comédien reconnu et plein de succès, (Roland Giraud), le soir de la première du Misanthrope , rencontre Alceste, le personnage, en chair et en os (Jérôme Anger) tout droit sorti des miroirs de la loge...ils vont échanger sur la philosophie d'Alceste et l'opinion de ce dernier qui croit dur comme fer que le comédien ne pourra l'interpréter puisqu'il est un homme trop gentil qui aime tout le monde et que tout le monde aime.


Une joute verbale séduisante

L'affrontement se poursuit tout au long de la pièce, entrecoupé par l'intrusion de l'auteur imbu de lui-même fier de ne pas avoir de succès (on sent qu'Eric-Emmanuel Schmitt règle ses comptes avec le milieu intello), la comédienne qui joue Célimène (Julie Debazac, froufroutante à souhaits) qui ne cherche qu'à séduire et l'habilleuse plus vraie que nature, fort inquiète pour son comédien fétiche ainsi que la fille prodigue.

C'est avec délice qu'on suit les joutes verbales des deux personnages, Alceste (le vrai) s'exprimant en alexandrins. Normal.


Trop?

J'ai trouvé cette pièce intelligente, ce qui ne veut pas dire ennuyeuse. Au contraire, la pièce est truffée de bonnes phrases et de répliques savoureuses. Il y en a d'ailleurs tellement qu'on doit en rater quelques unes, c'est bien dommage. Y-aurait-il trop de mots? Je ne crois pas. Peut-être y-a-t-il trop de situations, d'histoires périphériques aux deux Alceste.

Outre l'intrigue centrale, il y a aussi le milieu des comédiens, avec la comédienne volage et allumeuse, l'habilleuse inquiète et amoureuse et les rapports père-fille et un vague suspense policier. Cela fait peut-être beaucoup pour une seule pièce.

On passe une belle soirée en compagnie de comédiens excellents. Ce qui n'exclut pas en sortant de se poser la question de savoir si l'on est prêt à vivre la vie même au prix de quelques compromis qui ne seraient pas des compromissions.

Par Veronique Guichard

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