Toques et Toqués

Première édition

Sous une pluie battante, place du Marché aux Fleurs à Montpellier, se célébrait, le samedi 8 juin 2013, la première édition de Toques et Toqués. Mariage pluvieux, mariage heureux dit le dicton.


Les neufs Chefs : de gauche à droite les frères Pourcel, Patrick Guiltat, Romain Salamone, Matthieu de Lauzun, Eric Cellier, Charles Fontes, Jacques Mazerand, Pierre-Olivier Prouhèze, Frédéric Husser


Montpellier, contrairement à ses voisines et bien que métropole du Languedoc, n'a aucune spécialité culinaire. Ceci s'explique sans doute historiquement. Dans cette ville au cosmopolitisme culturel, en expansion constante, où les étudiants représentent presque 20 % de la population, chacun arrive avec son bagage social et culturel. Il n'y a pas le temps pour que naisse une spécialité. De ce manque, Montpellier a su faire un atout. Régnant sans partage au cœ,ur d'une région riche en viandes, la Lozère et l'Aveyron sont à une portée de lance-pierre, en poissons, la mer est à 10 Km, en fromages, les Cévennes ou le village de Roquefort sont à une heure de route, en vignes, fruits et légumes, la plaine autour de Montpellier est riche, une huerta française, forte de ces qualités, elle a su fidéliser des talents culinaires de haut vol qui se sont enracinés dans la ville et ses alentours. Neuf chefs, dont trois étoilés, se sont regroupés en une association Cl'Hub Chefs d'Oc , à l'instar de Nîmes, Béziers ou Perpignan.

L'union faisant la force, ces chefs ont décidé de s'installer dans la rue pour inciter les Montpelliérains à connaître et à déguster de la grande cuisine. Première édition de Toques et Toqués . Cette manifestation, à peine dérangée par l'orage, a permis au plus grand nombre de déguster des tapas en échange d'un ticket acheté 2 €, tapas créées et servies par les chefs eux-même. Les neuf méritent odes et poèmes en hommage à leur créativité et à leur création. Romain Salamone, le petit jeune de la manifestation, proposait une fleur de courgette farcie d'une mousse de pélardon , l'œ,uf mimosa, revu et corrigé par Pierre-Olivier Prouhèze, est une source d'inspiration pour la modeste cuisinière que j'essaye d'être. Un satisfecit à Eric Cellier de la Maison de la Lozère et à son émulsion de tome de chèvre, un compliment ému à la poitrine de bœ,uf confite et glacée au Banyuls des frères Pourcel , miracle d'équilibre, de finesse et de goût, c'est le tartare de poissons de roche de Méditerranée réalisé par Charles Fontès de la réserve Rimbaud  , c'est la fête aux papilles.

Mousse légère de Haddock et crème de petits pois au gingembre, herbes et fleurs champêtres. De Matthieu de Lauzun, restaurant de Lauzun.


Que dire des desserts proposés, la verrine de framboise de Patrick Guiltat ou l'Onctueuse crème chocolat blanc de Jacques Mazerand, qui sont autant d'appels à une gourmandise coupable.

La foule, en imperméable et armée de parapluie, se bouscule, s'extasie. Elle exprime une joie enfantine à l'idée de déguster enfin d'authentiques créations culinaires. La plupart ne sont jamais allés au Jardin des Sens, à la Réserve Rimbaud, à la Maison de la Lozère, chez Prouhèze, chez de Lauzun, tous ces noms sonnant tel un poème. Cette manifestation a rencontré son public.

Sans rien abdiquer de la qualité des produits et du savoir-faire, les producteurs et vignerons étaient associés, ce premier Toques et Toqués était une première tentative de désacralisation, démocratisation d'un art éphémère en perpétuel mouvement.
Longue vie à cette manifestation et rendez-vous l'année prochaine sous un ciel qu'on peut espérer plus clément.

A noter que tous ces chefs ont un menu très abordable et d'une grande qualité / inventivité.

Par Marie Catherine Chevrier
Portrait de admin

Ajouter un commentaire